Les dents de requins de la Grisette

Hespérie de la Passe-Rose : la livrée mêle gris, brun foncé, châtain clair et même vieux rose.

C’est un petit feston dentelé qui vaut à l’Hespérie de la Passe-Rose son nom latin. Carcharodus. Une référence décalée… au Grand requin blanc !

Si les Hespéries du jardin sont difficiles à distinguer entre elles, notamment celle des potentilles et de la mauve, pas de confusion possible ici. L’Hespérie de la Passe-Rose (Carcharodus alceae), alias la Grisette, est en effet plus marbrée que tachetée.

Malgré son nom populaire, le gris est loin de dominer. Il n’intervient qu’assez discrètement, pour veiner des plages allant du brun foncé au châtain clair en passant par le vieux rose. Il s’y diffuse aussi un peu partout, sous l’effet notamment d’une pilosité assez fournie.

Comme la plupart des membres de la famille, la Grisette présente un corps plutôt massif, une large tête, de gros yeux noirs saillants et de solides antennes aux pointes noires recourbées en petits crochets.

Parmi ses signes distinctifs, le feston des ailes postérieures évoque (avec quelque imagination) les dents acérées du Carcharodon, autrement dit du Grand requin blanc. D’où son nom latin, Carcharodus. Qui a dit que les entomologistes sont trop sérieux ?

Pour le butinage, en cette saison, l’Hespérie de la Passe-Rose ne résiste pas notamment aux capitules mauves des cirses. Cela dit, elle a peut-être installé ses chenilles sur l’hibiscus du jardin. Ou les roses trémières bien entendu.

En savoir plus sur l’Hespérie de la Passe-Rose avec Les carnets nature de Jessica

Hespérie de la mauve : les fameuses "dents de requin" en bordure des ailes postérieures.

Corps trapu, revers des ailes également marbré, pointe des antennes en forme de crochet : l’Hespérie de la Passe-rose ici sur une fleur de Pulicaire.

Fin août 2020. La Grisette sur un panicule de zinnia nain.

Photos Fernand © Août 2019

 

La Belle-Dame incognito

Belle-Dame au repos sur paillis de feuilles mortes.

Comment se camoufler quand on arbore une tenue jaune orangé ? La Belle-Dame n’a que l’embarras du choix avec le paillis du potager.

Elle peut avoir le vol et le butinage spectaculaires. Mais ce matin, la Belle-Dame (Cynthia cardui) semble vouloir prendre un bain de soleil incognito. Elle fait ainsi halte sur le paillis des tomates. Sa livrée, un peu passée il est vrai, s’y fond dans les contrastes mordorés des feuilles mortes.

D’ordinaire d’un jaune orangé soutenu, la dominante est devenue plus fauve. Elle n’en retient pas moins d’attention, parsemée de points et de taches sombres, en écho à la pointe brune mouchetée de blanc des ailes antérieures. C’est à peine si on perçoit les reflets bleutés du thorax particulièrement velu.

Lorsqu’elle s’envole, boudant les fleurs, c’est pour se reposer sur une feuille de tomate. Les ailes vite repliées.  Paradoxalement, sa posture favorite de camouflage est là presque plus voyante. L’orangé des antérieures ressort en effet davantage. Apparemment plus sobres, les postérieures jouent de multiples nuances beiges, brunes et fauves que souligne un fin réseau de lignes blanches. Quatre petits ocelles pointés de noir parachèvent ce décor finalement très structuré.

Ce n’était qu’une halte. La Belle-Dame disparaît bientôt. Pas assez de chardons et de cirses sans doute à son goût au jardin !

En savoir plus sur la Belle-Dame avec le site conservation-nature.fr

Début juin 2021. Incontournable visite de la scabieuse du jardin !

Belle-Dame sur Menthe des champs.

Belle-Dame sur Menthe des champs dans une prairie voisine, juillet 2021.

Fin août 2021. La Belle-dame resplendissante : la couronne d’or des zinnias lui va si bien !

Fin mai 2022. Première visite printanière sur la Sauge des bois.

Fin août 2022. On peut toujours compter sur la menthe des prairies humides en cette fin d’été caniculaire…

Mi octobre 2022. Le plein d’énergie sur les Cirses des champs, avant la longue migration automnale vers le sud.

 

L’Azuré porte-queue

Azuré porte-queue sur inflorescence de cardère.

Graphisme, couleur, et contraste… Pour mettre en valeur sa modeste coquetterie, l’Azuré porte-queue donne dans la délicatesse.

Azuré porte-queue sur inflorescence de cardère.Oh, évidemment, l’appendice en question fait un peu riquiqui au regard du majestueux Flambé ! Un simple petit fil flottant au vent à l’arrière de chaque aile postérieure. Bleu, noir, blanc. L’attribut de l’Azuré porte-queue (Lampides boeticus) n’en bénéficie pas moins d’une jolie mise en scène. Il émerge ainsi entre deux  « yeux » noirs fardés d’orange et de bleu.

Complété par les pointes « incandescentes » des antennes, ce minuscule et subtil décor surprend d’autant plus qu’il intervient sur un fond presque neutre. Ocre cendré, traversé d’une bande et de lignes ondoyantes plus claires. De quoi intriguer, voire inquiéter d’éventuels prédateurs ?

En bon Azuré, la couleur s’invite davantage à l’avers des ailes. Surtout chez le mâle avec un bleu violacé soutenu margé de brun. Plus sobre, la femelle arbore un uniforme brun à peine nuancé de bleu. Pour l’un comme pour l’autre, les « yeux » se réduisent alors à deux taches noires sur fond blanc au niveau des petites queues. Encore faut-il qu’ils consentent à ouvrir les ailes ! 

Azuré porte-queue, femelle, sur inflorescence de cardère.

Des appendices évidement très fragiles. Sur les ailes fatiguées, restent les ocelles noirs sur fond brun nuancé de bleu.

Bordé de brun, le bleu violacé est plus accentué chez le mâle.

Sur la menthe sauvage d’une prairie humide du marais.

Un brin de fantaisie sur une modeste livrée…

Sur sauge à petites-feuilles

La tête en bas pour butiner la sauge à petites feuilles.

En savoir plus :