Le Point de Hongrie

Point de Hongrie sur épis de Gléchome lierre terrestre.

Deux générations successives pour ce très discret petit papillon. Au printemps comme en été, le Point de Hongrie butine quasi incognito au jardin.

Août 2021. La génération estivale est tout aussi discrète. Ici sur la planche de phacélie.

Avec un peu de soleil, sa livrée paraît moins tristounette. Dans une dominante brun grisâtre, le Point de Hongrie (Erynnis tages) présente alors un sobre décor chiné aux antérieures.

Il se distingue surtout par une ligne marginale de petits points blancs, y compris aux postérieures sur un fond quasi uniformément brun.

Ce sont ces points blancs, comme soigneusement et régulièrement brodés, qui lui valent l’allusion aux travaux de tapisserie à l’aiguille !

Au raz du sol où il butine les petites fleurs mauves du Gléchome Lierre terrestre, le Point de Hongrie se remarque à peine. Gare à ne pas le déranger. Car, avec son vol rapide et ses brusques changements de direction, il aura tôt d’échapper à votre regard.

Sources :

Point de Hongrie sur épis de Gléchome lierre terrestre.

Remarquer l’extrémité des antennes, en forme de massue recourbée. Et les yeux sombres assez proéminents. Le Point de Hongrie émerge en avril, pour deux générations successives, l’une printanière (avril-juin), l’autre estivale (juillet-septembre). Ce sont les chenilles de la seconde qui hivernent et se nymphosent au printemps suivant.

Au pied des haies comme dans les allées du jardin, le Point de Hongrie n’est pour le moins pas ostentatoire. Entre herbes et feuilles mortes, il peut prendre son temps pour butiner. Personne ne le remarque !

Début avril 2022. Bain de soleil matinal sur une allée du jardin. Sans se soucier de la mouche d’à côté !

Fin août 2022. Parmi les aficionados de la menthe sur une prairie humide du marais.

Même taille, même silhouette, même dominante brune tachetée de gris pour cette cousine familière du jardin, l’Hespérie des potentilles.

Hespérie de la mauve : les fameuses "dents de requin" en bordure des ailes postérieures.

Une autre cousine, au décor marbré plus présent et plus lumineux : l’Hespérie de la passe-rose.

 

Le Machaon, grand porte-queue

Machaon sur inflorescence de phacélie.

Un superbe décor de marqueterie, d’ébène poudrée et de précieuses incrustations colorées : le Machaon, à la fois sobre et spectaculaire.

Machaon sur inflorescence de phacélie.C’est, avec le Flambé, l’un des papillons les plus majestueux du jardin. Comme lui, le Machaon, alias le Grand porte-queue (Papilio machaon) se repère de loin à ses grands vols colorés. Tout à tour rapides et amples, souvent planés. Mais il sait aussi prendre le temps de la dégustation.

Lorsqu’il fait halte sur un parterre fleuri, ici sur les inflorescences de la phacélie, il ouvre largement sa voilure à dominante jaune et noire. Sur les antérieures, triangulaires, le noir est poudré ou marqueté de jaune clair. Outre leur fine queue soulignée d’un trait noir, les postérieures, du même jaune clair, rehausse l’ensemble avec une large bande sombre ponctuée d’ocelles bleus et rouge-orangé.

La progéniture du Machaon apprécie notamment les carottes sauvages. Sans rechigner sur les carottes cultivées à vrai dire. Ni sur l’aneth, le persil, le fenouil et le panais… Pas de panique pour autant. La ponte est toujours très clairsemée. Et les chenilles jamais grégaires. Très voyantes (noir et orange sur fond vert), il suffit de les ramasser pour les conduire dans une prairie voisine. Ou de laisser faire s‘il s’agit d’un ou deux individus isolés. Le spectacle du Machaon vaut bien un petit grignotage ! 

Machaon sur inflorescence de phacélie.

Fin avril 2021. Sur les modestes mais irrésistibles ombelles du Cerfeuil sauvage. Les premières du printemps au bord du halage.

Début mai 2023. Décidément, la phacélie est un passage obligé quand le Machaon traverse le jardin !

Mi juin 2023. Sur un épi de buddléia.

Mi juillet 2023. Sur une capitule de Cirse commun.

Fin juillet 2003. Sur un inflorescence de verveine de Buenos Aires.

D’autres « porte-queue » du jardin

Tout en majesté : le Flambé.

Azuré porte-queue sur inflorescence de cardère.

Beaucoup plus modeste, par la taille et la palette de couleurs : l’Azuré porte-queue.

 

Azuré de la faucille

L’Azuré de la faucille, alias le Rase-queue : on ne peut pas être plus explicite sur la discrétion de l’attribut de ce « petit bleu ».

Cuivré commun.

Pas vraiment une queue : une discrète excroissance pointue pour le Cuivré commun.

En savoir plus :

La Xanthie paillée

Xantihe paillée sur feuille morte de peuplier.

Inféodée aux zones humides, la Xanthie paillée est assez fréquente dans le Marais poitevin où ses chenilles se développent dans les chatons des peupliers.

Xantihe paillée sur feuille morte de peuplier.Une seule génération par an. Pour quelques semaines seulement. Et en automne !  La Xanthie paillée (Xanthia ocellaris) apparaît fin août, début septembre, mais le gros de la troupe se concentre plutôt en octobre. 

Comme la plupart des membres de la famille Noctuelle, la Xanthie présente une livrée aux couleurs un peu éteintes, hésitant ici entre l’ocre et le roux, avec des nuances vieux-rose. Le dessin est par contre assez sophistiqué, mêlant un double réseaux de lignes droites rayonnantes et de bandes transversales festonnées. On y remarquera notamment deux taches réniformes pointées de blanc.

Pluie, vent, froid, fichue saison pour un papillon… Pas de temps de batifoler. Tout juste celui de s’accoupler et de pondre. Les oeufs passeront l’hiver à l’abri du lichen, de la mousse ou au creux d’une écorce. Au printemps, les petites chenilles se gaveront des chatons des peupliers puis descendront pour parfaire leur maturation dans la végétation basse. Nymphose estivale au sol puis émergence automnale. Et c’est reparti pour un tour.

Source :

Xantihe paillée sur feuille morte de peuplier.

Xanthie paillée sur feuille de ronce.

Les quatre saisons de la Xanthie paillée : les oeufs passent l’hiver à l’abri d’un repli d’écorce ; au printemps, les chenilles dévorent les chatons du peuplier ; les chrysalides patientent tout l’été au sol ; émergence des adultes en automne…

Mousse, lichen, anfractuosités de l’écorce des peupliers : autant d’abris où les oeufs de la Xanthie paillée pourront passer l’hiver… Et un garde-manger pour les oiseaux ! Ici le petit Grimpereau.