L’Orchis incarnat

Petites fleurs de l'Orchis incarnat : labelle légèrement trilobé, réseau de petits points pourpres / un jardin dans le Marais poitevin.

De superbes petites fleurs roses ponctuées de pourpre, un élégant feuillage : l’Orchis incarnat est aussi ravissant que de plus en plus rare.

Orchis incarnat : feuillage dressé jusqu'à l'inflorescence / Un jardin dans le Marais poitevin.C’est, avec l’Orphrys abeille et l’Orchis pyramidal, l’une des premières orchidées sauvages du printemps. Avec une belle vivacité, l’Orchis incarnat élance ici sa solide et haute tige dans une peupleraie proche du jardin.

Le foisonnement herbeux alentour semble lui céder la place avec respect. Il est vrai qu’il en impose. Ses longues feuilles vert clair, engainantes, élégamment dressées, s’élèvent jusqu’à saluer l’inflorescence. De petites fleurs roses s’y pressent en un épi cylindrique dense d’où émergent les ergots verdâtres des bractées.

Légèrement trilobée, la piste d’atterrissage des pollinisateurs est sans équivoque. Rassemblés en une longue boucle sinueuse, un réseau de petits points pourpres y tient lieu de guide. Il conduit vers l’entrée de l’éperon que protègent deux pétales réunis en forme de casque. Sauf que ledit éperon ne produit pas de nectar ! Encore une supercherie dont les orchidées sauvages ont le secret.

Familier des prairies humides, l’Orchis incarnat tend, comme elles, à se raréfier. Il reste relativement commun dans le Marais poitevin où, à quelques semaines d’intervalle, sa robuste hampe succède à celle plus gracile de la Fritillaire pintade.

En savoir plus sur l’Orchis incarnat avec le site de l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN)

Orchis incarnat : l'entrée de l'éperon nectarifère est protégé par deux pétales réunis en forme de casque / un jardin dans le Marais poitevin.

 

La Ronce bleue

Pas vraiment une gourmandise. Sauf pour les insectes amateurs de pollen qui, en ce milieu de printemps, ne manquent pas le rendez-vous de la Ronce bleue.

Elle n’a pas l’énergie et l’audace de sa cousine des haies. La Ronce bleue (Rubus caesius) rampe et drageonne dans les peupleraies plus ou moins bien entretenues, au bord des fossés et des fourrés humides… Ses tiges dressées, hérissées d’aiguillons plus que de véritables épines, ne s’élèvent jamais bien haut.

Juste assez pour porter leurs grappes de petites fleurs blanches au dessus de la verte mêlée du feuillage. Abeilles sauvages et bourdons apprécient cette généreuse floraison. Particulièrement le foisonnement échevelé d’étamines, promesse d’une abondante récolte de pollen. Les coléoptères ne sont pas en reste. Du moins ceux qui, comme l’Oedémère noble et le Lepture tacheté, se régalent d’anthères aussi facilement accessibles.

Plus modeste que celle de la ronce commune, la fructification est également moins gourmande. Recouvertes d’une pruine bleutée, les drupes sont surtout plus acides. À portée de « marquage de territoire », elles appellent enfin quelque prudence. Mieux vaut les laver abondamment et s’abstenir d’un grappillage sur place !

Source : 

Livrée vert-métallique, élytres en queue-de-pie : l’Oedémère noble broute les étamines de la Ronce bleue. Un mâle ici, avec le renflement caractéristique de ses fémurs arrière.

Un autre coléoptère brouteur de pollen : le Lepture tacheté dont les larves participent à la décomposition des bois morts.

 

L’Herbe à l’ail dans la salade !

L'Herbe à l'ail, inflorescence / Un jardin dans le Marais poitevin.

Une plante sauvage presque banale. Mais l’Herbe à l’ail n’a pas usurpé son sobriquet poitevin. Pour parfumer la salade.

L'Herbe à l'ail / Un jardin dans le Marais poitevin.Elle se dresse au bord du halage. Parmi les orties. Histoire peut-être de rendre la comparaison plus facile. Et de dissiper le doute. Les feuilles terminales de l’Alliaire officinale – l’Herbe à l’ail comme on dit en Poitou et ailleurs sans doute – ressemblent en effet bigrement à celles de l’ortie. Etrangement, quelques étages en dessous, le feuillage prend une forme très différente, plus ronde, comme un gros coeur crénelé.

Rondes ou pointues, aucun risque de piqure. Cueillez donc et froissez une jeune feuille réniforme… Sentez, goûtez. Etonnant non ?

Ciselées, les feuilles fraiches d’Alliaire donne ainsi à la salade un léger goût d’ail, d’autant plus agréable qu’il ne vous poursuivra pas tout l’après-midi !

L’inflorescence est composée de multiples petites fleurs blanches aux quatre pétales en croix. Une crucifère. Plus proche du chou et du navet donc que de l’ortie ! Une cousine de la moutarde. D’ailleurs, ses minuscules graines peuvent en tenir lieu. Pas forcément facile à récolter au bord des chemins ! Alors que quelques feuilles… Un excellent condiment au détour d’une balade.

Les feuilles basales réniformes sont les plus parfumées.

Mi-avril 2021. Monsieur Aurore a certes une prédilection pour la Cardamine des prés à qui l’espèce doit son qualificatif latin (Anthocharis cardamines). Mais il ne dédaigne pas les petites crucifères blanches de l’Herbe à l’ail !

Janvier 2023. Parmi les sauvageonnes dûment étiquetées du jardin.

En savoir plus :