L’ancien Golfe des Pictons

Érosion, envasement, endiguement, régulation hydraulique… De l’antique Golfe des Pictons au Marais poitevin d’aujourd’hui. Un équilibre fragile.

À l’ouest, un paysage de vastes prairies naturelles à fleur d’eau.

Maîtriser l’eau. Voilà bien la grande affaire du Marais poitevin. Depuis toujours.

Sur près de 100 000 hectares, sédimentation marine et alluvions fluviales ont progressivement colmaté l’ancien golfe des Pictons. Mais, aujourd’hui encore, l’ensemble est en grande partie situé sous le niveau des plus hautes mers.

Sous l’impulsion des grandes abbayes médiévales du Bas-Poitou, les premiers endiguements se sont logiquement portés à l’ouest. Les terres nouvellement conquises appelaient une protection contre les assauts de l’océan. Parallèlement, les premiers grands canaux évacuateurs apportaient un début de réponse au trop plein des ruissellements de l’immense bassin versant.

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Un double endiguement, contre les eaux de hautes mers et pour contenir les eaux de ruissellement du bassin versant, ont façonné le double paysage du Marais poitevin. (Carte Parc naturel régional du Marais poitevin)

La finalisation du dispositif est intervenue plus tardivement sur le pourtour du golfe. De nouvelles digues sont venues circonscrire une série de vases d’expansion des crues des fleuves côtiers, le Lay, la Vendée, l’Autize, la Sèvre, le Mignon. Autant d’entonnoirs reliés à la Sèvre niortaise ou aux grands canaux évacuateurs pour déverser le trop plein saisonnier à la mer.

Savant maillage hydraulique

Marais mouillés

Sur le pourtour de l’ancien golfe, le ou plutôt les marais mouillés comme autant de vases d’expansion des crues, en protection du marais dit desséché.

Il en résulte deux paysages aussi différents qu’intimement liés.

À l’ouest, celui des grands horizons : le marais dit desséché est fait de vastes prairies à fleur d’eau et de grandes cultures. En périphérie, plus boisé, plus intimiste, le petit parcellaire du marais mouillé ne doit rien au hasard. Il procède d’un savant maillage hydraulique.

Quadrillé de conches, de rigoles et de fossés bordés de frênes têtards, le marais mouillé est peu propice aux grandes cultures. Il est surtout fait de prairies, de peupleraies et… de jardins aux abords des villages.

Pour en savoir plus sur le Marais poitevin :

Cigogne blanche dans le Marais des Épineaux entre Magné et La Garette, août 2019.

Orthétrum brun à l’affût à proximité d’un fossé du marais mouillé.

Inféodé aux zones humides, le Criquet ensanglanté grignotant ici une feuille d’iris faux-acore.

Populage des marais au printemps.

Fritillaire pintade sur les prairies humides des Épineaux près de Magné.

Fossé du marais mouillé envahi par la Jussie à grandes fleurs.

La Reine des prés, délicieusement parfumée et emblématique du Marais poitevin.

Chapiteau roman de Maillezais, une des cinq abbayes médiévales mobilisées par les premiers grands travaux hydrauliques du Marais poitevin.