Le sureau ouvre le bal des purins

Sureau, feuillage / Un jardin dans le Marais poitevin.

On finirait par oublier que nous sommes au coeur de l’hiver. Le sureau vient de doubler l’ortie. Alors, premières feuilles, premier purin…

Sureau, feuillage / Un jardin dans le Marais poitevin.Il est réputé pour son feuillage précoce. Mais cette année le sureau bat tous les records. Les bourgeons ont explosé tout début février. Déjà, le voilà qui déploie ses belles et grandes feuilles vert foncé. Cinq lobes finement dentelés à l’odeur métallique caractéristique.

Est-ce bien raisonnable ? D’ordinaire, c’est le jardinier qui est toujours trop pressé. N’oublions pas qu’il neigeait ici fin mars dernier ! Quoiqu’il en soit, puisque le sureau vient de se lancer bien avant l’ortie, il ouvrira aussi le bal des purins printaniers !

Laissons-le développer encore un peu son feuillage. Il supportera mieux la cueillette dans une quinzaine de jours. La recette est la même qu’avec l’ortie ou la consoude. 1 kg de feuilles fraiches hachées pour 10 litres d’eau de pluie. Puis deux semaines de macération. Filtré et dilué (1/10), il sera fin prêt pour stimuler l’enracinement des premières plantations printanières.

 

Le Yalta de la vieille souche

Tramète versicolore / Un jardin dans le Marais poitevin.

Champignons et bois mort : à chacun sa part pour ces deux-là qui semblent avoir pactisé pour ne pas se marcher sur les pieds.

Hypholome en touffe / Un jardin dans le Marais poitevin.Dans un coin de la prairie voisine, deux colonies de champignons se partagent la décomposition d’une souche de peuplier. D’un côté, les touffes jaune-ocre de l’Hypholome. De l’autre, les cascades brunes, ourlées de blanc-crème, de la Tramète.

De loin, la première évoque la savoureuse Pholiote du peuplier. Mais la couleur souffre des lamelles et une Champignons et bois mort / Un jardin dans le Marais poitevin.odeur peu amène douchent vite la perspective d’omelette. Dommage. Car la récolte aurait été belle tant sont denses les paquets mamelonnés ancrés dans les anfractuosités du bois mort.

Dans une sorte de Yalta silencieux, les deux colonies semblent être convenues d’une frontière vers laquelle elles avancent inexorablement leurs troupes. Le sort de la vieille souche est scellé. Le moment venu, il reviendra aux insectes xylophages puis in fine à la Xylaire de terminer le travail.

Champignons et bois mort : l'hypholome en touffe / Un jardin dans le Marais poitevin.

Photos Fernand ©

 

L’appel à la gourmandise

Fusain d'Europe / Un jardin dans le Marais poitevin.

Comment y résister ? Les capsules roses du Fusain d’Europe s’ouvrent sur autant de friandises, toxiques pour les humains, mais dont raffolent les oiseaux.

Fusain d'Europe / Un jardin dans le Marais poitevin.Le Fusain d’Europe est spontané dans les haies alentour. Il s’y mêle à l’Aubépine, à l’Eglantier et au Prunelier. En cette saison, il a perdu la quasi totalité de son feuillage marbré de rouge. Mais la ramure souple porte encore quelques superbes grappes bicolores.

Car, dans la compétition des baies de l’automne, le Fusain soigne la mise en scène pour séduire les oiseaux. Tout commence par quatre capsules d’un joli rose vif. Leur couleur et leur disposition soignée, soudée l’une l’autre, leur valent le sobriquet de « bonnet d’évêque ». Elles s’entrouvrent à maturité, donnant en offrande d’appétissants arilles orangés. Des petites friandises, luisantes, comme un appel à la gourmandise.

Au bout du compte, seules subsistent les quatre capsules éclatées. Simples faire-valoir, elles participent à leur manière à la dispersion des graines, le plus souvent gobées avec leur arille. Pour le plus grand plaisir des merles et des rouges-gorges.

Quelques conseils pour la culture, la taille et l’entretien du Fusain d’Europe avec le site plandejardin-jardinbiologique.com

Fusain d'Europe / Un jardin dans le Marais poitevin.

À défaut de cerises, le Merle apprécie les « bonnets d’évêque » des haies…

… tout comme le Rouge-gorge, le Pigeon ramier, le Tarin des aulnes ou les différentes mésanges.

Photos Fernand ©