L’Araignée crabe

Araignée crabe, Thomise variable (Misumena vatia) "saignant" sa proie / Une jardin dans le Marais poitevin.

Ses pattes et sa démarche lui valent le surnom d’araignée crabe. Le Thomise variable est surtout un redoutable chasseur à l’affût.

Araignée crabe, Thomise variable (Misumena vatia) passant l'obstacle des pétales de cosmos / Un jardin dans le Marais poitevin.C’est là-haut que cela se passe. Pour le Thomise variable (Misumena vatia), tout commence donc par une séance d’escalade. Parvenu au coeur de la fleur, ou caché parmi les pétales, il lui suffit alors de beaucoup de patience. En digne membre de la famille des « araignées crabes », il n’en manque pas.

Thomise variable (Misumena vatia) à l'affût au coeur d'une fleur de cosmos / Un jardin dans le Marais poitevin.Ainsi figée pendant des lustres, la petite araignée est étrangement belle. Le corps blanc nacré, barré d’une ligne latérale rouge-orangé, le thorax et les « pattes de crabes » presque translucides. Prête à saisir le premier butineur venu.

Bingo ! Voilà un bourdon des prés. Plus gros qu’elle ? Pas de quoi l’intimider pour autant. L’attaque est en effet foudroyante. Les longues pattes avant enserrent la proie. Puis une morsure à la nuque. Et c’est fini. Il n’y a plus qu’à déguster. 

Dans la bataille, la fleur s’est légèrement couchée. Bien campé à l’arrière des pétales, l’araignée crabe ne perd pas de temps. Elle « saigne » aussitôt le bourdon en commençant par l’abdomen. Cela va durer des heures.

En savoir plus

À défaut d’être imposant, le Thomise variable ne manque pas d’audace. Il est vrai qu’il peut compter sur l’effet de surprise. Et sur la détente irrésistible de ses pattes avant. Alors rien ne peut vraiment l’effrayer. Pas même le Bourdon terrestre.

Ton sur ton avec les pétales de marguerite. Le Thomise variable « siphonne » sa proie, une abeille venue butiner. On perçoit bien ici les deux lignes vertes marquant habituellement le thorax de « l’araignée crabe des fleurs ».

Thomise variable, mâle, sur feuille de Sauge de Jérusalem.

Le mâle de la Thomise variable est du genre gringalet…

Thomises variables, femelle et mâle / Un jardin dans le Marais poitevin.

… mais cela ne l’empêche pas de jouer son rôle, dans un couple à la Dubout !

Mi-avril 2021. Les pattes avant relevées et écartées, dans l’attitude caractéristique des araignées crabes à l’affût, sur l’inflorescence d’une scabieuse.

Début juillet 2020. Dans sa forme jaune citron, le Thomise vient de capturer un syrphe.

Fin août 2020. Un cousin : le Thomise enflé (Thomisus onustus) reconnaissable à la forme anguleuse de l’abdomen (plus globuleux chez le variable). La tête présente également deux tubercules portant les yeux latéraux.

Fin juin 2021. Au bord d’une fleur de lys. Sortie de nulle part, la Thomise variable n’a laissé aucune chance au syrphe venu se régaler de pollen…

Telle est prise qui croyait prendre ! La Pélopée maçonne vient de capturer, piquer et anesthésier l’araignée crabe à l’affût sur l’Eupatoire chanvrine… C’est sa spécialité : l’élégante guêpe chasse les araignées pour garnir le garde-manger de sa progéniture.

 

Une précieuse carnassière

Leptis pointillé mâle à l'affût / Un jardin dans le Marais poitevin.

Dans la série des auxiliaires du jardin, on dirait le Leptis pointillé monté sur ressorts, prompt à saisir ses proies au vol.

Leptis pointillé femelle / Un jardin dans le Marais poitevin.Dressé sur ses hautes pattes, le Leptis pointillé (Rhagio tringarius) est ici à l’affût. Au bord d’une haie ou sur les légumes du jardin, cette petite mouche orangée apprécie les postes d’observation ensoleillés. 

Ses énormes yeux verts (joints chez le mâle) lui « mangent » toute la tête Leptis pointillé mâle / Un jardin dans le Marais poitevin.d’où émerge une une large trompe. Pas de confusion possible au regard de son long abdomen jaune-orangé à la pointe noire effilée, marqué de points noirs sur le dessus et d’une ligne pointillée noire sur le côté. D’où son nom.

Avec des ailes fortement nervurées, parfaitement transparentes, le Leptis pointillé n’est guère adepte des longues pérégrinations. Mais il a le vol vif et précis. Toujours prêt à fondre sur les minuscules diptères volant à proximité. Voilà donc un précieux auxiliaire au potager. Les « mineuses » du poireau et de la carotte, comme celles de l’oseille ou de l’oignon, n’ont qu’à bien se tenir !

En savoir plus sur le Rhagio tringarius avec le site quelestcetanimal.com

Leptis pointillé mâle / Un jardin dans le Marais poitevin.

Monsieur et Madame Libellule fauve

Libellule fauve, femelle.

Massive et lumineuse, la Libellule fauve ne passe pas inaperçue au potager. Jaune orangé pour Madame. Bleu clair pour Monsieur.

C’est une des premières libellules du jardin. Elle y chasse dès la mi mai. Puis la Libellule fauve (Libellule fulva) disparaît progressivement en début d’été. Après la ponte dans un fossé du marais. Une existence assez brève. Essentiellement printanière.

Il s’agit ici d’une femelle. Le thorax roux, l’abdomen orange vif, souligné d’une ligne dorsale brun foncé. Finement nervurées, tachées de noir à leur attache, plus discrètement à leur pointe, les ailes se distinguent surtout par leur bordure jaune.

Le mâle est bien différent. Largement recouvert d’une fine pruine bleu clair. À l’unisson de ses yeux pâles. Principal point de comparaison avec la femelle : l’épais triangle noir à l’attache des ailes, surtout arrière, et, plus ou moins marquée, la petite tache sombre de l’apex. Mais pas de bordure jaune chez l’adulte.

Libellule fauve, femelle.

Une tache triangulaire noir à l’attache des ailes, surtout arrière et, en plus du ptérostigma rectangulaire noir, une tache sombre plus ou moins marquée à l’apex.

Libellule fauve, mâle.

Fin mai 2021. Pruine abdominale bleue et deux derniers segments noirs : mâle en pause sur un épi de Brunelle commune.

Libellule fauve, mâle.

Fin juillet 2019. La pruine bleu clair s’est largement estompée chez ce mâle vieillissant en pause sur une structure de bambou du jardin. Les yeux sont restés bleus mais la dominante vire peu à peu au brun.

En savoir plus :

  • Dijkstra, Schröter et Lewington, 2007, Guide des libellules de France et d’Europe, Delachaux et Niestlé.
  • Eric Prud’homme, 2009, in Libellules du Poitou-Charentes, Éd. Poitou-Charentes nature, Fontaine-le-Comte, pp 176-177.
  • La Libellule fauve avec le site nature22.com