Engrais vert et premiers butineurs

Premiers butineurs et Moutarde blanche.

Fin février. Le jardin s’éveille. Sa chronique également ! Ainsi, après le couvert hivernal du potager, la Moutarde blanche accueille les premiers butineurs.

Premiers butineurs et Moutarde blanche.Le thermomètre passe désormais régulièrement les 10°. Du moins l’après-midi. Mais il ne suffit pas que le soleil prenne des allures printanières. Encore faut-il pouvoir se gorger le jabot de nectar. Et charger ses pattes de pollen ! Or, les pâquerettes sont encore timides et les pissenlits tardent un peu. 

Certes, ici et là, Lamier pourpre, Mouron des oiseaux, Véronique de Perse et Cardamine hérissée font ce qu’ils peuvent. Le Romarin aussi. Mais, pour que (bientôt) la cohorte des abeilles, des bourdons, des syrphes et des papillons trouve et apprécie le chemin du jardin, mieux vaut qu’un solide comité d’accueil se mette très tôt en place. C’est une des fonctions de l’engrais vert semé à l’automne. Encore vigoureux au sortir d’un hiver relativement clément, le voilà qui fleurit en abondance. Qu’on se le dise !

Premiers butineurs et Moutarde blanche.

Le gel a épargné le dense feuillage polylobé et denté cette année. Passée la floraison, la moutarde blanche sera fauchée et broyée pour être intégrée au sol, en préparation des plantations et des semis du printemps.

C’était en août dernier. Car la Moutarde blanche (Sinapis alba), n’est pas réservée à la pause hivernale. Butinée ici par un Syrphe ceinturé, elle peut également être l’occasion d’un peu de répit pour la terre entre deux cultures potagères. La vigoureuse crucifère décompacte, assainit et nourrit en effet le sol. Tout en le protégeant du lessivage des pluies l’orage et du développement spontané des adventices.

En savoir plus 

La culture des engrais verts avec le site plandejardin-jardinbiologique.com

Le long éperon de la Capucine

Il n’y a guère que bourdons et papillons pour atteindre le long éperon de la Capucine. Et son précieux nectar. Jusqu’aux premières gelées.

Voilà une fleur magnifique qui ne cache pas son jeu ! Tout conduit en effet vers le long éperon de la Capucine. C’est là que les butineurs trouveront leur récompense. Du nectar à gogo. Du moins ceux qui ont la langue ou la trompe assez longue !

Heureusement, le chemin est bien balisé. Sur fond jaune vif, de petites flèches rouge orangé invitent à s’engouffrer dans la corolle. Là, les cinq larges pétales se partagent les rôles. Les trois du bas tout d’abord. Agrémentées de fanfreluches, leurs longues et étroites griffes forment comme une garde d’honneur aux huit étamines regroupées autour d’un style unique trifide. Un passage obligé. Polliinisation oblige !

Changement de décor juste au-dessus. Les deux pétales supérieurs, à défaut d’étroites griffes et de falbalas, s’amenuisent doucement pour venir se souder aux bractées. Celles-ci fusionnent alors à l’arrière pour constituer le fameux éperon. De longues stries brunes internes accompagnent le mouvement. Jusqu’à l’étroit goulot ! C’est là qu’il faut plus que jamais étirer la langue pour atteindre le nectar qui suinte à l’intérieur… Il n’y guère que bourdons et papillons pour y parvenir. Mais c’est assez pour que la Capucine se ressème à l’envi.

Sources : 

Langue déjà sortie, le Bourdon des jardins va ici droit au but : l’entrée de l’éperon, c’est tout au fond !

Petite séance de lissage de la langue au sortir de la corolle pour le Bourdon des champs.

Dans leurs allées et venues, les bourdons véhiculent le pollen d’un fleur à l’autre. Avec une multitude de petites graines à la clé !

Pour cette mouche éristale, c’est peine perdue ! Elle pourra certes aller jusqu’au fond de la corolle. Mais que là à atteindre le nectar… Elle pourra néanmoins se consoler en léchant les étamines.

Les ailes pour le moins fatiguées, ce Paon du jour est mal en point. Il a bien besoin d’un peu de nectar pour se requinquer !

 

L’Eucère troussée

Eucère troussée sur capitule de pulicaire.

Outre les yeux verts, l’Eucère troussée se distingue notamment par une épaisse brosse tibiale. Pour récolter ici le pollen de la Pulicaire.

Eucère troussée et Pulicaire dysentérique.Sa cousine l’Eucère dentée (Tetraloniella dentada) a abondamment fréquenté le jardin cet été. Des cosmos aux rudbéckias en passant par l’origan et la scabieuse. En ce début d’automne, voilà donc une petite abeille sauvage assez semblable. Presqu’exclusivement sur les capitules jaunes de la Pulicaire dysentérique. Des rives de la Sèvre niortaise aux prairies humides du marais alentours

Sans doute s’agit-il de l’Eucère troussée (Tetraloniella alticincta). Rondelette elle-aussi, noire rayée de blanc-crème, les yeux également émeraude, la brosse tibiale tout autant généreuse… Son allure est toutefois moins échevelée.

Comme toujours chez les Eucères, les mâles se distinguent par leurs longues antennes. Et, dépourvus de brosses collectrices, par leur butinage en dilettante. Passé le temps des amours, en effet, seules les femelles s’activent dans une incessante récolte de nectar et de pollen. Pour garnir le garde-manger souterrain de leur progéniture. À voir la couleur joliment dorée de leur épais manchon, on devine combien ces dames sont, sinon inféodées, du moins très fidèles aux fleurons de la pulicaire.

Eucère troussée et Pulicaire dysentérique.

Courtes antennes et épais manchon aux pattes arrière pour les femelles.

Longues antennes et butinage en dilettante : les mâles apprécient aussi la Pulicaire dysentérique.

Deux cousines

Une proche cousine, l’Eucère dentée, ici sur le coeur noir d’un rudbéckia.

Les Eucères sont difficiles à identifier. Avec un point commun d’une espèce l’autre : les très longues antennes des mâles.

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