L’Osmie hélicicole

Osmie hélicicole sur épi de salicaire.

Comme son nom vernaculaire le suggère, l’Osmie hélicicole aménage le nid de sa progéniture dans une coquille d’escargot !

Osmie hélicicole sur épi de salicaire.C’est plutôt frustrant de côtoyer une abeille hélicophile au jardin sans jamais l’avoir encore vue à l’oeuvre ! Hélicophile ? Ce penchant pour les escargots n’a évidemment rien à voir avec celui de la Grive musicienne, experte dans l’art de la décortiquer et de les bouloter. Non, il s’agit ici d’utiliser une coquille vide pour y aménager son nid ! Comme d’autres creusent un terrier, perforent un bois mort, évident une tige de ronce ou squattent une des cavités d’un hôtel à insectes.

Même si elle n’a pas l’apanage d’une telle pratique, l’Osmie hélicicole (Osmia aurulenta) lui doit son nom vernaculaire. Alors, comment installer sa progéniture dans pareil habitat tirbouchonné ? Comme toujours chez les abeilles sauvages. Quel que soit le lieu. En aménageant des loges individuelles successives, chacune accueillant un oeuf et son garde-manger. Avec ici un matériaux original pour tapisser les parois, séparer les loges, façonner l’opercule de fermeture de la coquille : un ciment végétal fabriqué en mâchouillant des fibres fraîches.

On aimerait voir ça ! En attendant, thorax brun-rouge, court abdomen rythmé de fines bandes claires, brosse ventrale de collecte rouge : voici Madame Osmie hélicicole affairée sur un épis de Salicaire. La coquille ne doit pas être très loin !

Osmie hélicicole sur épi de salicaire.

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L’Andrène agile chez sainte Catherine !

Mi avril 2024. Comme chaque printemps, l’église Sainte-Catherine de Magné accueille quelques nids d’andrènes agiles. Ici, les pattes arrière chargées de pollen jaune, une femelle approvisionne son couvain au creux du mortier séculaire.

L’Andrène agile investit ordinairement talus ou vieux murs pour aménager son nid. Alors, pourquoi pas l’église Sainte-Catherine de Magné ?

L'Andrène agile chez sainte Catherine !

Des dizaines d’abeilles solitaires réunies en une petite congrégation : les nids des « colocataires de sainte Catherine » ne sont pas loin les uns des autres certes. Mais en toute indépendance.

Au jardin, on la voit depuis quelques temps sur la Moutarde blanche et sur les pommiers en fleurs. Et voilà déjà la période de nidification pour l’Andrène agile (Andrena agilissima) dont les femelles, hyper actives, creusent et aménagent les galeries souterraines où elles vont bientôt pondre.

Pour cela, elles apprécient ordinairement les parois verticales. Un talus au pied d’une haie par exemple fait très bien l’affaire. Ou les murs d’une vieille grange. Mais là, en toute simplicité, elles ont jeté leur dévolu sur le mur nord de l’église Sainte-Catherine de Magné (Deux-Sèvres) !

Les joints de mortier séculaire se prêtent il est vrai merveilleusement aux excavations. Elles sont ainsi plusieurs dizaines à s’affairer. Cela dit, la promiscuité à ses limites. Car l’Andrène agile reste une abeille solitaire. Ensemble, elles vont constituer une petite « bourgade ». Soit. Pour autant, à chacune son couvain !

Accessible depuis le parement du mur nord, chaque « terrier » desservira une véritable nurserie organisée en une dizaine de cellules. Avec un oeuf et son « garde-manger » par cellule. Sitôt l’éclosion, chaque petite larve trouvera son casse-croute : une belle boulette de pollen mêlé de nectar. De quoi préparer la nymphose puis la longue attente avant l’émergence. Au printemps prochain. Sous la protection de sainte Catherine !

L'Andrène agile chez sainte Catherine !

Une dominante noire aux reflets bleutés : l’Andrène agile présente des mèches blanches sur la face, les flancs arrière de l’abdomen et le pourtour du thorax. Les brosses de collecte des femelles, sur les pattes arrière, sont également blanches.

L’installation des colocataires

L'Andrène agile chez sainte Catherine !

Avant de pondre puis de collecter pollen et nectar pour approvisionner le nid, l’Andrène argile doit se faire terrassière. À coups de pattes et de mandibules… On ne voit là que des femelles : les mâles, passé l’accouplement, ont disparu de la circulation !

L'Andrène agile chez sainte Catherine !

Il n’y a qu’une seule génération par an chez l’Andrène agile. L’actuelle disparaîtra en juillet. Et la suivante patientera jusqu’en avril prochain, bien à l’abri dans le mortier de l’église Sainte-Catherine !

L'Andrène agile chez sainte Catherine !

Les allées et venues des  « colocataires » du mur nord de l’église de Magné ont pu inquiéter quelques passants. Surtout lors de l’aménagement. Mais non, il ne s’agit pas d’un essaim. À proprement parler, les andrènes ne sont d’ailleurs pas grégaires. Si elles peuvent partager un même site de nidification, parfois le même « vestibule », les nids y sont totalement indépendants. Elles n’ont pas de reine ni de nid collectif à défendre collectivement. Bref, elles ne présentent guère de danger. Le mieux est de les laisser tranquilles !

L'Andrène agile chez sainte Catherine !

Pourquoi creuser quand un « terrier » abandonné offre une belle opportunité ? Ainsi,  malgré quelques vestiges de toile d’araignée à l’entrée, cette cavité semble inoccupée. Une exploration s’impose. On perçoit bien ici les reflets bleutés des ailes et de l’abdomen.

Mais gare ! Le piège ici est tout frais et la Ségestrie florentine ne fait pas de quartier !

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L’Andrène agile au jardin

Sur la Moutarde blanche : ne l’appelle-t-on pas parfois l’Andrène des crucifères ?

Sur la Sarriette en fleurs.

En pause sur un pétale de tulipe.

 

La Mélecte commune

Mélecte commune sur Grémil bleu-pourpre.

Abeille-coucou attitrée de l’Anthophore plumeuse, la noire Mélecte commune rôde au long des talus en fleurs. Dans l’attente de l’instant propice…

Au pied d’une haie où court et s’épanouit le Grémil bleu pourpre. Chaque printemps, en mars-avril, on y rencontre notamment deux abeilles sauvages inséparables. La Mélecte commune (Melecta albifrons) et l’Anthophore plumeuse (Anthophora plumides). Un duo mortifère.

Anthophore plumeuse, cible privilégiée de la Mélecte commune.

Le talus des fossés, au pied des haies, c’est le paradis pour l’Anthophore plumeuse : une terre facile à creuser pour aménager son nid et des fleurs à gogo au printemps ! Nétait la Mélecte commune qui rôde…

Elles ne se ressemblent guère. La première est à dominante noire, le thorax brun grisâtre, les pattes et les flancs animés de petites touffes blanches. La seconde a un côté nounours, la silhouette plus ramassée, avec une fine fourrure gris fauve. C’est surtout une stakhano du butinage. Vive, toujours en mouvement, insaisissable.

La Mélecte aussi butine. Mais tranquille. Avec une seule bouche à nourrir. La sienne ! Alors que l’industrieuse Anthophore, elle, doit garnir le garde-manger de sa progéniture. 

On l’aura compris : la première est une abeille-coucou, la seconde sa cible. Avec une stratégie toute simple : surveiller les allées et venues de l’Anthophore pour profiter de son absence au nid. Le temps d’une nouvelle collecte. Juste assez pour aller pondre : un oeuf par cellule. Sitôt éclose, chaque larve intruse croquera sa concurrente pour mieux s’approprier ses réserves de nectar et de pollen. 

Mélecte commune sur Grémil bleu-pourpre.

Mine de rien, la Mélecte butine et surveille les allées et venues de sa cible…

Et puisque le jardin accueille ordinairement l’Anthophore à pattes plumeuses, la Mélecte commune ne saurait manquer le rendrez-vous ! Ici sur une inflorescence de phacélie.

Mais attention ! L’abeille-coucou doit faire vite. L’anthophore chargée de pollen peut revenir à tout moment. Si elle surprend alors l’intruse, elle aura tôt fait de la chasser manu militari. Non mais !

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