Les Nomades du jardin

Nomades du jardin : Nomada sp. sur Sarriette en fleurs.

Avril-mai. C’est la pleine saison des petites Nomades du jardin. Comme celles des Andrènes. Et pour cause !

Nomades du jardin : Nomada sp. sur Sarriette en fleurs.Noires, rayées de jaune, plus ou moins mâtinées de roux : on jurerait de petites guêpes. Mais ce sont bien des abeilles sauvages. Les Nomades du jardin (Nomada sp.) doivent leur nom à leurs incessantes allées et venues. Fines et de petite taille, on les remarque à peine, furetant au raz du sol, dans les allées comme sur le paillis des planches cultivées.

Il en existe de très nombreuses espèces, très difficiles à distinguer les unes des autres, avec un point commun : toutes sont de redoutables abeilles-coucou ! Car elles ne furètent pas au hasard. Elles cherchent des nids d’abeilles terricoles – plus particulièrement des nids d’Andrènes – pour les parasiter.

À chaque espèce de Nomade son espèce d’Andrène attitrée ! Ou presque. Cette spécialisation n’a rien d’exceptionnelle : la plupart des abeilles-coucou ont ainsi leur cible favorite. Sensibles à leurs phéromones particulières, elles en débusquent d’autant plus aisément les couvains pour y installer leur progéniture. 

Nomades du jardin : Nomada sp. sur Sarriette en fleurs.

Nomades ! L’appellation remonte au XVIIIe siècle. Pas sûr qu’aujourd’hui, si c’était à refaire, tel nom générique quelque peu stigmatisant soit repris, en référence aux vadrouilles et au comportement cleptoparasite de ces abeilles-coucou !

En savoir pluS :

Le Téléphore moine

Un discret auxiliaire. Le Téléphore moine chasse notamment larves et chenilles. Et sa progéniture adore escargots et petites limaces.

Téléphore moine sur ombelle de Cerfeuil des bois.Son cousin, le petit Téléphore fauve, grand amateur de pucerons, est familier du jardin où il patrouille parfois en grand nombre à la belle saison. De plus grande taille, un bon centimètre et demi, le Téléphore moine (Cantharis rustica) est tout aussi utile. Et ses larves davantage encore !

En ce début de printemps, noir mâtiné de rouge, avec un petit coeur au centre du scutellum, on le rencontre surtout sur les ombellifères, notamment celles du Cerfeuil des bois. Il s’y gave de nectar mais, également carnivore, il n’hésite pas à croquer les petits insectes de rencontre. Notamment les chenilles. 

Sa progéniture se développe au sol. On aimerait lui montrer le chemin du potager. Et plus particulièrement des semis de salades, de carottes et de radis. Car si elle fait son ordinaire de petits insectes et larves en tous genres, elle a surtout un péché mignon : les petites limaces et les escargots ! 

Sources : 

Téléphore moine sur ombelle de Cerfeuil des bois.

L’abdomen rouge-orangé n’est pas entièrement recouvert par les élytres noirs. Une tache noire, plus ou moins en forme de coeur, au centre du scutellum rouge sang. Antennes annelées noires, premiers articles rouge-orangé.

Téléphore moine sur ombelle de Cerfeille des bois.

Silhouette allongée. Fine pubescence sur les élytres noirs. Pattes noires avec fémurs tachés de rouge.

Volontiers chasseur, le Téléphore moine est aussi une proie ! Victime ici d’une araignée crabe.

Deux cousins

Un cousin presque semblable. Ici, poudré de pollen, sur une feuille de Cornouiller sanguin, le Téléphore sombre (Cantharis fusa) présente notamment un pronotum rouge avec une tache sombre, non pas centrale mais touchant le bord antérieur. Son régime est le même : nectar mais aussi pucerons et petits insectes.

Téléphore fauve sur feuille de marguerite / Un jardin dans le Marais poitevin.

Même silhouette allongée. Une dominante orangée marquée de noir à l’extrémité des élytres. Le Téléphore fauve est également amateur de nectar et carnivore. Grand consommateur de pucerons notamment.

 

L’Éristale des fleurs

Éristale des fleurs sur touffe d'achillée.

Une jolie mouche de la très grande famille des syrphes. L’Éristale des fleurs se partage entre butinage et farniente au soleil.

Éristale des fleurs au repos.

Les avis divergent. On l’appelle parfois Syrphe à tête de mort. Et même Syrphe de Batman ! Selon la lecture faite des taches noires du thorax.Quoiqu’l en soit, l’Éristale des fleurs (Myatropa florea) est une grosse et jolie mouche, membre de la famille des syrphes dont elle adopte volontiers le vol stationnaire.

Cela dit, si la plupart des larves de syrphes sont siphonneuses de pucerons, celles de la branche des éristales ont un régime moins ragoutant. Elles s’épanouissent dans les eaux fangeuses et sont munies d’une sorte de tuba qui leur valent le surnom de « vers à queue de rat ». Elles contribuent ainsi à l’épuration des eaux chargées en matières organiques.

Avec son abondante et lumineuse pilosité jaune, l’Éristale des fleurs se distingue aisément de ses cousines les Éristales tenace et opiniâtre, plus sombres. Elles ont cependant des moeurs comparables. Au jardin, elles butinent avec beaucoup de constance. Mais elles apprécient aussi les bains de soleil et les longues toilettes au bord des haies.

Éristale des fleurs sur capitule de pissenlit.

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