Il fallait bien que les iris suivent le mouvement. Les premières fleurs viennent d’éclore. Qu’on se le dise chez les butineurs.
Et voilà sans doute les fleurs les plus sensuelles de ce début mars. Comme brusquement et prématurément réveillés, les longs tépales bleu-violacé des iris ont encore un petit air chiffonné.
Ils ne s’en préparent pas moins à accueillir abeilles et bourdons. Légèrement alangui sous le soleil, l’un d’entre eux semble fin prêt. Il expose déjà sans ambages le réseau de veines blanches qui pointe vers l’entrée du calice. L’invitation n’est pas assez claire ? Rehaussée de jaune, une fine ligne de barbe blanche balise donc le chemin.
Intimité garantie ! Un petit tépale sommital mettra ainsi la pollinisation à l’abri des regards sous son léger auvent… Pourtant, dans les étages du dessous, les longs boutons hésitent. Est-ce vraiment l’heure ? L’hiver n’est peut-être pas terminé. Prudents, ils semblent temporiser, sagement enveloppés dans leur mousseline de soie mauve.