L’Hibernie défeuillante

Hibernie défeuillante, chenille sur feuille de rosier.

Avec un nom pareil, l’Hibernie défeuillante n’a pas bonne réputation. Mais avouez qu’elle est belle. Point trop n’en faut donc !

Hibernie défeuillante, chenille sur feuille de rosier.Six vraies pattes à l’avant, deux paires de fausses à l’arrière. Comme tous les membres de la famille des Géomètres, la chenille de l’Hibernie défeuillante (Erannis defoliara) se reconnaît à sa manière d’arpenter le feuillage. Avec une attitude spécifique d’orante (tête et première paire de pattes relevées) lorsqu’elle s’immobilise.

Son décor vivement coloré la rend incomparable : tête et dessus du corps orangés, large bande latérale ondoyante jaune avec liseré noir et taches orangées pointées de blanc. Comme souvent chez les phalènes, en cas de danger, ou simplement pour faire une pause, elle se met en « mode brindille », tendue et immobile, pour « disparaître » aux yeux des prédateurs.

Éclectique, elle affectionne notamment rosier, aubépine, chèvrefeuille, saule, groseillier… Elle est certes dite « défeuillante » mais pas de panique au jardin tant qu’elle est, comme ici, isolée. Les dégâts viennent avec un éventuel surnombre. Reste alors la collecte. Aucun danger dans la manipulation. Ni piquante, ni urticante. Elle est facile à « cueillir ». Par ici la sortie ! Une haie voisine fera très bien l’affaire.

Source :

Hibernie défeuillante, chenille sur tiges de rosier.

La chenille émerge en avril. Elle s’enterrera fin mai, début juin, pour devenir chrysalide et n’éclore qu’en automne. Le discret petit papillon de nuit s’accouplera en hiver. Fort heureusement, déposés dans une crevasse d’écorce, les oeufs résisteront au gel !

Géomètre à barreaux.

Un cousin : le Géomètre à barreaux, familier du jardin où il volète, tout le printemps et l’été, en deux générations, de nuit comme de jour. La livrée de l’Hibernie défeuillante est davantage tristounette. Surtout pour les femelles, dépourvues d’ailes (si, si !), qui escaladent les arbres où les mâles volent leur faire la cour. Tout cela par quelque nuit d’hiver… Étrange destinée.

 

La Phalène picotée

Phalène picotée, mâle.

Plume ou peigne ? Qu’importe. Ces drôles d’antennes sont un des signes distinctifs de Monsieur Phalène picotée. Avec sa couleur de fond dorée.

Il suffit de se promener actuellement dans une prairie pour l’apercevoir voleter au-dessus des (déjà) hautes herbes. La Phalène picotée (Ematurga atomaria) démarre in extremis, presque sous vos pas, pour aller se cacher un peu plus loin. Plutôt au raz du sol, à l’arrière d’une feuille de rumex ou sous le couvert d’une touffe de graminée.

Il ou elle ? Une fois n’est pas coutume, les deux sexes sont faciles à distinguer. Monsieur présente ainsi une livrée dorée, piquetée de brun et parcouru d’ondes transversales brunes. Il arbore surtout de superbes antennes en forme de peigne. Madame est plus sobre. Même décor ondoyant et moucheté sur un fond plutôt argenté. Et des antennes simplement filiformes.

Très fréquente en cette saison, la Phalène picotée passe parfois par le jardin. Y compris le jour. Aucun risque pour le potager. Ses chenilles préfèrent la végétation des champs. En particulier le lotier.

Source : 

Phalène picotée, femelle.

Les antennes de la femelle sont filiformes. Et, pour un décor ondoyant et moucheté comparable, sa couleur de fond est grisâtre. Voire argentée. Surtout aux antérieures. Les deux sexes présentent la même frange alternativement claire et sombre.

Femelle en dégustation sur une fleur de Bugle rampante.

Réputée « de nuit », la Phalène picotée se rencontre aisément aussi le jour. Dérangée, elle volète pour aller se réfugier dans la végétation basse de la prairie ou derrière une feuille au pied d’une haie. Il s’agit ici d’un mâle aux antennes caractéristiques.

Géomètre à barreaux.

Un cousin, le Géomètre à barreaux, également familier des prairies alentour. Et parfois du jardin..

 

Le petit Argus brun

Argus brun sur Géranium découpé.

La génération printanière de l’Argus brun, alias le Collier de corail, vient d’émerger. Premier boulot : installer la génération suivante.

Argus brun sur Géranium découpé.Dans la grande famille des Argus, c’est un des rares à ne présenter aucune trace de bleu. Sinon quelques touches discrètes en marge des postérieures. Tant chez le mâle que chez la femelle. Les deux sexes de l’Argus brun (Aricia agestis) arborent ainsi semblablement des avers brun foncé, marqués d’un tiret noir au centre des antérieures.

Cette dominante sombre met d’autant mieux en valeur le chapelet de vives taches orangées en marge des quatre ailes. D’où le surnom de ce discret petit papillon : le Collier de corail.

Le revers est moins contrasté. Notamment les lignes marginales de taches orangées, plutôt pâles sur un fond fauve clair. Avec – marque de fabrique des Argus – un semis de petites taches noires cerclées de blanc. Comme autant de petits yeux.

Si la livrée n’est pas genrée, peut-être s’agit-il néanmoins ici d’une femelle. Elle semble en effet inspecter une des plantes hôtes de l’espèce. Une solide touffe de Géranium découpé. Un feuillage assez fourni, bien vert. Voilà qui pourrait constituer un excellent garde-manger pour les chenilles de la génération estivale.

Sources :

Argus brun sur Géranium découpé.

La plupart des Argus présentent, au revers, un semis plus au moins dense de taches noires cerclées de blanc. La famille tient ainsi son nom en référence au géant de la mythologie grecque, Argos, pourvu d’une centaine d’yeux.

Argus brun sur Géranium découpé.

Le tiret noir au centre des antérieures est ici bien visible. De même que les antennes en pointillés blancs et noirs, avec des extrémités en forme de massue, noires, pointées de blanc.