Les Coprins ont la réputation d’être éphémères. Ceux-là l’ont été un peu malgré eux. Fauchés par une première nuit de grand froid.
Pas de chance. En petites troupes serrées, les Coprins domestiques pointent leur nez autour d’un vieux poirier la veille de la première sévère gelée de l’automne !
Beiges, fauves, le mamelon brun, plutôt hauts perchés sur des pieds laiteux, ils se distinguent à peine de leur lit de feuilles mortes.
Comme trop pressés de s’épanouir, ils craquent leur fragile chapeau strié. Les déchirures suivent le fil des lamelles et leur donnent bientôt un air échevelé. Pas de quoi décourager les petits petits boutons qui, un peu partout alentour, sortent de terre en grande hâte.
Le lendemain matin, tout ce petit monde a disparu, noirci, recroquevillé sous le givre parmi les feuilles mortes. Presqu’aussi éphémères que les Coprins plissés. Malgré eux sans doute. Ont-ils eu le temps de disséminer leurs spores ? Après tout, ils ne demandaient pas autre chose.
Photos Fernand ©