Le casse-croûte de la Libellule fauve

Libellule fauve, mâle, dévorant une mouche verte.

Moins de cinq minutes pour dévorer une mouche verte ! Après un « raid » éclair, le casse-croûte de la Libellule fauve est vite englouti.

On ne le dira jamais assez. Rien de tel qu’un manche de bêche ou de fourche pour l’affût des libellules ! Un confortable poste d’observation sur lequel ce mâle de Libellule fauve (Libellula fulva) revient systématiquement se percher après chacun de ses « raids ». 

Une mouche verte, capturée en vol, en fait ici les frais. Et c’est naturellement sur le manche de bêche que l’insatiable chasseur s’installe pour la déguster. La boulotter goulûment plutôt. Moins de cinq minutes ! Sans s’embarrasser des ailles et des pattes. Tout le reste y passe ! 

Face sombre, yeux gris bleu, thorax brun, abdomen poudré d’une pruine bleutée, notre morfal présente une tache sombre au niveau du quatrième segment. Là où la femelle pose ses pattes et estompe la pruine lors de l’accouplement.

Le casse-croute terminé, pas de sieste digestive ! Les « raids » reprennent de plus belle. Avec deux atouts redoutables : la fulgurance et des pattes armées de peignes pour mieux capturer et immobiliser les proies en plein vol.

Sitôt fini le casse-croûte de la Libellule fauve, la voilà déjà prête pour un nouveau « raid ».

Libellule fauve, mâle, à l'affût.

Souvenir d’un accouplement : le frottement des pattes de la femelle a estompé la pruine bleue au niveau du quatrième segment.

Immatures orange vif

Libellule fauve immature.

Orange vif : mâles et femelles immatures se ressemblent beaucoup. Monsieur vire progressivement au bleu. Le jaune de Madame va brunissant. Puis, en vieillissant, l’un et l’autre deviennent brunâtres.

Fin juin 2023. Madame a perdu de sa superbe orange vif pour une livrée plus terne qui brunira encore au fil de l’été.

En savoir plus :

  • Dijkstra, Schröter et Lewington, 2007, Guide des libellules de France et d’Europe, Delachaux et Niestlé.
  • Eric Prud’homme, 2009, in Libellules du Poitou-Charentes, Éd. Poitou-Charentes nature, Fontaine-le-Comte, pp 176-177.
  • La Libellule fauve avec le site nature22.com

 

Le petit Éristale bronzé

Petit éristale bronzé sur Véronique de Perse.

Parmi les premiers butineurs de l’hiver finissant, familier des zones humides, le petit Éristale bronzé fréquentera le jardin jusqu’en automne.

Petit éristale bronzé sur Véronique de Perse.Sa petite taille (moins d’un centimètre) et sa dominante foncée en font un hôte très discret du jardin. Et pourtant, en plusieurs générations successives, l’Éristale bronzé (Eristalinus aeneus) y compte parmi les butineurs les plus actifs et assidus. De la fin février jusqu’en novembre.

Mâles et femelles viennent d’émerger. Ils ont passé l’hiver calfeutrés au creux d’une haie ou sous une litière de feuilles mortes. Comme souvent chez les mouches éristales, leurs larves amphibies participeront bientôt à l’épuration des eaux plus ou moins fangeuses dont elles filtrent les matières organiques.

À vrai dire, on y prêterait guère attention sans ces grands yeux si particuliers. Jointifs en l’occurence chez le mâle, jaune clair, très finement velus sur le dessus, ils apparaissent constellés de minuscules points brun rougeâtre. 

En attendant l’abondance du printemps, l’Éristale bronzé jette ici son dévolu sur des fleurs à sa mesure. Les petites corolles bleues de la Véronique de Perse. Entre deux virées sur le Laurier trin.

En fin d’hiver

Petit éristale bronzé sur Véronique de Perse.

Fin février au bord du halage : les corolles de la Véronique donne l’échelle du petit Éristale !

Début mars 2023. Sur le Laurier tin. Les bandes thoraciques sont ici entièrement estompées.

Au printemps

Mi avril au jardin, sur la Sarriette en fleurs. Une dominante sombre, aux reflets bronze, parfois cuivrés, avec de fines bandes beiges sur le thorax.

En automne

Fin septembre au bord des fossés, sur les capitules jaunes du Bident feuillé. Ici une femelle aux yeux disjoints.

En savoir plus : 

 

Le Gendarme et le Séneçon

Gendarme sur Séneçon commun.

Yeux globuleux rougeâtres, fin duvet gris sur le dernier article des antennes, thorax en trapèze, décor général aux allures de masque africain…

Dans la série des insectes auxiliaires du jardin, le Pyrrhocore, alias le Gendarme, sort de sa léthargie hivernale à l’appel du soleil.

Son goût pour les bains de soleil, solitaire ou collectif, lui vaut le surnom de Cherche-midi.

Et pendant ce temps-là, grégaires, ses congénères chargent leur batterie au soleil, par petits groupes, au bord d’une haie. Pour sa part, tout juste sorti d’hibernation, ce jeune Gendarme (Pyrrhocoris apterus), préfère partir à l’aventure… Le voilà à l’escalade sur un pied de Séneçon commun.

Tige, feuilles, grappe florale : il passe et repasse. L’exploration n’en finit pas. Mais bof ! Le Séneçon n’a pas l’air de lui convenir. Il découvrira bientôt au jardin des gourmandises davantage à son goût. Surtout les graines le moment venu : Hibiscus, Rose trémière, Mauve sylvestre, Guimauve officinale… 

En attendant, il n’y a même pas là un puceron à se mettre sous le rostre ! Car, piqueur-suceur, le Gendarme ne se nourrit pas seulement de sève. Il apprécie les fluides des petits insectes, y compris de leurs oeufs et de leurs larves. De ce point de vue, en cette saison, mieux vaut aller fureter dans les haies ou sous la litière de feuilles mortes. Entre deux séances de solarium !

Gendarme sur feuille de Séneçon commun.

Devenu adulte l’automne dernier, après un été à l’état larvaire, le jeune Gendarme s’est alors gavé de graines. De tilleul et l’hibiscus notamment. Avant d’hiverner dans les haies, les tas de bois ou de pierres, les anfractuosités des écorces… Il sort de sa léthargie à l’appel du soleil. Les accouplements ont lieu au printemps.

En tournée d’inspection sur les pensées d’une jardinière.

En savoir plus :