Éristale tenace ou opiniâtre ?

Éristale opiniâtre sur inflorescence de crépis.

Éristale tenace ou opiniâtre ? Les deux sont d’excellents butineurs. De gros syrphes presque jumeaux. À la pointe des pattes près !

Fin octobre 2021. Éristale tenace sur inflorescence de lierre.

Ils se ressemblent tant ! Éristale tenace ou Éristale opiniâtre ? Leurs noms eux-mêmes prêtent à confusion. Voilà malgré tout comment les distinguer…

D’abord ce qui rassemble ces deux grosses mouches, parmi les butineurs les plus précoces et les plus familiers du jardin. Le thorax velu brun-roux, l’abdomen conique noir orné de deux taches triangulaires jaune-orangé.

Outre leur massive silhouette, ils ont des comportements très comparables. Vol bruyant, aisément stationnaire, ils ne sont guère farouches. Et si vous les dérangez pendant leur bain de soleil, leur toilette ou leur long butinage, ils s’éloignent pour… revenir exactement au même endroit. Obstinément. Tenace et opiniâtre !

Alors comment les distinguer ? L’Éristale opiniâtre a les tarses des pattes avant jaune-orangé quant l’Éristale tenace les a noirs. Le second présente une face claire. Celle du premier est plutôt sombre.

Comme tous les membres de la famille Éristale, leurs larves – les fameux vers à queue de rat ! – apprécient les eaux chargées en matières organiques en décomposition. De véritables petites stations d’épuration !

En savoir plus :

Mi mars 2022. En pause sur la Moutarde blanche. L’occasion d’examiner le distinguo. Face sombre et tarses avant orangés pour l’Éristale opiniâtre…

… face blanchâtre barrée de noire et tarse avant sombre pour l’Éristale tenace. Autre caractéristique ici bien visible : de solides tibias arrière arqués.

Début février 2023. Encore frisquet mais un ciel si lumineux ! Temps idéal pour les premières sorties de l’Éristale tenace.

 

Derniers tours de piste…

Frelon européen sur feuilles de ronce.

Début novembre. La patrouille du Frelon européen marque le pas. Les pauses se prolongent dans les haies. Prélude à l’hécatombe automnale.

Frelon européen sur Menthe aquatique.C’est bientôt la fin ! Depuis quelques temps, le coeur n’y est plus chez les ouvrières du Frelon européen (Vespa crabro). Les jours qui raccourcissent, la pluie et surtout le froid… Les colonies périclitent. Derniers tours de pistes au jardin. Mais à quoi bon chasser désormais !

Seules les jeunes femelles récemment fécondées échapperont à l’hécatombe automnale. Les futures reines de la saison prochaine ! Avec un impératif pour l’heure : trouver un abri – terrier abandonné ou cavité d’un vieil arbre – pour passer l’hiver. Aux premiers beaux jours, il reviendra à chacune d’entre elles de fonder une nouvelle colonie.

En attendant, les pauses plus fréquentes facilitent l’observation. Le jaune sur fond noir domine, de l’abdomen à la face, avec des nuances orangées sur les mandibules. Quelques touches roussâtres, ici et là, des pattes jusqu’à la naissance des antennes. Le tout dans une superbe indifférence. On est loin de la réputation belliqueuse du frelon. Il est vrai qu’il n’y a plus vraiment aujourd’hui de nid à défendre.

Sources : 

Frelon européen sur feuilles de ronce.

La mauvaise réputation du Frelon européen est plutôt injuste. Nullement agressif (sauf si on s’approche à moins de 5 mètres de son nid), ce n’est pas un « tueur d’abeilles » comme son cousin asiatique. Son régime est davantage diversifié. Ainsi, pour alimenter le couvain, son tableau de chasse est majoritairement constitué de mouches.

Aucun risque de confusion possible avec l’invasif Frelon asiatique, à la dominante noire plus prononcée et dont les marques jaunes, notamment sur la face, sont nettement plus orangée.

 

Prise de tête automnale

Aeschne bleue, accouplement.

Il n’y a pas que le printemps ou l’été pour les acrobaties amoureuses ! Témoin l’Aeschne bleue ici aux abords de la Toussaint…

C’est, avec le Sympétrum rayé notamment, une des libellules les plus tardives du marais. Bien sûr, le gros de la troupe de l’Aeschne bleue (Aeshna cyanea) est estival, mais quelques individus font ainsi de la résistance jusqu’à la mi-novembre…  Et, jusqu’au bout, ils n’ont de cesse que de trouver l’âme soeur. Plutôt deux fois qu’une !

L’accouplement débute en vol. Puis, si le tandem est compatible, les amours se poursuivent, longuement, à l’accroche ici d’une branche de charme. 

Sacrée gymnastique. Le mâle saisit fermement la femelle par la nuque à l’aide de ses solides pinces anales. Consentante, Madame replie alors son abdomen jusqu’à toucher le deuxième segment de Monsieur. Bingo ! Car c’est au prix de cette inconfortable contorsion que les deux acrobates peuvent mettre en contact leurs pièces copulatrices…

La femelle ira pondre, seule, dans un fossé envasé où ses larves se développeront pendant un à deux ans. Les amours automnales ne sont pas terminées pour autant… Au hasard de nouvelles rencontres. Jusqu’aux gelées !

Sources : 

  • Dijkstra, Schröter et Lewington, 2007, Guide des libellules de France et d’Europe, Delachaux et Niestlé.
  • Eric Prud’homme, 2009, in Libellules du Poitou-Charentes, Éd. Poitou-Charentes nature, Fontaine-le-Comte, pp 176-177.
  • nature22.com
Aeschne bleue, accouplement.

Par définition, les deux sexes sont ici rassemblés et facilement identifiables : trois couleurs pour la femelle (vert-pomme, marron, noir) et quatre pour le mâle (les mêmes plus le bleu-ciel).