La Daldinie concentrique

Daldinie concentrique, champignon / Un jardin dans le Marais poitevin.

Voilà un champignon qui a la couleur de l’emploi. La Daldinie concentrique fait consciencieusement le job : la décomposition des bois morts.

On jurerait des bûches sorties du poêle en partie calcinées. Avec des boulets de charbon restés collés ici et là. Elles n’ont pourtant jamais connu le feu. Voilà des lustres qu’elles sont entassées là, parmi bien d’autres, dans le tas de bois cher au hérisson et à la Couleuvre d’Esculape.

C’est la Daldinie concentrique qui les « consume » ainsi, propageant et incrustant loin son mycélium noir. Elle parachève une décomposition déjà bien avancée. Etrange champignon ! Ici à maturité, sa croute charbonneuse, nuancée de bleu, est devenue friable. Des morceaux se sont détachés, laissant apparaître les cernes grises et noires concentriques de sa croissance. D’où son nom.

De nouvelles excroissances globuleuses sont en formation. Tant qu’il y aura des fibres ! La Daldinie concentrique a trouvé un bon filon. Sous le lierre et les ronces, il y a tout un tas de bois à coloniser.

Autres champignons xylophages du jardin : la Tramète et la Xylaire.

Daldinie concentrique, cernes de croissance / Un jardin dans le Marais poitevin.

Outre les champignons, le tas de bois accueille nombre d’insectes xylophages mais aussi le hérisson du jardin…

… et la Couleuvre d’Esculape y trouve un de ses refuges favoris !

 

Le compas dans l’oeil

Euphorbe épurge / Un jardin dans le Marais poitevin.

L’Euphorbe épurge ne laisse rien au hasard. Sur une tige bien droite et verticale, elle a une façon très graphique d’organiser son étroit feuillage.

Euphorbe épurge / Un jardin dans le Marais poitevin.On se souvient de l’Euphorbe réveille-matin dont le latex blanc très urticant, dit-on, fait fuir taupes et campagnols ! La tradition attribue aussi cet usage un peu barbare à l’Euphorbe épurge que voici. Oublions ! Car, toxique il est vrai, elle n’en mérite pas moins l’attention. C’est en effet une superbe sauvage, au port original.

Elle pousse actuellement au bord des chemins. A ce stade, la tige solidement dressée n’est pas encore ramifiée. Elle le sera au printemps prochain et étalera d’autant mieux sa floraison. En attendant, elle peaufine sa parfaite géométrie.

Dès le raz du sol, elle étage ainsi ses feuilles lancéolées à intervalles très réguliers. Mais ce n’est pas tout. Elle les oppose à chaque étage dans un alignement impeccable que souligne de longues nervures blanches sur fond vert-bleuté. Enfin, elle pousse la perfection jusqu’à les disposer selon des angles rigoureusement droits d’un étage à l’autre. L’Euphorbe épurge a le compas dans l’oeil ! 

Euphorbe épurge / Un jardin dans le Marais poitevin.

Photos Fernand ©

 

La Molène bouillon-blanc

Molène bouillon blanc, rosette hivernale / Un jardin dans le Marais poitevin.

La longue maturation de la Molène bouillon-blanc se poursuit pour l’instant sans encombre. Il lui suffit désormais de passer l’hiver…

Molène bouillon blanc, rosette hivernale / Un jardin dans le Marais poitevin.C’est maintenant que ça se joue pour la Molène. Depuis l’été dernier, elle muscle sa longue racine pivotante. Et sa rosette a déjà fière allure. Sur les bords du halage, perlées de rosées, ses amples feuilles charnues et veloutées commencent à prendre le dessus. La concurrence n’est pas de taille. Même arum et carotte sauvages préfèrent aller s’épanouir ailleurs !

La vitalité des « oreilles d’ours » est prometteuse. Cela devrait être suffisant pour passer l’hiver. Le gel est rarement terrible dans le Marais poitevin. La Molène en a certes besoin pour s’endurcir, encore faut-il tenir le choc tout en continuant, surtout, à faire le plein d’énergie. Elle n’en aura jamais trop au printemps pour lancer sa superbe mais très gourmande hampe florale jaune ! Faute de quoi, prudente, elle passera son tour et attendra encore un an pour entrer dans la cour des grandes…

Sources : 

Molène bouillon blanc, rosette hivernale / Un jardin dans le Marais poitevin.

Épi floral de la Molène.

Épi floral de la Molène, août 2019. Corolle jaune vif  à cinq lobes. Cinq étamines aux filets poilus, les deux inférieures plus longues que les trois autres. Anthères réniformes orangés. Un seul style à la pointe renflée verdâtre au centre.