Une fructification lilliputienne anime, sans crier gare, les plaques de mousse du jardin, au sol, sur les cailloux et le tronc des arbres.
Une pierre dans un coin du jardin. Parmi celles dont la Grive musicienne se sert comme enclume, durant la belle saison, pour décortiquer ses Petits-gris. Les petits coussins de mousse qui s’y agrippent, racornis tout l’été, sont à nouveau gorgés d’eau. C’est la commune Barbule des murs. Hérissée de longs fils de soie jaune-orangé et de petites capsules cylindriques brunes, elle libérera bientôt ses spores.
Au pied des peupliers aussi, il est temps de préparer la relève. L’Hypne cyprès y forme d’épaisses chausses où les oiseaux en quête d’insectes aiment venir fouiller. D’un rouge-brique bien soutenu, fils et capsules tranchent sur le vert changeant des longs brins de mousse. Qui a dit que le jardin ne fructifiait pas en hiver ?