Avec sa très longue langue, aucune corolle ne peut refuser son nectar au Bourdon des jardins. Un butineur hors-pair.
En voilà un qui n’a pas volé son nom. D’avril à septembre-octobre, parfois au-delà, le Bourdon des jardins (Bombus hortorum) y compte en effet parmi les butineurs les plus familiers. On peut le confondre avec le Bourdon terrestre (Bombus terrestris).
Leurs livrées sont presque semblables. Fond noir, collier jaune orangé et « cul blanc ». La différence tient notamment à leur « ceinture ». Également jaune orangé mais étroite, laissant les premiers segments de l’abdomen dégagés chez terrestris, plus ample pour déborder légèrement sur le thorax chez hortorum.
Autre différence : la langue ! On la voit ici, pendante, très longue, à l’approche de la sauge de Jérusalem. Avec un tel équipement, le Bourdon des jardins peut explorer les corolles les plus profondes. Moins bien outillé, le Bourdon terrestre s’oriente lui vers des nectars plus facilement accessibles. À chacun ses spécialités. Ainsi va la rationalisation de la pollinisation au jardin !

Sous le « casque » jaune pâle pendent les étamines, prêtes à poudrer la fourrure des bourdons de passage, et le long style bifide qui recevra sa part d’un passage à l’autre.

Le Bourdon des jardins étire ici sa langue en abordant la capucine. Il en faut une sacrée pour …

… explorer l’interminable éperon nectarifère. On le voit bien ici, tout à côté, à l’arrière d’une corolle renversée par la pluie.

… tout comme celui du long tube nectarifère du chèvrefeuille dans les haies.

Au sortir d’une corolle de glaïeul : voilà encore une fleur où la concurrence n’est pas légion !

Lèvres fermées, long tube nectarifère : le nectar de la Sauge de Jérusalem se mérite !

À l’entrée du Penstémon digitalis.

Fin mai 2022. Même pas besoin de « s’enfourner » pour atteindre le nectar de la Sauge argentée.

Fin juin 2024. Et pour les concombres, merci (notamment) à la petite ouvrière du Bourdon des jardins !
Les cousins

Pas de bande post thoracique pour le Bourdon terrestre dont la langue est bien plus courte : cela dit, les petites fleurs de la Brunelle commune lui vont très bien !

Sinon, le Bourdon terrestre n’hésite pas à percer la corolle à coups de mandibules pour se frayer un raccourci vers le nectar, comme ici avec la Consoude officinale.

Le Bourdon des friches : la ceinture abdominale est assez fine, bien individualisée au regard de la large bande post thoracique.
En savoir plus :
- Albouy, 2005, Le Bourdon, Belin /Opie Poitou-Charentes.
- Bellmann, 2019, Abeilles, bourdons, guêpes et fourmis d’Europe, Delachaux & Niestlé.
- Les bourdons avec le site aramel.free.fr
- Bombus ruderatus avec la galerie du site insecte.org
- Bombus hortorum avec la galerie du site insecte.org