Vivent les reines !

Les jeunes reines des bourdons ne chôment pas en cette mi mars. Avant de bientôt céder le devant de la scène aux premières ouvrières.

Fécondées l’automne dernier, les jeunes reines des bourdons ont passé l’hiver sous une litière de feuilles mortes, dans quelque terrier abandonné par un rongeur, sous un tas de bois ou dans un recoin de la cabane du jardin. Elles viennent d’émerger et, déjà, les voilà au travail !

Pas de temps à perdre en effet. Car chacune est seule et il y a tant à faire. D’abord prendre des forces. Puis prospecter les alentours à la recherche d’un lieu sûr où fonder une colonie. Selon l’espèce, un terrier, un tas de bois mort, un éboulis de pierres voire à même le sol à l’abri d’une grosse touffe d’herbe. 

Premières cellules de cire, premières réserves de pollen, premiers oeufs… Si tout va bien, les premières ouvrières naîtrons dans trois à quatre semaines. À elles désormais d’entretenir et d’alimenter le couvain. Plus besoin de butiner ! Uniquement de pondre encore et toujours. Jusqu’à la fin de l’été. La colonie ne produira dès lors plus d’ouvrières mais, avant de péricliter, des mâles puis des femelles appeler à prendre le relais au printemps suivant.

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Les cornes de l’Osmie

Les cornes de l'Osmie, apanage des femelles.

Ni arme ni coquetterie : les cornes de l’Osmie sont d’efficaces outils pour façonner le nid de l’abeille sauvage maçonne.

Les cornes de l'Osmie, apanage des femelles.On a vu l’autre jour Monsieur Osmie cornue (Osmia cornuta) prendre des forces auprès des généreux pissenlits du jardin. L’immuable scénario se renouvelle ainsi chaque fin d’hiver. Les mâles émergent les premiers, se gorgent de nectar et piaffent d’impatience en attendant leurs belles…

Les voici enfin ! Plus costaudes. Jusqu’à un centimètre et demi quand ces messieurs ne dépassent guère le centimètre. Même livrée bicolore : roux flamboyant pour l’abdomen et noir franc pour le thorax. Et la tête. Les femelles se distinguent en effet par une fourrure faciale noire d’où émerge les deux petites cornes emblématiques de l’espèce. 

Pas de cornes chez les mâles mais une houppette grise ! À quoi bon ? Seules les femelles sont ainsi équipées pour « maçonner ». Façonner de la boue et cloisonner l’intérieur du nid. Tasser pollen et nectar au fond de chaque cellule avant d’y pondre. Puis refermer le nid d’un mélange compact de boue et de petits cailloux. 

Une dizaine de cellules soigneusement aménagées et approvisionnées, le plus souvent dans une tige creuse. Un tube de bambou par exemple. Un sacré boulot. Mission accomplie. Madame se laisse alors mourrir. Comme Monsieur sitôt l’accouplement.

Les cornes de l'Osmie, apanage des femelles.

On perçoit bien ici, juste sous les antennes, les cornes de l’Osmie, discret apanage des femelles.

Pas de « cornes » mais une houppette grise faciale pour Monsieur Osmie. Les mâles émergent les premiers et ne survivent guère à l’accouplement.

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L’Osmie cornue prend des forces

Osmie cornue mâle sur pissenlit.

Nectar à discrétion ! Rien de tel que le pissenlit au sortir du nid. L’Osmie cornue mâle prend ainsi des forces avant de conter fleurette dans quelques jours !

Osmie cornue mâle sur pissenlit.On ne dira jamais assez l’importance des fleurs sauvages. Notamment les pissenlits, généreuse source de nectar et de pollen pour les abeilles solitaires émergentes en toute fin de l’hiver. Particulièrement la petite Osmie cornue (Osmia cornuta), une des toutes premières butineuses, sur le pont dès fin février début mars.

Évidemment, les pissenlits ne manquent pas sur les prairies alentour. Mais à quoi bon installer des « hôtels à insectes » au jardin si les abeilles ne trouvent pas de nourriture sur place ? Or, c’est encore bien trop tôt pour les arbres fruitiers ou les massifs fleuris. En attendant, vivent donc les sauvageonnes au jardin ! Au pied des haies comme dans les allées et les parties enherbées du potager.

Petit gabarit et barbichette claire, court abdomen roux et pourpoint noir, Monsieur Osmie cornue prend ainsi des forces pour être au taquet lorsque ces dames, à leur tour, sortiront du nid. Nettement plus costaudes, ce sont elles qui portent les fameuses « cornes » faciales auxquelles l’espèce doit sont nom. Elles émergent une dizaine de jours après les mâles. C’est pour bientôt.

Osmie cornue mâle sur pissenlit.

Tout juste un centimètre pour l’Osmie cornue mâle contre près d’un centimètre et demi pour la femelle. Dépourvu de cornes, apanage de ces dames, il arbore un toupet facial cendré.

Une autre source de nectar très appréciée par l’Osmie cornue : le romarin. On voit bien ici, entre antennes et pièces bucales, la « barbichette » grise du mâle.

Mi février 2023. Émergence précoce cette année. Ici sur le Laurier tin.

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