L’Aeschne paisible

Aeschne paisible, femelle.

Formes et couleurs de son décor procurent à l’Aeschne paisible un parfait mimétisme avec ses refuges favoris : végétation et mûrs ombragés.

Aeschne paisible, femelle.Les yeux verts, un petit « nez » pointu (le front en fait) et une tenue de camouflage assez terne, mêlant brun, bleu-gris et verdâtre : voilà une libellule qui porte bien son nom. En journée, l’Aeschne paisible (Boyeria irene) se tient en effet le plus souvent à l’ombre, plaquée contre un mur, ou tapie dans le feuillage d’une berge.

Elle fait exception chez les Aeschnes, évitant le soleil pour s’activer, chassant plutôt en fin d’après-midi, à l’ombre des arbres, jusqu’au crépuscule. Le vol silencieux, assez lent, elle est néanmoins capable de brusques accélérations pour fondre in extremis sur une proie.

Peu craintive, elle se laisse ici photographier en milieu de matinée dans la verdure d’une jardinière ombragée de calibrachoa. On la remarque d’autant moins que ses ailes ouvertes, entièrement hyalines, hormis quelques nervures jaunes, sont quasi invisibles. Il s’agit d’une femelle dont la forme dite « typique » présente deux longs cerques à la pointe de l’abdomen. On y devine également son ovipositeur (organe de ponte) sous les deux derniers segments.

Paisible, peu farouche, certes, à condition d’être soi-même discret. Au moindre mouvement brusque, elle disparaît comme par enchantement. Sans bruit. Pour aller se réfugier non loin de là, contre un mur, sous l’épais couvert d’une bignone.

Aeschne paisible, femelle.

Chez le mâle, ici plaqué contre un mur, les deux derniers segments de l’abdomen sont verts.

En savoir plus : 

  • Guide des libellules de France et d’Europe, 2021, K-D.B. Dijkstra et Asmus Schröter, Delachaux & Niesté.
  • Libellule du Poitou-Charentes, 2009, Philippe Jourde, Poitou-Charentes nature éd., pages 132-133.
  • Boyeria irene avec la galerie du site insecte.org.

Le Sténoptère roux

Sténoptère roux sur reine des prés.

Costume queue de pie de rigueur quand le Sténoptère roux visite la Reine des prés. Sans oublier marguerites et cosmos.

Sténoptère roux sur fleur de marguerite.Parmi les petits coléoptères du jardin, en nombre les massifs fleuris, le Sténoptère roux (Stenopterus rufus) se distingue au premier coup d’oeil. Par sa dominante rousse bien sûr. Mais aussi par les renflements de ses fémurs. Et pas uniquement sur les pattes arrière du seul mâle comme chez le l’Oedémère noble.

Ce sont d’ailleurs les petites protubérances des pattes avant et médianes qui retiennent d’abord d’attention. Leur noir bien tranché fait ainsi écho à celui de la tête, du corselet et des « épaulettes » des élytres. Les renflements sont plus fuselés sur les pattes arrière uniformément rouge-orangé.

Enfin, certes réduits à la portion congrue, les élytres n’en ont pas moins des allures d’élégante queue-de-pie ! Roux plutôt foncé, ils laissent entrevoir un abdomen noir rehaussé de bandes blanches.

Comme celles des Leptures, ses larves se développent sur les branches mortes des haies et des fourrés alentours. Pour sa part, le Sténoptère roux adulte préfère le pollen. Particulièrement celui des marguerites et des cosmos. Cela dit, actuellement, il se laisse enivrer par la capiteuse et généreuse reine des prés.

Sténoptère roux sur reine des prés.

Noirs pour les deux premiers, tirant vers le roux ensuite, les articles des longues antennes sont bien visibles. À noter aussi une petite touffe de poils blancs « aux quatre coins » du thorax. Et une tache blanche à la jonction des élytres.

Sténoptère roux sur pétale de cosmos / Un jardin dans le Marais poitevin.

Prostré pendant l’averse sur une feuille de rudbbéckia, en attendant le retour du soleil.

En savoir plus :

  • Guide photo des insectes, 2019, Heiko Bellmann, Delachaux & Nietslé.
  • Le Sténoptère roux avec le site quelestcetqanimal.com

 

Le Clytre des saules

Clytre des saules en ponte.

Le comble du parasitisme… Le Clytre des saules « maquille » en effet ses oeufs pour les faire transporter jusqu’à la fourmilière par les fourmis elles-mêmes !

Madame Clytre des saules (Clytra laeviuscula) est surprise ici en pleine ponte. Entre ses pattes arrière. Elle retient ainsi ses oeufs car, avant de les disséminer, il lui faut les préparer. Elle va donc minutieusement les enduire de ses excréments puis les lâcher sur le passage d’une colonie de fourmis.

Celles-ci vont alors les estimer bons matériaux de construction et les transporter jusqu’à la fourmilière. Sitôt l’éclosion, les larves parasites s’échapperont des parois où elles avaient été incluses pour commencer leur festin. Non sans s’enduire très vite de terre et de leurs propres excréments pour se constituer une gangue protectrice propre à se garder des mandibules des fourmis !

Un thorax noir et luisant d’où la tête dépasse à peine. Des élytres allongés, rouge orangé, marqués de deux points noirs à l’avant et de deux taches plus larges et plus diffuses à l’arrière. Pour sa part, le Clytre des saules se nourrit du feuillage d’arbres divers, saule, peuplier, chêne, orme, noisetier… Mais aussi de pollen. Notamment de marguerite.

Clytre des saules : le feuillage des arbres mais aussi le pollen des marguerites.

Sur une feuille de la Sauge toute-bonne.

À l’escalade d’une tige de Cardère sauvage.

Un cousin

À ne pas confondre avec le Crytocéphale à deux taches (Chryptocephalus biponctatus) dont les élytres, rouge orangé, sont à la fois striés et ponctués. Les  taches noires diffèrent de celles du Clytre : moins diffuses à l’arrière, simples tirets à l’avant. Les antennes sont plus longues, avant les quatre premiers articles tirant vers la jaune.

En savoir plus :

  • Coléoptères d’Europe, Vincent Albouy et Denis Richard, Delachaux/Niestlé
  • Le Clytre des saules avec le site quelestcetanimal.com