Le Manteau pâle

Manteau pâle sur Moutarde blanche.

Malgré le nom de ce discret papillon de nuit, les ailes enroulées du Manteau pâle évoque davantage un élégant fourreau qu’un vulgaire paletot !

Manteau pâle sur Moutarde blanche.Dans la tribu des Manteaux, les ailes antérieures au repos s’enroulent autour du corps et donnent ainsi à ces petits papillons de nuit une silhouette fuselée caractéristique. Nocturnes mais souvent encore visibles le matin, les différences espèces sont difficiles à distinguer. Ici sur la moutarde en fleurs, il s’agit sans doute du Manteau pâle (Eilema caniola) dans son long fourreau gris cendré nuancé de jaune clair.

De grands yeux sombres et de longues antennes filiformes animent une petite tête jaune pâle aux reflets orangés. Une couleur discrètement raffinée dont les échos rehaussent l’avant du thorax, le bord des ailes et les hautes pattes.

S’il est amateur de nectar, ses chenilles ont un régime moins commun : la mousse et le lichen. Sur les arbres mais aussi les vieux murs. Voire les toitures. Il n’est donc pas rare de les rencontrer sur certaines habitations. Précédée de leur réputation urticante. Mieux vaut ne pas y toucher en effet. Même si la progéniture du Manteau pâle a un contact nettement moins sévère que la Processionnaire du pin.

Source : 

Manteau pâle sur Moutarde blanche.

La belle chenille d’une cousine, la Lithosie quadrille (Lithosia quadra), amatrice elle aussi de mousse et de lichen, notamment sur les arbres fruitiers. Parfois les maisons. Les poils sont également (légèrement) urticants.

 

La Noctuelle gamma

Noctuelle gamma sur fleur de Sauge toute bonne.

Un papillon pas si nocturne que cela. La Noctuelle gamma se distingue notamment par son « autographe » blanc sur les ailes antérieures.

Noctuelle gamma sur fleur de Sauge toute bonne.On a envie de lui demander de se calmer ! Tout en butinant, la trompe plongée dans le tube nectarifère ici de la Sauge toute-bonne, les pattes pourtant bien campée, la Noctuelle gamma (Autographa gamma) n’en finit pas de vibrer. Avec frénésie. Drôle de caractéristique de l’espèce !

Mais, bien-sûr, le principal signe distinctif, qui lui a donné son nom, est cette marque blanche au centre des ailes antérieures. Sur fond chiné brun et gris avec des nuances rousses. Elle fait penser à la Goutte d’argent récemment rencontrée sur une fleur de Lychnis.

Pour le commun des mortels, elle évoque un Y un peu biscornu. Mais les pionniers de l’entomologie, hellénistes distingués, y voyaient plutôt la lettre grecque Gamma (γ) . Voire Lambda (λ). Tout dépend dans quel sens on la regarde.

Quoiqu’il en soit, voilà une nouvelle fois un papillon de nuit qui butine aussi volontiers le jour. Sa chenille apprécie pissenlit, luzerne, et ortie. Mais aussi hélas chou, tomate et salade. D’un beau vert tendre, elle est facile à repérer. Et à collecter.

Noctuelle gamma sur fleur de Sauge toute bonne.

Au fil des saisons

Fin mars sur le mirabellier en fleurs.

Début septembre, sur la menthe aquatique d’une prairie humide du marais.

Une proche cousine

Une proche cousine, la Noctuelle goutte d’argent, qui s’en distingue notamment par la fameuse marque blanche au centre des ailes antérieures. Et par un calme butinage, loin des incessantes vibrations de la Gamma !

En savoir plus :

 

Incontournable Scabieuse !

Scabieuse colombaire et Vulcain.

Vulcain, Paon du jour, Piéride du chou, Citron, Belle dame, Myrtil… Comment résister à l’appel du nectar de la Scabieuse colombaire ?

Il est parfois des réputations surfaites. Surtout quand le marketing des créateurs de variétés florales s’en mêle ! Il faut cependant bien avouer que la Scabieuse colombaire (Sciabiosa columbaria) semble bénéficier d’un sacré magnétisme auprès des papillons !

Ils ne sont pas les seuls. Les abeilles sauvages aussi en apprécient le nectar. À commencer par l’Halicte de la Scabieuse. Évidemment. Elle est facile à reconnaître avec ses doubles bandes abdominales. Jaune d’or et jaune vanillé. Sa langue est suffisamment longue pour aller puiser au fond des petites corolles tubulaires.

À ce jeu-là, pas de difficulté naturellement pour la trompe des papillons ! Ils s’y attardent longuement. Imaginez… Des dizaines de puits de nectar à visiter. Serrer les uns contre les autres. Dans une profusion de fanfreluches. Surtout en périphérie où les lobes des petites fleurs s’allongent et virevoltent comme les dentelles bouillonnantes d’un jupon bleu-lilas.

En savoir plus :

Scabieuse colombaire et Citron.

La majestueux Citron aux ailes jaune-vert fortement nervurées.

Scabieuse colombaire et Piéride du chou.

Les piérides sont omniprésentes au jardin. Et parmi elles, la Piéride du navet, remarquable par ses nervures saupoudrées de grisaille.

Scabieuse colombaire et Belle-dame.

Fin mai 2021. Première apparition de la Belle-dame au jardin. Un nectar réparateur au terme d’une longue migration printanière ?

Début juin 2021. Un ocelle noir pupillé de blanc sur fond orangé : le Myrtil est de retour au jardin !

Fin juin 2021. La génération printanière de Robert le diable vient de prendre le relais.

Fin mai 2022. La petite Carte de géographie dans la livrée printanière.

Début juin 2022. Joli reflet de la scabieuse sur les plaques irisée du Petit nacré.

Réputée « de nuit », la petite Noctuelle en deuil ne rechigne pas à butiner le jour. Surtout auprès de la Scabieuse !

La Sésie de l’oseille, une petit papillon aux allures d’hyménoptère.

Abeilles et bourdons aussi

Scabieuse colombaire et Halicte de la Scabieuse.

L’Halicte de la Scabieuse doit son nom à la Scabieuse des champs. Cela dit, celle du jardin lui convient parfaitement !

Long et étroit abdomen, longues antennes à crochet : Monsieur Halicte  n’est pas en reste !

Anthidie interrompue, mâle, sur scabieuse.

Une autre abeille sauvage addict de la Scabieuse : Monsieur Anthidie interrompue également très présent sur les artichaut en fleurs… Ah, ce bleu violacé !

Mêmes rayures jaunes et pattes jaune-orangé : Madame Anthidie interrompu bien entendu !

Longues antennes pour lui, courtes chez elle, yeux verts pour les deux : Eucères sp. et les temps des amours.

Mégachile sp. mâle avec ses tarses avant aplatis aux longues franges de soies blanchâtres.

Le bouton n’est pas encore totalement déployé… Qu’importe pour le petit Bourdon des prés.

Mouches, coléoptères et araignées…

Les mouches aussi ! Ici le Syrphe des narcisses, dans sa version le plus sombre : comme quoi tous les imitateur des bourdons ne sont pas parasites. Les larves de celui-ci préfèrent les fleurs à bulbes.

Butineuse et parasite de la Punaise nébuleuse : la petite Cylindromya bicolor est deux fois bienvenue au jardin !

Le Syrphe porte-plume, précieux auxiliaire tant ses larves, avec une dizaine de générations par an, sont avides de pucerons.

Les larves du Syrphe du groseillier sont également grande consommatrices de pucerons.

Et même les coléoptères ! Ici le Lepture fauve, élégant et paisible amateur de pollen.

Et son cousin, le Lepture tacheté.

Un visiteur dont on se passerait bien : les larves du Taupin compte parmi les principales ravageuses du potager.

Mais gare ! Le Thomise variable, alias l’Araignée crabe, a l’art et la manière de s’incruster, à l’affût, là où on ne l’attend pas !