Formes et couleurs de son décor procurent à l’Aeschne paisible un parfait mimétisme avec ses refuges favoris : végétation et mûrs ombragés.
Les yeux verts, un petit « nez » pointu (le front en fait) et une tenue de camouflage assez terne, mêlant brun, bleu-gris et verdâtre : voilà une libellule qui porte bien son nom. En journée, l’Aeschne paisible (Boyeria irene) se tient en effet le plus souvent à l’ombre, plaquée contre un mur, ou tapie dans le feuillage d’une berge.
Elle fait exception chez les Aeschnes, évitant le soleil pour s’activer, chassant plutôt en fin d’après-midi, à l’ombre des arbres, jusqu’au crépuscule. Le vol silencieux, assez lent, elle est néanmoins capable de brusques accélérations pour fondre in extremis sur une proie.
Peu craintive, elle se laisse ici photographier en milieu de matinée dans la verdure d’une jardinière ombragée de calibrachoa. On la remarque d’autant moins que ses ailes ouvertes, entièrement hyalines, hormis quelques nervures jaunes, sont quasi invisibles. Il s’agit d’une femelle dont la forme dite « typique » présente deux longs cerques à la pointe de l’abdomen. On y devine également son ovipositeur (organe de ponte) sous les deux derniers segments.
Paisible, peu farouche, certes, à condition d’être soi-même discret. Au moindre mouvement brusque, elle disparaît comme par enchantement. Sans bruit. Pour aller se réfugier non loin de là, contre un mur, sous l’épais couvert d’une bignone.

Chez le mâle, ici plaqué contre un mur, les deux derniers segments de l’abdomen sont verts.
En savoir plus :
- Guide des libellules de France et d’Europe, 2021, K-D.B. Dijkstra et Asmus Schröter, Delachaux & Niesté.
- Libellule du Poitou-Charentes, 2009, Philippe Jourde, Poitou-Charentes nature éd., pages 132-133.
- Boyeria irene avec la galerie du site insecte.org.