L’Érodium musqué

Érodium musqué, alias le Bec de grue.

Dans la série des « sauvageonnes » du jardin, l’Érodium musqué, alias le Bec de grue, fleurit délicatement de mars jusqu’en fin d’été.

Érodium musqué, alias le Bec de grue.

Les hampes florales peuvent s’élever jusqu’à 30/40 cm. Sauf passage de la tondeuse au jardin. Renouvelée tout le printemps et l’été, la floraison restera alors rase.

Ses larges et denses rosettes s’étalent actuellement au bord du halage. Et au jardin. Avec de longues feuilles composées, aux folioles gaufrées et dentées, d’un vert bien franc, l’Érodium musqué (Erodium moschatum) amorce du même coup sa timide floraison rose pâle.

Regroupées en discrètes ombelles, les corolles diffusent leur petite musique à cinq temps. Cinq courts sépales veinés de vert pâle. Cinq pétales ovales, lilas, un peu fripés. Cinq anthères noirâtres libérant bientôt un pollen jaune-orangé, autour de cinq stigmates translucides.

Rien de très spectaculaire. La surprise vient plutôt de la fructification. Chaque fleur engendre en effet un akène en forme de long bec dressé. D’où le nom de « bec de grue » ordinairement donné à l’Érodium musqué et à ses cousins. À maturité, ledit bec desséché s’enroulera en spirale pour constituer une sorte de tarière. Et, ainsi équipée, chaque graine aura alors la capacité de s’auto-enfouir ! Mais ça, c’est une autre histoire…

Érodium musqué, alias le Bec de grue.

L’Érodium musqué a la réputation d’être vite envahissant sur les pelouses et dans les allées des jardins. Il est vrai que ses larges rosettes ont tendance à étouffer la concurrence. Et le passage de la tondeuse n’arrange rien, accentuant au contraire le port naturellement étalé de l’adventice. Reste que, quand trop c’est trop, il est facile d’y remédier. La racine pivotante de l’Érodium ne s’enfonce jamais très profond. Un dizaine de centimètres. Rien de plus simple que de l’extirper, à l’aide d’une gouge à asperge par exemple. Cela dit, encore une fois, il faut raison garder : rien de tel que les plantes sauvages dans un jardin pour fidéliser les butineurs !

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Bourdon des jardins ou des friches ?

Bourdon des jardins ou Bourdon des friches ?

Une future reine émergente assurément en cette saison. Oui mais, Bourdon des jardins ou Bourdon des friches ? Pas si simple.

Une longue langue chez les deux espèces, spécialisées dans le butinage des fleurs à corolles profondes. Depuis les légumineuses comme le haricot jusqu’aux éperons du chèvrefeuille. Ce qui ne les empêche pas, au sortir de l’hiver, d’apprécier les pissenlits.

À dire vrai, les deux espèces se ressemblent beaucoup. Avec la réputation d’un difficile distingo. Alors, Bourdon des jardins ou Bourdon des friches ? Voyons d’abord leurs points communs. Trois bandes jaune-orangé : à l’avant et à l’arrière du thorax puis sur le premier segment de l’abdomen. Et le « cul blanc » naturellement.

L’un et l’autre présentent en outre une forte tête allongée dotée d’une très longue langue, idéale pour explorer les tubes nectarifères les plus profonds.

Jusque là, l’individu rencontré ce matin sur un capitule de pissenlit coche toutes les cases. D’où vient donc cette impression de jamais vu ? Sans doute d’une dominante noire envahissante, ne laissant que la portion congrue aux bandes jaunes et même à la pointe grise ! 

Enfin, d’une manière générale, alors que la fourrure du Bourdon des jardins (B. hortorum) est abondante, souvent hirsute, celle-ci parait plus courte et même presque rase sur le dessus du thorax. Alors ? Prenons le pari du Bourdon des friches (B. ruderatus) dont ce serait la première observation au jardin. Quoiqu’il en soit : voilà une jeune reine tout juste émergée, prête à fonder sa propre colonie.

Loin d’être complète, la bande jaune abdominale disparait presque sur les côtés, submergée de fourrure noire.

Bourdon des jardins ou Bourdon des friches ?

La fourrure est peu fournie sur le thorax, frisant la tonsure sur le dessus.

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L’Andrène cinéraire

Andrène cinéraire, mâle, sur capitule de pissenlit.

Livrée cendrée et broussailleuse pour Monsieur Andrène cinéraire, ici, poudré de pollen, en attendant l’émergence imminente de « ces dames ».

Andrène cinéraire, mâle, sur capitule de pissenlit.Ces dernières années, on le voyait apparaître début mars, sur le mirabellier en fleurs. Mais, prudent, celui-ci semble attendre que passent les actuelles gelées nocturnes, avant de lancer sa floraison. Alors, pour patienter, l’Andrène cinéraire (Andrena cineraria), jette son dévolu sur les pissenlits.

Il s’agit là d’un mâle. Bien plus corpulentes, les femelles n’ont en effet pas encore émergé. Double attente donc pour le petit monsieur ! Raison de plus pour prendre des forces. Mais pour atteindre le précieux nectar, distillé au fin fond du capitule, le voilà entièrement poudré d’or. Ainsi va la pollinisation des pissenlits ! 

Parmi les abeilles sauvages du jardin, l’Andrène cinéraire se distingue par sa dominante poivre et sel. Si l’abdomen noir est quasi glabre, luisant, légèrement bleuté, le thorax est rehaussée de deux bandes de fourrure, ici en broussaille grise. Avec une petite tête hirsute à l’unisson, toute ébouriffée de noir et de gris.

Andrène cinéraire, mâle, sur capitule de pissenlit.

Andrène cinéraire, mâle, sur capitule de pissenlit.

Mi mars 2023. La femelle est nettement plus corpulente que le mâle. Moins en broussaille, les deux bandes thoraciques grises sont ici bien visibles. Ainsi que les reflets métalliques légèrement bleutés de l’abdomen.Elles émergent généralement quelques jours après les mâles.

Andrènes cendrés, accouplement sur mirabellier en fleurs.

Fin mars 2020. Amours printanières chez les andrènes cinéraires, parmi les fleurs du mirabellier du jardin. Et c’est Madame qui mène la danse !

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