La Mouche des criquets

Mouche des criquets, femelle, sur capitule de Bident feuillé.

Un petit « nez » et des yeux gris barrés de six lignes transversales rouges : les deux coquetteries de la Mouche des criquets.

Mouche des criquets, femelle, sur capitule de Bident feuillé.Voilà un auxiliaire réputé pour sa contribution à la lutte biologique contre les criquets. Particulièrement en Afrique où les invasions endémiques du Criquet pélerin font des ravages. Évidemment, dans ce coin de marais, les enjeux ne sont pas les mêmes ! La Mouche des criquets (Stomorhina lunata) n’en est pas moins présente. 

Ses cibles ? Notamment deux autochtones inféodés aux zones humides, le Criquet ensanglanté et le Criquet des roseaux. Elle participe ainsi, avec l’Épeire fasciée notamment, à la régulation de leurs populations.

Ce sont ses larves qui s’en charge. Les femelles pondent ainsi sur les oothèques de criquets. Ces sortes de poches censées protéger l’incubation ne résistent pas aux petits asticots qui dévorent la couvée.

Sans rivaliser toutefois avec la Rhingie champêtre, la Mouche des criquets présente une petite protubérance faciale pour abriter le fourreau de sa langue. De petite taille (7/8 mm), sa livrée grise et noire la rend très discrète. C’est à peine si l’on distingue les six rayures rouges de ses yeux. Et les bandes abdominales jaunes du seul mâle.

Source : 

Mouche des criquets, mâle, sur épis de Renouée poivre d'eau.

Le mâle présente des yeux jointifs rouge bordeaux dans leur partie supérieure. Les bandes abdominales, grises chez la femelle, se teintent plus ou moins discrètement de jaune chez le mâle, un peu à la manière des syrphes.

 

Le Syrphe à long nez

Syrphe à long nez sur menthe aquatique.

Le Syrphe à long nez. Étrange mais précieux appendice pour la petite mouche butineuse. Elle y abrite en effet le fourreau de sa très longue langue.

Syrphe à long nez sur menthe aquatique.Décidément, l’étrange Rhingie champêtre (Rhingia campestris), alias le Syrphe à long nez, est sacrément photogénique. Elle n’est pourtant pas bien grande. 8/9 mm. On l’avait déjà remarquée au jardin sur la Sauge bleue. La voici davantage dans son élément. Une prairie du marais.

Grands yeux bordeaux, corselet gris rayé de noir, scutellum rougeâtre translucide, ailes fumées, abdomen rouge-orangé bordé de noir… En fait de « long nez », le rostre qui pointe à l’avant protège le fourreau d’une langue démesurée. La Rhingie peut ainsi puiser le nectar au creux des corolles les plus profondes.

Avec pareil équipement, l’active butineuse s’adapte à toutes les fleurs sauvages de saison. D’avril-mai à septembre-octobre. Actuellement, c’est l’incontournable menthe aquatique qui régale ! Ses larves ont un tout autre régime. À défaut d’avoir le bec sucré, elles se délectent de matières organiques. La Rhingie pond donc ses oeufs sur l’herbe des pâturages. À proximité immédiate d’une bouse de vache. Délicate attention !

Sources :

Syrphe à long nez sur menthe aquatique.

Rhingie champêtre sur fleur de sauge bleue.

De passage au jardin, la Rhingie champêtre s’intéresse plutôt ici au pollen de la Sauge bleue.

 

Plus bleu que lui tu meurs !

Orthétrum brun au repos.

Malgré son nom, l’Orthétrum brun est presqu’entièrement bleu. Le mâle du moins. Naissance des ailes, face et yeux compris.

Orthétrum brun en pause dans les allées du jardin.Décidément, rien n’est simple avec les libellules ! En témoigne l’Orthétrum brun (Orthetrum brunneum) dont le nom fait référence à la couleur aussi sombre qu’éphémère des sujets immatures. Mais la dominante des adultes est plutôt jaune chez la femelle et bleu-ciel chez le mâle. 

Ce dernier est d’ailleurs quasi intégralement bleu. Jusqu’au masque facial. Et l’abondante pruine du thorax se diffuse assez largement sur la naissance des ailes. Plus bleu que lui tu meurs ! Même l’Orthétrum bleuissant (Orthetrum coerulescens) n’y parvient pas, avec un thorax et une face généralement brunâtres.

Celui-ci a quitté les fossés tout proches pour venir patrouiller au jardin. En chasse, il va et vient au raz du sol. Pas besoin de piquet ou de branche pour ses brèves pauses. L’herbe grillée par le soleil et les premières feuilles mortes font très bien l’affaire.

Sources : 

  • aramel.free.fr
  • nature22.com
  • Poitou-Charentes Nature (Ed), 2009 – Libellules du Poitou-Charentes. Philippe Rouillier, pp182-183.
Orthétrum brun en pause dans les allées du jardin.

La pruine bleue du mâle envahit l’abdomen, le thorax et se diffuse même sur la naissance des ailes.

Un autre en bordure d’un fossé. À l’affût, il n’est pourtant pas en chasse : il veille tout simplement à la sérénité de sa belle après l’accouplement…

Pas question en effet qu’un autre mâle vienne importuner la femelle qui zigzague à fleur d’eau…

Toujours en vol, elle plonge bientôt son abdomen et lâche ses oeufs au fil de l’eau peu profonde.