Le Réduve pirate

Réduve pirate sur feuille d'hémérocalle.

Chasseur au sol, toujours en mouvement, le Réduve pirate participe à la régulation des populations d’insectes ravageurs.

Réduve pirate sur feuille d'hémérocalle.

Les punaises ont mauvaise réputation au jardin où, piqueuses-suceuses, elles peuvent endommager légumes ou fruits. Du moins si elles interviennent en grand nombre. Mais en voilà une que l’on aurait tort de redouter. Le Réduve pirate (Peirates stridulus) se tient généralement au sol où il se déplace avec vivacité : il chasse !

Piqueur-suceur comme toutes les punaises, il n’a pour sa part que faire de la sève des végétaux. Son rostre court et épais est plutôt destiné à perforer la cuticule de ses proies, petits insectes ou araignées, qu’il siphonne après injection d’une substance liquéfiante.

Avec une silhouette étroite, allongée, le Réduve pirate présente une dominante noire rehaussée de rouge sur les marges abdominales et en bordure des élytres. À noter cinq taches noires en vue dorsale qui vont s’amenuisant vers l’avant. 

Attention : si cette punaise est plutôt utile au jardin, si elle plus fuyante qu’agressive, mieux vaut ne pas la manipuler : sans conséquence pour l’homme, sa morsure défensive n’en est pas moins très douloureuse.

Réduve pirate sur feuille d'hémérocalle.

Le rostre court et épais est bien visible dans cette vue de profil.

Une cousine

Miride rouge, sur jeune pousse de rudbeckia.

Carnassière, la Miride rouge chasse petites mouches, pucerons, larves et acariens.

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Le Demi-diable

Demi-diable sur lupin arbustif.

Piqueur, suceur, sauteur : le Centrote cornu – alias la Cigale épineuse – porte un casque étrange qui lui vaut le surnom de Demi-diable.

Demi-diable sur lupin arbustif.On a déjà vu ici son cousin, le vert Membracide bison, un petit piqueur-suceur, doué d’une prodigieuse détente dans le saut tant en hauteur qu’en longueur. Le Centrote cornu (Centrotus cornutus) est tout aussi vif et lilliputien (7-8 mm) mais un peu moins discret. Surtout en cette saison sur les tiges et les feuilles du lupin arbustif !

Deux petits yeux ronds, brun clair, tout en bas de la tête. Un front très haut, brun-gris, couronné de deux « cornes » pointues, avec une troisième excroissance, lancéolée, ondulée et étirée vers l’arrière. L’ensemble forme un « casque » étrange auquel fait écho le surnom de Demi-diable. On l’appelle également Cigale épineuse en référence à ses ailes caractéristiques, aux nervures aussi rougeâtres que les pattes.

Comme celles des cicadelles ou des cercopes, ses larves se développent actuellement à l’aisselle des feuilles de nombreuses herbacées. Sous la protection des fameux « crachats de coucou ». Adultes et progéniture se nourrissent de la sève siphonnée sur feuilles et tiges tendres. Sans grand dommage pour les plantes hôtes.

Demi-diable sur lupin arbustif.

« Crachat de coucou »

Ici à l’aisselle d’une feuille d’oseille sauvage, un « crachat de coucou », protection spumeuse des larves de cercopides et autres membracides, dont le Demi-diable.

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Le Panache jaune

Panache jaune, mâle.

Le Panache jaune ne mesure que 7-8 mm. Hors les impressionnantes antennes bien sûr. Les femelles en sont dépourvues. Elles n’ont même pas d’ailes !

Sans aucun doute, l’insecte auxiliaire le plus superbement « encorné » du jardin ! Avec ses spectaculaires antennes en forme de peigne, Monsieur Drile jaunâtre (Drilus flavescens), alias le Panache jaune, perçoit de loin les phéromones de Madame. Comment faire autrement pour trouver l’âme soeur ?

Car celle-ci ne vole pas. Ni ailes, ni élytres. Petites pattes et petites antennes, elle a plus de la larve que du coléoptère. Mystères de l’amour ! L’accouplement a lieu actuellement pour une ponte avant l’été.

Commence alors une longue vie de squatteur dont profite, sans le savoir, le jardinier ! Car chaque larve du Panache jaune s’attaque bientôt au premier petit escargot venu. Pour le dévorer et s’installer dans sa coquille. À chaque mue, un escargot plus gros. Le cycle peut durer 3 à 4 ans. Quoi de plus confortable qu’une coquille vide, sous la litière de feuilles mortes, pour passer l’hiver ?

Panache jaune à l'envol.

Panache jaune, mâle, à l’envol sur un petit piquet de bambou du jardin. Par l’imagination, supprimez les élytres chamois, les ailes noires, les antennes pectinées, les hautes pattes. Ajoutez de courtes antennes, des petites pattes. Le tout dans une dominante fauve nuancée de noir. Et voilà Madame ! Pour le moins différente du mâle. Si lui fréquente les fleurs et broute le pollen, elle ne prend même pas la peine de s’alimenter et meurt peu de temps après la ponte. Étonnante destinée.

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Cardinal à tête noire / Un jardin dans le Marais poitevin.

Un autre coléoptère joliment « encorné » : le Cardinal à tête noire aux moeurs très différentes. Sans dimorphisme sexuel notamment. Et ses larves chassent les insectes xylophages sous l’écorce et dans le bois des vieux arbres.