Le Criquet noir-ébène

Criquet noir-ébène sur Sauge officinale.

Comme son nom le suggère, la dominante du Criquet noir-ébène est noire, contrastant avec la pointe rouge orangé de l’abdomen. Du moins chez le mâle.

Criquet noir-ébène sur touffe de mélisse.

Posté sur le feuillage fané de la mélisse, Roméo se laisse aller au langoureux vibrato de ses fémurs frottés contre les ailes.

Mimétisme aidant, le Criquet noir-ébène (Omocestus rufipes) passe quasi inaperçu lorsqu’il prend position sur le feuillage fané de la mélisse. Il se détache mieux, tout à côté, sur celui bien vert de la Sauge officinale.

Le contraste saute alors aux yeux entre la dominante noire (d’où son nom) et la pointe rougeoyante de l’abdomen. Il s’agit ici d’un mâle dont le dessus est café-au-lait quand celui de la femelle est vert.

Il n’est pas là pour manger. Comme la plupart des criquets, il fait en effet son ordinaire de graminées et de plantes herbacées. Il suffit de s’éloigner un peu pour comprendre : ses fémurs se redressent bientôt et se mettent à vibrer, frottant contre le bord des ailes à la manière d’un archet. Sur les aromatiques du jardin, il prend ainsi simplement un peu de hauteur pour « chanter » et mieux se faire entendre des belles alentour !

Criquet noir-ébène sur feuille de sauge officinale.

Un liseré beige souligne la sinuosité des carènes en bordure du thorax.

Autres signes distinctifs : une tache blanche sur l’extrémité noire des ailes ; les deux tiers avant de l’abdomen noirs rayés de blanc ; extrémités des palpes blanches (pièces buccales bien visibles ici).

Carènes également flexueuses, avant de l’abdomen noir rayé de clair… Pour le reste, le dimorphisme est important avec le mâle qui seul justifie de la qualificatif « noir-ébène » de l’espèce. À noter le dessus vert clair : Madame est d’autant plus difficile à distinguer dans l’herbe des allées du jardin…

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Le Citron nouveau est arrivé !

Citron sur Salicaire.

D’un été à l’autre ! Chez le spectaculaire Citron, le passage de relai a lieu actuellement, avec la Salicaire et la Menthe aquatique pour témoins.

La vieille garde lâche prise progressivement depuis le début d’été. Après avoir traverser quatre saisons. Sacré exploit. Le Citron (Goneptryx rhamni) est en effet un des rares papillons à vivre une année complète en une seule génération. Mais tout a une fin. Le Citron nouveau vient donc d’arriver !

Fin juillet, début août. Au bord des fossés du marais, la Salicaine et la Menthe aquatique lui font bon accueil. Il s’y repaît longuement de nectar, les ailes toujours refermées. L’exception confirmant la règle, elles sont ici légèrement entrouvertes, laissant (un peu) entrevoir leur avers jaune vif pointé d’orange. 

Le revers est moins voyant. Jaune vert, fortement nervuré, avec une découpe évoquant une feuille, il pousse le mimétisme jusqu’à présenter des taches roussâtres, à la manière de quelque maladie foliaire. 

Camouflage aidant, le Citron a intérêt à se ménager, avec la faculté de se mettre « en pause » en cas de trop forte canicule puis, bien-sûr, pendant l’hiver. Car il ne s’accouplera qu’au printemps prochain pour passer le relai au milieu de l’été. Sacré bail !

Spectaculaire en vol, le Citron est souvent beaucoup plus discret dès qu’il se pose. Une manière toute personnelle de se fondre dans la végétation.

Les quatre saisons du Citron : au sortir de l’hiver

Après la longue dormance hivernale, dès les premiers beaux jours de février, bain de soleil revigorant pour le Citron au pied d’une haie du jardin.

Début mars 2022. Heureusement, quand tout semble endormis par ailleurs, on peut toujours compter sur les pissenlits !

Le printemps

Mi-juin 2020. Très pâle sous le soleil, Madame butine les petites fleurs mauves de la Brunelle sauvage.

Mi-juin 2020. La face dorsale de Madame est très claire, blanc verdâtre. Le cliché n’est pas d’une grande netteté mais c’est si rare de saisir le Citron les ailes grandes ouvertes !

Fin mai 2021. Sur une inflorescence de Scabieuse.

Mi juin 2022. Première marguerite pour Madame…

L’été

Fin juin 2024. Sur la généreuse Verveine de Buenos Aires.

Fin juin 2024. Une valeur sûre tout l’été ou presque : les hauts épis de la Salicaire.

Fin juillet 2021. Sur une inflorescence de cardère.

Début juillet 2023. Sur un capitule de Cirse commun.

L’automne

Mi septembre 2021. Le jaune citron transparaît un peu dans le contre-jour.

Début octobre 2022. Feuilles parmi les feuilles, plus que jamais !

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La parade nuptiale du Grand damier

Le Grand damier, alias la Mélitée des centaurées, sur menthe aquatique. Parade nuptiale.

La génération estivale du Grand damier découvre les premières fleurs de la menthe aquatique. Et le tourbillon des parades nuptiales !

Le Grand damier, alias la Mélitée des centaurées, sur menthe aquatique. Parade nuptiale.

Après le ciel quasi automnal de la fin juillet, la génération estivale du Grand Damier, alias la Mélitée des centaurées (Melitaea phoebe), savoure enfin le soleil. Et, pour que la fête soit complète, voici les premières fleurs de menthe aquatique sur les prairies humides du marais.

Dans un quadrillage noir assez serré, le dessus des ailes alterne ainsi les lignes de « cases » orangées, jaunes ou fauves. Les formes en sont diverses, du rectangle au carré, en passant par pastilles et lunules à la marge.

Le revers des postérieures est très différent avec une alternance de bandes ondoyantes fauve clair et orangées, soulignées de noir, dont une ligne courbe caractéristique de grosses lunules jaunes pointées de rouge-orangé.

Est-ce le retour du soleil ou le parfum de la menthe aquatique ? Ces deux-là se font la cour. On remarquera au passage que, chez les papillons, en témoignent les trompes plongées dans les petites corolles, la parade nuptiale n’exclut pas le butinage !

Le Grand damier, alias la Mélitée des centaurées, sur menthe aquatique. Parade nuptiale.

Première printanière

Le Grand damier, tapi dans les parties enherbées du jardin.

Avril 2021. Dans la végétation basse du jardin.

Le Grand damier : un peu de réconfort auprès du Gléchome lierre terrestre.

Fin avril 2021. Les yeux gri-bleu, les antennes en pointillés noirs et blancs à l’extrémité en forme de massue. Le revers des antérieures rappelle peu ou prou le damier jaune et orangé du dessus. Différent, celui des postérieures est notamment marqué, sur fond fauve clair, par une bande sinueuse orangée et par une suite complète de lunules jaune pâle pointées de rouge-orangé.

Fin avril 2022. La génération printanière de la Mélitée des centaurées vole d’avril à juin. La génération estivale de juillet à septembre. Et c’est sous forme de chenille qu’il passe l’hiver, emmitouflé dans un cocon de soie.

Début mai 2022. Brève halte sur la Sarriette en fin de floraison.

Mi mai 2022. Le Grand damier sur la Centaurée jacée, une de ses fleurs fétiches.

Génération estivale

Mi septembre 2022. Après trois mois de canicules à répétition, heureusement, les pluies de septembre ont (un peu) revigoré les prairies fleuries.

Fin juillet 2023. Bonne nouvelle pour les papillons : la menthe aquatiques de prairies humides commence à fleurir !

Début août 2023. Parade nuptiale.

En savoir plus :

  • Moussus, Lorin et Cooper, 2022, Guide pratique des papillons de jour, Delachaux & Niestlé.
  • Higgins, Hargreaves et Mhonoré, 1991, Papillons d’Europe et d’Afrique du nord, Delachaux & Niestlé.
  • Le Grand damier avec le site quelestcetanimal.com