L’Agrion délicat

Agrion délicat femelle.

Une des plus petites demoiselles du jardin : l’Agrion délicat présente ici un long et fin abdomen entièrement rouge. Mâle ou femelle ?

Les femelles présentent une livrée changeante d’un individu l’autre, avec un abdomen habituellement plus ou moins marqué de noir. 

Malgré son éclatante couleur dominante, l’Agrion délicat (Ceriagrion tenellum) est plutôt discret. D’abord par sa petite taille (environ 3 cm) mais surtout par son comportement. On ne le voit guère patrouiller de-ci de-là, préférant rester à l’affût, embusqué dans la végétation basse. Son qualificatif « délicat », au sens de « fragile », tient à la finesse de son abdomen que le contre-jour, ici, rend davantage encore ténu.

S’agit-il d’un mâle ou d’une femelle ? Comme toujours, rien n’est simple chez les Demoiselles ! Thorax bronze foncé, abdomen entièrement rouge, face, pattes et yeux rougeâtres : notre individu semble cocher toutes les cases du mâle. Ou presque. Car si la femelle est en effet ordinairement bien différente, avec une dominante noire plus ou moins marquée de rouge, il existe aussi une forme entièrement rouge !  

Alors ? Reste un petit détail différentiant : les ptérostigmas – cellules colorées vers la pointe des ailes – sont toujours rouges chez le mâle et beige-orangé chez la femelle adulte. Madame donc !

Des ptérostigmas beiges (et non rouge comme chez le mâle) et un ovipositeur sous les derniers segments de l’abdomen (organe de ponte pour introduire les oeufs dans les plantes aquatiques).

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Le Lepture couleur d’or

Lepture couleur d'or, femelle, sur feuille desséchée de Sauge argentée.

Le Lepture à couleur d’or installe sa progéniture dans les vieilles souches de peuplier. Pas étonnant de le rencontrer dans le Marais poitevin !

Lepture couleur d'or, femelle, sur feuille desséchée de Sauge argentée.Haut sur pattes, silhouette fuselée, longues antennes annelées : voilà un Lepture assurément. Mais inconnu jusqu’alors au jardin. Un peu plus massif que ses cousins « fauve », « tacheté » et « porte-coeur ». En pause ici sur une feuille desséchée de Sauge argentée, il dépasse les 2 cm. Hors antennes bien entendu. 

Sa principale caractéristique tient à des bandes élytrales comme poudrées d’or sur fond noir. Du moins la femelle qui a inspiré le nom de l’espèce. Le Lepture couleur d’or (Leptura aurulenta). Parfois même le Lepture abeille. 

Le mâle s’en distingue par la taille (une quinzaine de mm), des antennes noires (rouge orangé chez la femelle) et des bandes élytrales rougeâtres.

Comme tous les leptures, c’est un tranquille amateur de pollen, parfaitement inoffensif, assez peu farouche mais qui vole bien et loin s’il est importuné. La femelle pond actuellement dans les anfractuosités des veilles souches de feuillus, notamment de peupliers. Où ses larves xylophages se régaleront de bois pourri.

Lepture couleur d'or, femelle, sur feuille desséchée de Sauge argentée.

Un ou une Lepture ? Les auteurs sont partagés. Mais si l’on s’en tient au Larousse, lepture est bien un nom masculin. Soit !

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Le casse-croûte de la Libellule fauve

Libellule fauve, mâle, dévorant une mouche verte.

Moins de cinq minutes pour dévorer une mouche verte ! Après un « raid » éclair, le casse-croûte de la Libellule fauve est vite englouti.

On ne le dira jamais assez. Rien de tel qu’un manche de bêche ou de fourche pour l’affût des libellules ! Un confortable poste d’observation sur lequel ce mâle de Libellule fauve (Libellula fulva) revient systématiquement se percher après chacun de ses « raids ». 

Une mouche verte, capturée en vol, en fait ici les frais. Et c’est naturellement sur le manche de bêche que l’insatiable chasseur s’installe pour la déguster. La boulotter goulûment plutôt. Moins de cinq minutes ! Sans s’embarrasser des ailles et des pattes. Tout le reste y passe ! 

Face sombre, yeux gris bleu, thorax brun, abdomen poudré d’une pruine bleutée, notre morfal présente une tache sombre au niveau du quatrième segment. Là où la femelle pose ses pattes et estompe la pruine lors de l’accouplement.

Le casse-croute terminé, pas de sieste digestive ! Les « raids » reprennent de plus belle. Avec deux atouts redoutables : la fulgurance et des pattes armées de peignes pour mieux capturer et immobiliser les proies en plein vol.

Sitôt fini le casse-croûte de la Libellule fauve, la voilà déjà prête pour un nouveau « raid ».

Libellule fauve, mâle, à l'affût.

Souvenir d’un accouplement : le frottement des pattes de la femelle a estompé la pruine bleue au niveau du quatrième segment.

Immatures orange vif

Libellule fauve immature.

Orange vif : mâles et femelles immatures se ressemblent beaucoup. Monsieur vire progressivement au bleu. Le jaune de Madame va brunissant. Puis, en vieillissant, l’un et l’autre deviennent brunâtres.

Fin juin 2023. Madame a perdu de sa superbe orange vif pour une livrée plus terne qui brunira encore au fil de l’été.

En savoir plus :

  • Dijkstra, Schröter et Lewington, 2007, Guide des libellules de France et d’Europe, Delachaux et Niestlé.
  • Eric Prud’homme, 2009, in Libellules du Poitou-Charentes, Éd. Poitou-Charentes nature, Fontaine-le-Comte, pp 176-177.
  • La Libellule fauve avec le site nature22.com