De l’hiver finissant jusqu’au milieu de l’automne : les quatre saisons du Bourdon terrestre en font un des butineurs les plus constants du jardin.
En fait, les quatre saisons du Bourdon terrestre ne concernent que les reines. Tout commence pour elles en fin d’été. Dans chaque colonie d’alors, les dernières ouvrières prennent en charge une ultime couvée : pour la première fois, voilà des individus sexués dont l’émergence annonce la décrépitude de la maisonnée.
Comme son nom le suggère, le Bourdon terrestre aménage son nid sous terre. Opportunistes, les jeunes reines squattent généralement le terrier abandonné par quelque rongeur.
Le temps des amours de la jeune génération sonne en effet le glas de la vieille reine et de ses ouvrières. Et bientôt celui des jeunes mâles eux-mêmes. Seules survivent les femelles fécondées. Elles butinent jusqu’aux premiers frimas de l’automne finissant pour se calfeutrer à l’approche de l’hiver.
Rallongement des jours et montée en puissance du soleil : les futures reines multiplient les sorties dès la mi-février, encouragées par les premières fleurs sauvages. Avec une mission prioritaire : trouver un terrier abandonné et l’aménager pour y fonder une nouvelle colonie. Puis pondre le printemps venu.
Premières naissances : des ouvrières asexuées à qui la reine confie l’entretien et l’approvisionnement du couvain. Tout l’été. Enfin, lorsque la colonie est suffisamment dynamique pour réussir le passage de relais, la désormais matriarche pond ses derniers oeufs. On connait la suite.
Les quatre saisons du Bourdon terrestre : l’hiver
Mi février. Premiers pissenlits en fleurs pour une des premières sorties de la jeune reine.
Mi-février. Incontournable Laurentin au sortir de l’hiver !
Début mars. Sur les prunelliers en fleurs des haies.
Mi mars. Si vous avez la chance d’avoir un verger, ici un mirabellier, rien de tel pour requinquer les jeunes reines au moment où elles fondent leur propre colonie.
Mi mars. Sur le cassis-fleur. La jeune reine doit encore tout faire : aménager le nid, pondre et approvisionner le couvain.
le printemps du Bourdon terrestre
Début avril. La reine toujours à l’ouvrage, ici sur un pommier en fleurs. Bientôt, elle ne quittera plus le nid pour se consacrer exclusivement à la ponte et à la gestion du couvain.
Fin avril. Premières et très petites ouvrières de la colonie naissante ici sur fleurs de pommier.
Fin mai. Les ouvrières ont désormais une taille respectable. Avec un handicap toutefois : une courte langue. Mais le Bourdon terrestre est un malin ! Lorsque la corolle est trop profonde, comme celle de la Consoude officinale par exemple ici, il n’hésite pas à la percer au plus près du calice pour se frayer un raccourci vers le nectar.
Fin mai. Même chose sur la Sauge de Graham.
Fin mai. Petite ouvrière poudrée de pollen sur un capitule de Centaurée de perse.
Début juin. Le Trèfle blanc, une précieuse plante sauvage dans les allées du jardin.
Une autre plante sauvage à préserver au jardin : pour peu que la tondeuse ne passe pas trop souvent et à une hauteur suffisante, la Brunelle commune fleurit tout l’été.
l’été du Bourdon terrestre
Fin juin. Ah, les grappes si parfumées du buddleia !
Fin juin. Large bractée rosée pour l’atterrissage, deux lèvres largement ouvertes vers le tube nectarifère : la Sauge toute-bonne a le sens de l’accueil. Y compris une forte odeur musquée !
Début juillet. Marais oblige ! Sur un épis de Salicaire.
Début juillet 2019. Sur l’origan en fleurs.
Début juillet. Sur les vaporeuses et enivrantes inflorescences de la Reine de prés.
Fin juillet. Sans oublier le potager, ici une fleur de concombre.
Fin juillet. Sur la couronne d’or des zinnias.
Fin juillet. Un brin de toilette sur un capitule de cosmos.
Début août. Plongée au coeur d’un capitule d’artichaut…
… ou de Cirse commun.
Mi août. Parmi les commensaux de la phacélie, tout poudré de pollen avec une visite à l’hibiscus.
Fin août. De fleur en fleur, consciencieusement, sur un capitule de Menthe aquatique.
Fin août. Vivent les prairies humides et l’Eupatoire à feuilles de chanvre !
Début septembre. Depuis quelques temps, la colonie ne produit plus d’ouvrières mais des individus sexués. Prendre des forces pour le temps des amours.
l’automne du Bourdon terrestre
Début octobre. Matins frisquets mais des après-midi revigorants. Les colonies ont progressivement périclité en fin d’été. Ouvrières et mâles ont disparu. Seules subsistent les jeunes femelles fécondées. Les futures reines.
Fin octobre. Avec les cosmos parmi les dernières sources de nectar avant l’hivernage.
Attention danger !
Pas de « ceinture » jaune mais un collier orangé à l’avant du thorax, et le « cul blanc » parfois précédé d’un filet jaune-orangé : le Psithyre vestale ressemble beaucoup à sa cible, le Bourdon terrestre, dont il parasite le couvain.
La Volucelle bourdon : une mouche de belle taille, imite ici du Bourdon terrestre dont elle affecte la livrée pour mieux pénétrer dans son terrier et y pondre ses oeufs. Elle peut présenter une autre forme, avec un « cul roux », et parasite alors plutôt le Bourdon des pierres.
Une autre mouche parasite des bourdons : l’étrange Sice ferrugineux. Dominante rouille, abdomen « crochu » : les femelles pondent en vol et leurs oeufs s’accrochent à la fourrure de leur cible.
Fin juillet 2019. Décidément, la Thomise variable ne redoute rien ni personne. Dans le soleil couchant, postée sur une inflorescence de Cardère sauvage, la petite araignée crabe a capturé bien plus gros qu’elle.
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