Proximité immédiate du marais oblige : le jardin accueille une bonne vingtaine d’espèces de libellules et demoiselles. Toutes excellentes chasseuses.
Certaines chassent à l’affût. D’autres patrouillent inlassablement et ne se posent que rarement. Libellules et demoiselles n’ont que le halage à traverser depuis la Sèvre niortaise toute proche.
Les secondes sont évidemment les plus discrètes. Surtout le très petit Agrion élégant dont seule la femelle immature attire un peu l’attention avec son thorax rose orangé… Nettement plus imposant, le Leste vert bénéficie toutefois d’une livrée bronze qui le fait oublier dans la végétation du jardin.
Il est plus difficile pour le Caloptéryx éclatant de passer inaperçu ! Outre les taches sombres de ses ailles, il est vite trahi par ses éclats, bleus ou verts selon le sexe, mais toujours métalliques.
Le temps de l’observation
La détermination est souvent délicate. D’autant que la couleur change avec l’âge et le sexe. Ainsi, la femelle de la Libellule fauve hésite entre le brun et l’orangé quand le mâle se couvre d’une pruine bleue. Pour sa part, la femelle du Sympétrum rouge-sang est plutôt jaune.
Et pour compliquer le tout, certaines appellations consacrées sont trompeuses, comme celle de l’Aeschne bleue dont la couleur dominante est… vert pomme. Alors que l’Orthétrum brun est on ne peut plus bleu !
Raison de plus pour prendre le temps de les observer pour pointer quelques détails déterminants. Dans leur silhouette, la forme et le dessin de leur abdomen, les sutures de leur thorax, la configuration de leurs ailles… Dans leur comportement aussi.
C’est l’objet de cette galerie d’une vingtaine de portraits. Chacun renvoie à une rencontre sur le terrain. Au jardin ou dans le marais alentour.
Source :
Petites demoiselles…
Thorax et anneau abdominal bleu vif sur fond noir. Du moins pour le mâle. Car les femelles de l’Agrion élégant nous en font voir des toutes les couleurs…
Elle tient son nom populaire de la divinité grecque des fleuves et des rivières. La Sèvre niortaise en l’occurrence pour la Naïade aux yeux bleus du jardin !
Une dominante rousse et des yeux bleus ! Monsieur Agrion orangé ne ressemble à aucun autre. Madame est plus discrète avec des couleurs plus délavées.
L’Agrion délicat : un abdomen entièrement rouge chez le mâle et… certaines femelles.
Puissantes mandibules, tibias aplatis hérissées de longues soies noires : le petit Agrion à larges pattes est taillé pour la chasse en vol.
Comment distinguer les demoiselles du jardin ? Avec l’Agrion mignon, il suffit de repérer la partition des segments et demi-segments noirs ou bleus…
Agrion de belle taille, le Leste vert chasse les petits insectes ravageurs du potager. Mais pas que. Il dévore ici une coccinelle. Personne n’est parfait !
Bleu soutenu pour Monsieur. Vert bronze pour Madame. Une livrée métallique pour le Caloptérix éclatant !
… et quelques libellules
De magnifiques yeux vert-jade. Un thorax vert-métallique. Et un abdomen vert-bronze, sombre, rehaussé d’une suite de taches jaune-orangé en face dorsale pour la Cordulie à corps fin.
Un abdomen large et plat pour la Libellule déprimée. Brun bordé de jaune d’or chez la femelle. Bleu ciel chez le mâle.
Massive et lumineuse, la Libellule fauve ne passe pas inaperçue au potager. Jaune orangé pour Madame. Bleu clair pour Monsieur.
Qu’on ne s’y trompe pas. Immobile, comme indifférent à tout ce qui l’entoure, le Gomphe à pattes noires, n’en est pas moins en chasse…
Comme une pince à sucre ! Monsieur Gomphe à pinces est particulièrement bien équipé pour agripper sa belle !
Proche cousin du Gomphe à pinces (ci-dessus), le Gomphe à crochets (Onychogomphus uncatus) s’en distingue notamment par ses yeux franchement bleus.
Également en jaune et noir : le Gomphe de Graslin termine son casse-croute, les restes d’un petit insecte encore en bouche !
Les ailes rabattues vers l’avant, la silhouette de Madame Orthétrum réticulé est parfaitement immobile. Ou presque. De petits mouvements secs de la tête trahissent un perpétuel qui-vive.
Pas un rouge quelconque ! Le Sympétrum rouge-sang, le bien nommé. Même si, comme souvent chez les libellules, la femelle est jaune.
Malgré son nom, l’Orthétrum brun est presqu’entièrement bleu. Le mâle du moins. Naissance des ailes, face et yeux compris.
Quels yeux ! Une large palette de bleus y rend l’Aeschne affine joliment expressive lorsqu’elle prend (rarement) le temps d’une pause.
Le nom d’Aeschne bleue est un trompeur. C’est en effet le jaune vert-pomme et le brun foncé qui dominent. Avec quelques touches de bleu uniquement pour le mâle.
Le discret accouplement de l’Aeschne mixte n’en finit pas. Un classique du début d’automne avec cette libellule aux couleurs variées et contrastées.
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