Le Pennipatte bleuâtre

Enfin un peu de soleil et de chaleur. Le Pennipatte bleuâtre est de retour. Mâles et femelle sont en chasse ces jours-ci au jardin.

Les généreuses touffes des hémérocalles et des lupins arbustifs rassemblent nombre de moucherons et autres petits insectes. Voilà un excellent terrain de chasse pour le Pennipatte bleuâtre, alias l’Agrion à larges pattes (Platycnemis pennipes). Mâles (bleu clair) et femelles (brun pâle) commencent à y prendre position ces jours-ci.

Les deux sexes arborent la spécificité de l’espèce : des tibias blanchâtres aplatis, soulignés d’un liseré noir, hérissés de longues soies noires. D’où le qualificatif latin de « pennipes » (dont s’inspire le nom de Pennipatte) par allusion à des pattes « en forme de plume ».

L’histoire ne dit pas si l’attribut est objet de séduction. C’est avant tout une arme redoutable. Lorsqu’il est à l’affût, l’agrion se jette en effet sur les petits insectes volant à proximité. Comme autant de puissants râteaux, ses tibias se referment alors sur les proies qui, prisonnières, sont ramenées au poste d’observation pour dégustation.

D’un sexe l’autre

Pennipatte bleuâtre sur rudbeckia.

D’abord blanchâtres, les mâles immatures virent assez vite au bleu, plutôt pâle. La ligne dorsale noire, ici encore très fine, va progressivement s’épaissir.

Agrion à larges pattes, femelle

La couleur dominante de Madame varie d’un individu l’autre. Tout en restant pâle. Elle arbore en outre deux lignes noires finement disjointes en face dorsale de l’abdomen.

Accouplement sur une feuille d’ortie. Les « larges pattes » sont les mêmes pour Monsieur et Madame, l’un et l’autre excellents chasseurs en vol.

Vous avez dit « pennipes » ?

Trichopoda pennipes : une brosse de soies noires sur les tibias arrière /un jardin dans le Marais poitevin.

Un autre hôte du jardin affublé du même qualificatif latin (pennipes) : la mouche Trichopoda pennipes présente ainsi également des tibias affublés de soies noires, « en forme de plume ». La comparaison est ici plus évidente.

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Le Bourdon des friches

Bourdon des friches sur digitale.

Il y a des butineurs et des fleurs qui semblent faits l’un pour l’autre. Comme le Bourdon des friches et la Digitale…

Bourdon des friches sur digitale.On songe bien-sûr au familier Bourdon des jardins (Bombus hortorum), amateur lui aussi des corolles caverneuses de la digitale. Mais si la livrée est comparable, la mise est ici davantage soignée. Voilà donc le Bourdon des friches (Bombus ruderatus) qui prend le contre-pied des a priori avec une fourrure dense, courte, bien moins broussailleuse que celle de son cousin des jardins !

D’une taille respectable, la solide silhouette frise les 20 mm. On y distingue un décor bien net sur fond noir. D’abord le fameux « cul blanc » en trois lignes grisonnantes, largement échancré vers l’avant. Puis les bandes dorées emblématiques : ceinture, collier et, entre les deux, une bande thoracique plus massive, jaune paille, qui affecte parfois la forme d’un coeur…

Comme celui des jardins, le Bourdon des friches a une très longue langue qui lui permet d’accéder aux tubes nectarifères les plus profonds. Cela dit, avec la digitale, il lui faut malgré tout se faufiler le plus loin possible. Et ressortir en marche arrière !

Bourdon des friches sur digitale.

Le cousin « du jardin »

Plus échevelé que le Bourdon des friches, son cousin dit des jardins (Bombus hortorum) se distingue notamment par une large ceinture jaune qui semble déborde sur l’arrière du thorax.

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La Cétoine grise juvénile

Cétoine grise juvénile sur bourrache.

Une jeune Cétoine grise juvénile encore toute ébouriffée. Un taquin hasard l’a portée vers la bourrache. La ramure la plus poilue du jardin.

Cétoine grise juvénile sur bourrache.

Étrange créature ! À l’unisson des tiges et des boutons floraux hirsutes de la Bourrache qu’elle explore ici consciencieusement… À bien y regarder, la petite tête, les antennes et les pattes (c’est à peine si on les distingue perdues dans une toison fauve délavée) sont assez caractéristiques pour qu’on identifie une cétoine. Oui mais laquelle ?

Il suffit de se décaler un peu pour considérer la « bête » non plus de profil mais de dos. Apparaissent alors les élytres noirs tachés de blanc. Une cétoine grise donc. Oxythyrea funesta, alias le Drap mortuaire. 

Tout juste émergée, elle n’a pas encore perdu sa dense pilosité adolescente et présente une étrange « croûte »  à l’arrière des élytres. Un souvenir de sa vie d’avant. Lorsqu’elle était larve. Bref, un reliquat du cocon de boue dont elle s’était dotée pour abriter sa métamorphose. 

Amatrice de nectar et de pollen, elle broutera aussi étamines, pistils et même coroles. Cela lui vaut une réputation de ravageuse. Mais n’exagérons rien. Tant qu’elle n’est pas en surnombre, le jardin en a vu d’autres !

Cétoine grise juvénile sur bourrache.

Un reliquat de son ancien cocon de boue adhère encore ici à l’élytre de la Cétoine grise juvénile.

La Cétoine grise adulte

Des marques blanches sur fond noir : la Cétoine grise doit son sobriquet de Drap mortuaire au souvenir des tentures qui théâtralisaient jadis les obsèques.

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