Tout est bon pour attirer les pollinisateurs ! De ce point de vue, la combine de l’Ophrys abeille est singulière. Une superbe supercherie !
Deux bonnes raisons pour ne pas toucher aux jonquilles du jardin après la floraison. Laisser les bulbes se régénérer. Mais aussi laisser leur chance aux pieds d’Ophrys abeille (Ophrys apifera) qui, implantés là spontanément, étendent même leur station parmi les brins de muguet tout proches.
Elle n’a certes pas la prestance de l’Orchis incarnat. Voilà pourtant une orchidée sauvage pour le moins séduisante. Et insolite. Car, si comme son nom l’indique l’Ophrys abeille attire les butineurs, ce n’est pas vraiment pour butiner !
Sous un petit casque verdâtre abritant étamines et pistil, l’attention est évidemment retenue par le large labelle coloré. Brun, roux, jaune, orangé, gris bleuté. Excusez du peu. À l’avant de trois tépales rosés jouant les faire-valoir, c’est la piste d’atterrissage des insectes. Surtout des abeilles mâles. Et pour cause.
Par le jeu des formes et des couleurs, par une pilosité rousse et même par l’odeur, chaque fleur se donne en effet des allures d’abeille femelle. Et ces messieurs n’y résistent pas. Particulièrement ceux de la famille Eucère. En atterrissant, ils se démènent donc comme de beaux diables. Le temps de réaliser la supercherie, ils ont suffisamment secoué les étamines pour libérer le pollen. Et plus sûrement pour accrocher les pollinies ainsi transportées d’une fleur à l’autre. L’Ophrys abeille est dès lors dépourvue d’éperon nectarifère. À quoi bon. Sa stratégie du trompe-l’oeil est tout aussi efficace !
Sources :