Bien avant l’heure

Fleurs de coucou / Un jardin dans le Marais poitevin.

Qui a déréglé l’horloge interne du Coucou ? Il a confondu Pâques et Chandeleur ! Comment dire aux autres de patienter encore un peu au pied de leur talus ?

Fleurs de coucou / Un jardin dans le Marais poitevin.Les primevères prennent leur temps sous les peupliers du jardin. Elles ont bien raison. Le Perce neige n’est pas forcément un exemple à suivre de trop près. Nous ne sommes que début février ! Et pourtant, voilà déjà les premières fleurs de Coucou. Au bord d’un chemin, dans les marais de Saint-Georges-de-Rex.

Des dizaines de larges rosettes ridées ponctuent le pied du talus. Elles semblent attendre le signal. Impatiente, la plus téméraire vient de lancer trois premières solides hampes. Enhardie sans doute par l’allongement du jour et la relative douceur de ce milieu d’hiver. 

Têtes basses, les grappes jaunes s’ouvrent à peine. Assez pour laisser entrevoir les taches et les veines orangées qui convergent vers l’entrée du calice. Peine perdue sans doute. Il n’y a guère de pollinisateurs à guider par les temps qui courent. Allez ! Les autres coucous peuvent attendre. Le printemps est encore loin.

Fleurs de coucou / Un jardin dans le Marais poitevin.

Record battu ! Cette touffe particulièrement précoce s’est éveillée mi-janvier 2021 sur un talus il est vrai bien exposé. Faut-il vraiment s’en féliciter ?

 

Une rameuse au poil !

Véronique à feuille de lierre / Un jardin dans le Marais poitevin.

Hirsute en diable, la Véronique à feuille de lierre constitue un couvre sol bienvenu en cet hiver pluvieux. En attendant les plantations printanières.

Véronique à feuille de lierre / Un jardin dans le Marais poitevin.Elle voisine au jardin avec sa cousine la Véronique de Perse. Tout aussi discrète, la Véronique à feuille de lierre squatte également les planches inoccupées. Elle leur offre son couvert rameux et rampant, en compagnie notamment du Lamier pourpre. Comme celui-ci, les jeunes pousses présentent parfois une teinte vineuse qui s’estompe avec la croissance. Des nuances brun-pourpre persistent néanmoins au bord des feuilles et sur les sépales en coeur des petits boutons floraux.

C’est surtout son côté hirsute qui distingue la Véronique à feuille de lierre. Des poils blancs épars sur la tige, plus denses et dressés sur les feuilles – ici à trois lobes – et en bordure des sépales. Comme pour nombre de « sauvages », cette forte pilosité l’aidera le moment venu à lutter contre la sécheresse. En retenant notamment la rosée du matin. Pour l’heure, elle n’a rien à craindre. Ce serait plutôt l’overdose. Le couvre sol n’en est que plus utile.

Véronique à feuille de lierre / Un jardin dans le Marais poitevin.

Photos Fernand ©

 

La feinte de l’Héliotrope d’hiver

Capitules de l'Héliotrope d'hiver / Un jardin dans le Marais poitevin.

L’Héliotrope d’hiver n’a pas cherché la facilité pour la fécondation de ses fleurs. Elle sait pourtant mener les butineurs là où il faut !

Héliotrope d'hiver / Un jardin dans le Marais poitevin.Ce n’est pas une autochtone mais ses rhizomes galopants apprécient la terre noire et humide du Marais poitevin. Echappée sans doute d’un jardin d’agrément, l’Héliotrope d’hiver colonise ici les bords d’un fossé près de Coulon. Son feuillage est resté vert et, déjà, portées par de solides hampes, ses petites fleurs blanc-rosé diffusent leur subtil parfum vanillé.

Chaque capitule est curieusement organisé. Accrochez-vous ! Aux coroles centrales étoilées la production du pollen. A la couronne périphérique la fécondation des pistils protégés par autant de longs pétales en forme de langue. Comment s’assurer qu’abeilles et bourdons n’oublient personne ? L’Héliotrope d’hiver a trouvé la feinte avec des pieds sexués : la couronne du pied mâle est stérile, autant que peut l’être le coeur étoilé du pied femelle. Dès lors, d’un pied l’autre, le moment venu, les butineurs n’auront pas le choix. Pas si compliqué finalement. Qu’importe le flacon en effet, pourvu qu’on ait le nectar !

Cela dit, gare tout de même, pour être merveilleusement parfumée et constituer un excellent couvre sol, la « néo maraîchine » pourrait vite devenir invasive.

Feuillage de l'Héliotrope d'hiver / Un jardin dans le Marais poitevin.