Mi avril 2024. Comme chaque printemps, l’église Sainte-Catherine de Magné accueille quelques nids d’andrènes agiles. Ici, les pattes arrière chargées de pollen jaune, une femelle approvisionne son couvain au creux du mortier séculaire.
L’Andrène agile investit ordinairement talus ou vieux murs pour aménager son nid. Alors, pourquoi pas l’église Sainte-Catherine de Magné ?
Des dizaines d’abeilles solitaires réunies en une petite congrégation : les nids des « colocataires de sainte Catherine » ne sont pas loin les uns des autres certes. Mais en toute indépendance.
Au jardin, on la voit depuis quelques temps sur la Moutarde blanche et sur les pommiers en fleurs. Et voilà déjà la période de nidification pour l’Andrène agile (Andrena agilissima) dont les femelles, hyper actives, creusent et aménagent les galeries souterraines où elles vont bientôt pondre.
Pour cela, elles apprécient ordinairement les parois verticales. Un talus au pied d’une haie par exemple fait très bien l’affaire. Ou les murs d’une vieille grange. Mais là, en toute simplicité, elles ont jeté leur dévolu sur le mur nord de l’église Sainte-Catherine de Magné (Deux-Sèvres) !
Les joints de mortier séculaire se prêtent il est vrai merveilleusement aux excavations. Elles sont ainsi plusieurs dizaines à s’affairer. Cela dit, la promiscuité à ses limites. Car l’Andrène agile reste une abeille solitaire. Ensemble, elles vont constituer une petite « bourgade ». Soit. Pour autant, à chacune son couvain !
Accessible depuis le parement du mur nord, chaque « terrier » desservira une véritable nurserie organisée en une dizaine de cellules. Avec un oeuf et son « garde-manger » par cellule. Sitôt l’éclosion, chaque petite larve trouvera son casse-croute : une belle boulette de pollen mêlé de nectar. De quoi préparer la nymphose puis la longue attente avant l’émergence. Au printemps prochain. Sous la protection de sainte Catherine !
Une dominante noire aux reflets bleutés : l’Andrène agile présente des mèches blanches sur la face, les flancs arrière de l’abdomen et le pourtour du thorax. Les brosses de collecte des femelles, sur les pattes arrière, sont également blanches.
L’installation des colocataires
Avant de pondre puis de collecter pollen et nectar pour approvisionner le nid, l’Andrène argile doit se faire terrassière. À coups de pattes et de mandibules… On ne voit là que des femelles : les mâles, passé l’accouplement, ont disparu de la circulation !
Il n’y a qu’une seule génération par an chez l’Andrène agile. L’actuelle disparaîtra en juillet. Et la suivante patientera jusqu’en avril prochain, bien à l’abri dans le mortier de l’église Sainte-Catherine !
Les allées et venues des « colocataires » du mur nord de l’église de Magné ont pu inquiéter quelques passants. Surtout lors de l’aménagement. Mais non, il ne s’agit pas d’un essaim. À proprement parler, les andrènes ne sont d’ailleurs pas grégaires. Si elles peuvent partager un même site de nidification, parfois le même « vestibule », les nids y sont totalement indépendants. Elles n’ont pas de reine ni de nid collectif à défendre collectivement. Bref, elles ne présentent guère de danger. Le mieux est de les laisser tranquilles !
Pourquoi creuser quand un « terrier » abandonné offre une belle opportunité ? Ainsi, malgré quelques vestiges de toile d’araignée à l’entrée, cette cavité semble inoccupée. Une exploration s’impose. On perçoit bien ici les reflets bleutés des ailes et de l’abdomen.
Mais gare ! Le piège ici est tout frais et la Ségestrie florentine ne fait pas de quartier !
En savoir plus :
L’Andrène agile au jardin
Sur la Moutarde blanche : ne l’appelle-t-on pas parfois l’Andrène des crucifères ?
Sur la Sarriette en fleurs.
En pause sur un pétale de tulipe.