Le charme étrange du Cléome

Cléome hassleriana.

Pas vraiment de corolle pour le Cléome hassleriana qu’un rien habille superbement. Sublimé par un parfum envoûtant.

Cléome hassleriana.Heureusement, il y a l’effet de groupe. Sinon, pour chacune de ses petites fleurs, le Cleome hassleriana fait service minimum pour séduire et guider les butineurs. Dépouillement, légèreté : voilà bien le charme étrange de ces larges inflorescences ébouriffées. 

Pas de corolle à proprement parler. Simplement quatre pétales roses, ovales, regroupés et dressés presque à la verticale. Leurs longues attaches effilées pointent l’entrée du tube nectarifère. Comme autant de petits panneaux indicateurs. C’est par ici !

Six très longues étamines émergent du tube. Immanquablement, abeilles et bourdons frôleront l’une d’elles au passage et disperseront le pollen. Le style unique central ne tardera pas à être fécondé pour engendrer une des longues gousses vertes qui prolongeront l’élégance du Cléome bien après la floraison.

Oui mais, dans la rude concurrence des mellifères du jardin, comment s’attirer les bonnes grâces des butineurs avec une architecture florale aussi peu conventionnelle ? Le parfum ! Autant léger qu’irrésistible.

En savoir plus sur le Cléome hassleriana avec le site plandejardin-jardinbiologique.com

Découvrir d’autres fleurs du jardin

Faut-il que le parfum soit envoûtant ! La discrète entrée du tube nectarifère n’est pas vraiment facile d’accès pour abeilles et bourdons.

Photos Fernand © Septembre 2019

 

Comment butiner la Sauge des marais ?

Bourdon des saussaies sur fleurs de Sauge bleue.

Comment butiner la Sauge des marais ? Il y a deux écoles selon la longueur de la langue du butineur. Exemples avec les bourdons.

Bourdon roux sur fleurs de Sauge bleue.Large piste d’atterrissage, stries blanches sur fond bleu pour guider les butineurs… Voilà des corolles très accueillantes. Mais le tube nectarifère est si long ! Alors, il y a deux écoles pour butiner l’aromatique Sauge des marais (Salvia uliginosa). Celle -traditionnelle – du Bourdon des champs et celle – express – du Bourdon terrestre.

Bourdon des saussaies sur fleurs de Sauge bleue.Tout dépend de la longueur de la langue. Il faut en effet en tirer une sacrée pour atteindre les suintements sucrés au fond du tube, la tête restant coincée sous l’étroit « casque » de la corolle. Pour la Sauge, c’est justement le but du jeu. Car le pollen est là sous la lèvre supérieure : de passage en passage, les butineurs le véhicule de fleur en fleur.

Pas trop de difficulté pour le Bourdon des champs qui la joue à l’ancienne ! Il s’appuie donc sur la piste d’atterrissage, enfourne alors la tête et tire la langue tant qu’il peut. Il est vrai qu’il fait parti des bourdons les mieux équipés de ce point de vue !

Tout le contraire du Bourdon terrestre. Heureusement, c’est un malin. Puisque le tube nectarifère est trop long, il n’hésite pas à le perforer, au plus près du calice, pour s’y ménager un raccourci. Évidemment, l’incision prend un peu de temps mais, au fil des visites sur une même fleur, le butinage express est garanti. D’ailleurs, quelques opportunistes, abeilles et même papillons, profitent de l’aubaine !

Et tant pis pour la Sauge. Car le raccourci fait l’impasse sur le brossage des anthères et la diffusion du pollen. Qu’importe. Il reste le valeureux Bourdon des champs pour mettre un point d’honneur à respecter la tradition !

L’incision est pratiquée au plus près du calice. Ainsi, le Bourdon terrestre peut facilement atteindre la source de nectar.

Le pollen dont le bourdon est ici poudré ne provient pas de la sauge mais des hibiscus voisins. Et pour cause ! Le butinage « par effraction » contourne le « vestibule » de la corolle où, sous la lèvre supérieure, se tiennent les anthères.

On remarque bien ici la perforation du tube. Le Bourdon des champs ne change pas pour autant ses habitudes et enfourne la tête sous le « casque » de la corolle. Tant mieux pour la pollinisation de la Sauge des marais.

Fleurs de Sauge bleue perforées par le Bourdon des saussaies.

Une perforation sur chaque tube nectarifère, au plus près du calice, sans passer par l’entrée habituelle de la corolle. On a déjà vu pareil escamotage au printemps sur les clochettes de la Consoude officinale.

Comme l’abeille charpentière

L’abeille charpentière également butine « par effraction » lorsque le tube nectarifère est trop long. Ici la Sauge Rio Grande…

… comme la plupart des sauges de Graham, dont la variété Hot lips. 

Même cause, même effet

A fortiori avec les sauges dont le tube est démesurément long, comme ici avec la variété Amistad…

… ou encore là avec la variété Love et Wishes.

Les fèves aussi !

Le tube nectarifère des fèves est très profond. Pas de difficulté ici pour le Bourdon des champs. Mais la fleur tout à côté a été « aménagée » par le Bourdon terrestre, avec une incision qui fait l’impasse sur la corolle.

Aubaine

Opportuniste, le Brun des pélargoniums profite des perforations faites par le Bourdon terrestre.

 

Jusqu’aux derniers rayons de soleil

Abeille sur inflorescence de Sedum spectabile.

Le Sedum spectabile amorce sa généreuse floraison rose pâle au jardin. Et, du matin au soir, les abeilles ne le quittent plus !

Abeille sur inflorescence de Sedum spectabile.Dans la lumière rasante d’une fin d’après-midi de septembre. L’effervescence ne faiblit pas sur les larges corymbes du Sedum spectabile. Les abeilles y travailleront jusqu’aux derniers rayons de soleil.

Les canicules successives et la sécheresse n’ont pas malmené le Abeille sur inflorescence de Sedum spectabile.port superbement dressé de la succulente. Elle en a vu d’autres. N’est-ce pas sa spécialité que de se contenter de peu ? C’est à peine si le vert bleuté du printemps s’est estompé sur son feuillage charnu. Voilà bien, comme l’Orpin de palmer, toute proportion gardée, une plante généreuse propre à enchanter quoi qu’il arrive jardinier et butineurs ! 

Surtout en cette fin de saison. Avec un foisonnement compact de milliers de petites fleurs étoilées. Le vert tendre puis le blanc nacré des sépales s’y mêle au rose pâle pointé de pourpre plus vif des pétales. La source de nectar semble inépuisable pour l’automne à venir. 

Conseils pour la culture du Sedum spectabile avec le site plandejardin-jardinbiologique.com

Abeille sur inflorescence de Sedum spectabile.

Orpin des jardins, Sedum d’automne ou remarquable : les variantes ne manquent pas pour qualifier ce grand Sedum très mellifère et si peu exigeant !

Photos Fernand © Septembre 2019