Le Point de Hongrie

Point de Hongrie sur sarriette en fleurs.

Deux générations successives pour ce très discret petit papillon. Au printemps comme en été, le Point de Hongrie butine quasi incognito au jardin.

Point de Hongrie sur scabieuse.

Avec un peu de soleil, sa livrée paraît moins tristounette. Dans une dominante brun grisâtre, le Point de Hongrie (Erynnis tages) présente alors un sobre décor chiné aux antérieures. Des bandes alternativement sombres et claires assez brouillonnes. 

Outre cette livrée tachetée plus ou moins délavée, ce modeste papillon présente quelques signes distinctifs de la famille des Hespéries : gros yeux sombres, fortes antennes de forme de massue, ailes à 45° au repos. 

Il se distingue ici par une ligne pointillée claire, comme brodée (d’où son nom) aux marges extérieures, y compris des postérieures et du revers sur un fond brun quasi uniforme. 

Sur la planche des aromatiques, où il butine les petites fleurs mauves de la sarriette, ou tout à côté sur les capitules bleus de la scabieuse, le Point de Hongrie se remarque à peine. Gare à ne pas le déranger. Car, avec son vol rapide et ses brusques changements de direction, il aura tôt d’échapper à votre regard.

Remarquer l’extrémité des antennes, en forme de massue recourbée. Et les yeux sombres assez proéminents. Le Point de Hongrie émerge en avril, pour deux générations successives, l’une printanière (avril-juin), l’autre estivale (juillet-septembre). Ce sont les chenilles de la seconde qui hivernent et se nymphosent au printemps suivant.

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Deux cousins

Même taille, même silhouette, même dominante brune tachetée de gris pour cette cousine familière du jardin, l’Hespérie des potentilles.

Hespérie de la mauve : les fameuses "dents de requin" en bordure des ailes postérieures.

Décor marbré plus présent et plus lumineux pour  l’Hespérie de la passe-rose.

 

Les quatre saisons du Paon du jour

Avec quatre gros « yeux » irisés pour assurance-vie, le Paon du jour illumine le jardin en toutes saisons. Et hiverne à l’état adulte.

Sans doute le plus spectaculaire, sinon le plus bluffant, parmi les grands voiliers du jardin. Le Paon du jour (Aglais io) n’a en effet pas son pareil pour surprendre son monde. Quel saisissant contraste entre son ténébreux profil brunâtre et l’éclat rougeoyant de ses larges ailes déployées !

Paon du jour sur lierre en fleurs.

Bien sûr, ce sont ses quatre gros « yeux » qui retiennent d’abord l’attention. À l’apex de chaque aile, leur pupille irisée joue avec le noir, le blanc, le rouge orangé et le bleu. On songe aux ocelles moirés du paon dont il tire son nom vernaculaire.

De quoi intriguer, voire effrayer les éventuels prédateurs ? En tout cas, si d’aventure les plus belliqueux donnent du bec contre ces étranges « regards », le Paon du jour sauvera l’essentiel : une aile esquintée peut-être mais sans dommage pour les organes vitaux.

Il ne sera jamais trop prudent. Car si la plupart des papillons du jardin ont une espérance de vie limitée, de quelques semaines, lui fait partie des rares espèces au long cours – avec le Vulcain et la Citron notamment – qui traversent les quatre saisons en une seule génération. Né au printemps, quand ses chenilles sont assurées de trouver de généreuses touffes d’ortie, il butine tout l’été et jusqu’au bout de l’automne, pour passer l’hiver calfeutré à l’état adulte. Ce sont donc de « vieux » papillons rescapés qui émergent en février-mars, avec une seule obsession : s’accoupler et passer enfin le relai.

Au sortir de l’hiver

Paon du jour sur capitule de pissenlit.

Mi mars 2022. Vivent les pissenlits et autres plantes sauvages pour ac cueillir les premiers butineurs !

Début mars 2019. Les arbres fruitiers en fleurs, quelle régalade !

Paon du jour sur laurier tin.

Fin février 2019. Vous cherchez le Paon du jour un après-midi ensoleillé de février-mars ? Faites un tour auprès du laurier tin  !

Début mars 2024. Sur les prunelliers en fleurs des haies.

Au printemps

Mi-avril 2020. Un des premiers visiteurs de la sarriette en fleurs.

Paon du jour sur ronce en fleurs.

Début juin 2020. Au bord des haies, sur les fleurs de la ronce commune.

En été

Paon du jour sur épis de buddléia.

Mi-juin 2023. Oui bien-sûr, un passage par le buddléia s’impose mais le Paon du jour ne s’y éternise pas. Il y a tant à butiner au jardin en cette saison !

Fin juin 2023. Sur un capitule d’échinacée : après le nectar, le bain de soleil.

 

Fin juin 2023. Précieux cosmos ! Ils seront disponibles jusqu’au bout de l’automne…

En automne

Paon du jour sur menthe aquatique.

Début octobre 2022. Sur la menthe aquatique, une silhouette brun foncé et soudain…

… dans un éclair rougeoyant, les quatre « yeux » irisés du Paon du jour. De quoi surprendre voire effrayer les éventuels prédateurs.

Mi-octobre 2023. Parmi les commensaux du lierre en fleurs.

Fin-Octobre 2023. Sur les derniers capitules de la crépide fausse vipérine.

Les chenilles

Chenille du Paon-du-jour sur ortie.

Principalement sur l’ortie : une dominante noire, mouchetée de points blancs et hérissée de soies épineuses (non urticantes).

Ses longues lianes ne manquent pas de supports en bordure de Sèvre niortaise. Familier du Marais poitevin, le houblon sauvage envahit aulnes et frênes, passe d’un arbre à l’autre, se laisse parfois aller à courir sur les berges. C’est, avec l’ortie, une des principales plantes hôtes du Paon du jour.

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L’Andrène limpide

Andrène limpide (Andrena nitida) sur capitule de pissenlit.

Une abeille sauvage à pourpoint roux. Le solide Andrène limpide se distingue par un abdomen noir luisant presque glabre.

Andrène limpide (Andrena nitida) sur capitule de pissenlit.En cette fin d’hiver, les andrènes comptent parmi les abeilles sauvages les plus précoces du jardin. Ainsi l’Andrène limpide (Andrena nitida) dont le lumineux thorax roux retient l’attention. Le contraste est saisissant avec l’épais abdomen noir luisant, à peine rehaussé d’une fine pilosité latérale grise.

Massive (environ 15 mm), il s’agit ici d’une femelle. Sur les pattes arrière noires, les brosses de collecte, également foncées, grisâtre au trochanter, sont encore vacantes. Chaque chose en son temps.

D’abord prendre des forces, entre émergence et accouplement, avec la complicité des généreux pissenlits. La très prochaine explosion fleurie des haies et des arbres fruitiers donnera le signal : il y aura alors assez de nectar et de pollen disponibles pour approvisionner les futures larves. Pour la solitaire, il sera temps de creuser un nid et de pondre. Dans les prairies alentour ou les parties enherbées du jardin.

Andrène limpide (Andrena nitida) sur capitule de pissenlit.

L’incontournable pissenlit pour rassasier les abeilles solitaires émergentes.

Gare aux stylops !

Andrène stylopisé sur capitule de pissenlit.

Comme un onglet roussâtre inséré entre deux plaques abdominales de l’abeille sauvage. Tout juste émergée et déjà parasitée… Le stylops qu’elle héberge désormais ne la quittera plus. À la fois gîte et garde-mangé, la malheureuse n’y pourra mais. Confortablement encapsulé sur le dos de l’andrène, l’intrus lui pompera les fluides internes. Inexorablement.

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