L’Agrion élégant

Agrion élégant, femelle immature.

Thorax et anneau abdominal bleu vif sur fond noir. Du moins pour le mâle. Car les femelles de l’Agrion élégant nous en font voir des toutes les couleurs…

Femelle immature de forme « violacea » (thorax bleu-lilas)

Quand le regard s’aiguise un peu au jardin, les petites demoiselles commencent à se distinguer les unes des autres. C’est a priori facile pour l’Agrion élégant (Ischnura elegans) à raison de son très fin abdomen noir. Et de l’anneau bleu qui en marque l’extrémité en forme de légère massue.

Agrion élégant, femelle immature.

Femelle immature de forme « rufescens » (thorax rose-orangé)

Facile ? Voire. Car rien n’est jamais vraiment simple chez les demoiselles. En l’occurrence, il faut compter avec la couleur juvénile variable du thorax et de la naissance de l’abdomen. Plutôt verdâtre pour les jeunes mâles. Parfois bleu lilas (forme violacea), parfois rose orangé (forme rufescens), pour les jeunes femelles.

Le thorax du mâle vire rapidement au bleu vif. À l’unisson de l’anneau abdominal. Mais les femelles adultes ne sont pas aussi binaires.

Mâle immature au thorax bleu-vert.

Deux formes pour les immatures, trois pour les adultes ! Certaines juvéniles bleu-lilas voient ainsi leur thorax devenir entièrement bleu vif. Elles sont alors très comparables aux mâles. Rien de tel pour d’autres dont le thorax mais aussi l’anneau abdominal virent au vert !

Quant aux juvéniles rose-orangé, elles deviennent plutôt jaune-orangé, sauf l’anneau abdominal qui vire au brunâtre. Encore faut-il compter aussi avec tous les stades intermédiaires et avec des couleurs loin d’être toujours bien tranchées… Bref, ces dames brouillent les pistes !

Reste la silhouette, caractéristique, inchangée d’une forme l’autre. Accentuée par la finesse de l’abdomen, la petite taille de l’Agrion élégant (trois centimètres tout au plus) le rend particulièrement discret. Il n’en tient pas moins son rang, solitaire ou en petite bande, parmi les chasseurs assidus du potager.

Sources : 

Un abdomen très fin à l’extrémité en forme de massue. La tête de l’Agrion élégant est très mobile. Pour mieux surveiller les proies potentielles.

Début juin 2021. En pause sur une jeune pousse de Rudbeckia. Femelle immature au thorax rose orangé.

Mi août 2021. Femelle immature, forme « bleu-lilas ». Rien de tel que la planche de Moutarde blanche quand on chasse les petits insectes en tous genres !

 

Madame Sympétrum strié

Sympétrum rayé, femelle.

Pour ses parties de chasse à l’affût, Madame Sympétrum strié a ses habitudes sur les hautes herbes de la périphérie du potager.

Sympétrum rayé, femelle.Comme les nombreuses autres libellules du jardin, le Sympétrum strié (Sympetrum striolatum) y vient chasser en voisin. Il n’a que le halage et la haie à passer depuis la Sèvre niortaise.

Il s’agit ici d’une femelle dont le corps brun clair se teinte parfois de jaune, notamment sur les grandes plaques thoraciques. Nettement soulignées d’une ligne noire, les sutures de celles-ci ont
donné son qualificatif à l’espèce. Un aspect « rayé » renforcé par la succession de traits longitudinaux noirs de l’abdomen.

Un soupçon de rouge apparaît à l’attache des ailes. Il rappelle la couleur rougeâtre du mâle dont la livrée est cependant bien moins éclatante et uniforme que celle du Sympétrum rouge-sang. Les deux sexes présentent des pattes épineuses noires aux tibias et fémurs marqués d’une ligne claire, plutôt jaune, bien distincte.

Pour ses affûts, le Sympétrum strié apprécie les piquets des tomates ou les outils qui « traînent » au potager. Mais pas que. Il fréquente aussi les fleurs et, mieux encore, les grandes herbes des bords de haies ou de clôture. Sans doute les proies de passage y sont-elles plus nombreuses…

En savoir plus sur le Sympétrum rayé avec le site quelestcetanimal.com

Sympétrum rayé, femelle.

Femelle, ligne dorsale rouge. Bain de soleil automnal sur une feuille morte de peuplier (octobre 2019).

Début juin 2021. Jeune femelle à l’affût sur un épi déplumé de Brunelle commune.

Fin août 2021. Un outil qui traîne au potager ? Allons donc ! En cette saison, la binette est mieux dehors que dedans ! Accessoirement, voilà un confortable poste d’observation pour Madame Sympétrum rayé, en chasse au jardin.

Fin septembre 2021. À l’affût au bord du halage.

Rouge délavé nuancé d’orangé : sauf sur le thorax où de vifs contrastes animent la marqueterie emblématique de Monsieur Sympétrum strié.

 

La Naïade aux yeux bleus

Naïade aux yeux bleus, mâle.

Elle tient son nom populaire de la divinité grecque des fleuves et des rivières. La Sèvre niortaise en l’occurrence pour la Naïade aux yeux bleus du jardin !

Naïade aux yeux bleus, mâle.

Mâle en pause sur une feuille de sauge. Quelques secondes seulement avant de repartir en chasse. Pour souvent revenir à la même place.

Naïade aux yeux bleus, femelle.

Outre ses trois couleurs (vert, bleu, brun clair), la femelle se distingue par une ligne dorsale noire assez large, en lieu et place des marques lancéolées du mâle.

Les agrions plus ou moins bleus sont aussi nombreux que variés. Pas toujours facile de les distinguer les uns des autres lorsqu’ils passent au potager. Encore moins de les identifier avec précision. Sauf pour la petite Naïade aux yeux bleus (Erythromma lindenii) !

Ce ne sont pas lesdits yeux qui font la différence. Ils ne sont bleu vif en effet que chez le mâle quand ceux de la femelle sont plutôt jaune verdâtre. À l’unisson, à vrai dire, de la couleur dominante d’un sexe l’autre.

Le mâle se singularise encore par deux cerques bien saillants et recourbés à la pointe de l’abdomen. Ce qui vaut à l’espèce un de ses autres noms vernaculaires, l’Agrion à longs cercoïdes. Mais c’est surtout à l’arrière de la tête de Madame comme de Monsieur que se situe « le » signe distinctif : trois tirets assez épais. Bleus pour le mâle. Verdâtre pour la femelle bien entendu.

En cette saison, le ballet de la Naïade aux yeux bleus est incessant au jardin. Dès que le soleil est suffisamment haut. De courtes pauses sur fleurs et légumes. Elle ne tient guère en place. Toujours en chasse.

Naïade aux yeux bleus, femelle.

Ici sur fond de l’abondant feuillage des cosmos, le verdâtre domine à l’avant, y compris les yeux, chez la femelle qui présente néanmoins quelques zones bleues sur l’abdomen. Et une pointe abdominale  brun clair.

Mâle à l’affût sur une feuille de graminée au bord du halage. Sans tirets post-oculaires ici.

Naïade mâle surpris en plein casse-croute.

Pause sur l’épi d’une graminée. Les longs cerques recourbés du mâle sont ici bien visibles.

Dégustation d’une éphémère sur une feuille de rhubarbe.

En savoir plus :