Le Séneçon commun en toutes saisons

Séneçon commun.

Un feuillage froissé plutôt terne. Des fleurs sans pétales. Le Séneçon commun ne paie pas de mine. Mais il fleurit et graine même en hiver !

Des petits « fagots » de fleurs jaunes tubulaires, sans pétales périphériques, gainés de longues bractées vertes.

Il suffit de lâcher un peu la bride au potager pour faire le bonheur du Séneçon commun (Senecio vulgaris). Voilà donc une des premières « sauvages » à profiter des vacances hivernales de la binette.

Une rosette dentée d’abord. Puis une hampe violacée et de longues feuilles, très découpées, un peu chiffonnées. Souvent recouverte d’une sorte de feutrage. Comme une toile d’araignée.

Tout compte fait, s’il pousse en toutes saisons, l’hiver lui convient parfaitement. Il peut ainsi se développer sans trop de concurrence. Avec un jardinier moins sourcilleux ces mois-ci face aux « mauvaises herbes » !

Certes, en hiver, il n’y a guère d’abeilles sauvages pour le polliniser. Qu’importe. Nécessité faisant loi, le Séneçon commun se débrouille alors très bien tout seul. D’ailleurs, côté séduction, ses fleurs font le service minimum. Jaunes, tubulaires, sans pétales périphériques, elles sont réunies en petits fagots, engoncées dans une gaine de longues bactées vertes pointées de noir.

Insectes ou pas, la fructification ne tarde pas. Et le vent disperse bientôt les graines rassemblées en une vaporeuse petite boule de soie blanche. Si les oiseaux qui en raffolent lui en laissent le temps.

Séneçon commun, fructification.

Lapalissade façon Sénesson commun, entomogame lorsque les insectes pollinisateurs sont présents dans l’environnement, autogame lorsque ceux-ci hivernent.

Avec un feuillage recouvert d’une sorte de feutrage blanchâtre. Comme une toile d’araignée.

Un cousin davantage séducteur

Tout aussi invasif et toxique, le Séneçon de Jacob fleurit de façon plus spectaculaire en plein été.

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Le Lamier pourpre amorce sa floraison

Lamier pourpre.

Une délicate petite fleur sauvage de saison. Le Lamier pourpre se prépare à recevoir abeilles et bourdons.

Mi-février 2023. Parmi les premiers visiteurs, l’Abeille domestique enfourne sa tête sous le « casque » de la corolle et véhicule ainsi le pollen d’une fleur à l’autre.

Avec le Lamier pourpre (Lamium purpureum), dès l’automne, les planches inoccupées du potager ne restent pas nues très longtemps ! Ses tiges traçantes prennent en effet racines de loin en loin et finissent par constituer un dense réseau. Il se mêle alors à la Véronique de perse, à la Cardamine hérissée et au Mouron des oiseaux.

Prenant ses aises tout l’hiver, il amorce actuellement sa délicate floraison rose-violacé. Au creux d’un feuillage denté et gaufré, voilà de fines coupelles veinées et tachées de pourpre. Avec deux lèvres largement ouvertes. 

La première déploie son double lobe, comme un marche-pied, à l’entrée de la corolle. Les futurs butineurs y prendront appui avant de plonger vers le tube nectarifère.

Dominant l’ensemble, la seconde lèvre prend la forme d’un casque pour mieux protéger les étamines. Les anthères y regorgent déjà de grains de pollen rouge-orangé qui s’accrocheront bientôt à la fourrure faciale des bourdons et des abeilles sauvages.

Lamier pourpre.

Les feuilles dentées évoquent celles de l’ortie (d’où le nom d’Ortie rouge donné parfois au Lamier pourpre) mais sans poils urticants. Elles sont comestibles sans risque de piqure à la cueillette. Crues ou poêlées, les têtes florales relèvent salades ou omelettes de leur légère saveur de champignon.

Bientôt, début mars sans doute, la sauvageonne sera très apprécie notamment par la reine du petit Bourdon des prés …

… et par l’Anthophore plumeuse. Ici un mâle dont on remarque les longues soies plumeuses sur les pattes avant.

Sous le « casque » de la corolle, quatre anthères velues chargées de pollen rouge-orangé. Le style au stigmate bifide émerge juste au dessus.

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La Véronique et le Syrphe

La Véronique et le syrphe.

Aussi téméraire l’un que l’autre : la Véronique et le syrphe se jouent discrètement de la rigueur glacée de janvier.

La Véronique et le syrphe.Ce matin encore, les allées du jardin étaient craquantes et scintillantes de gelée blanche ! Il aura suffit de quelques heures de ciel bleu et de soleil, au coeur de l’hiver, pour qu’un timide redoux fasse illusion. Assez du moins pour émoustiller le Syrphe des corolles (Eupeodes corollae). 

Cette virée au jardin est-elle bien raisonnable ? Mêmes les pissenlits et les pâquerettes ont lâché prise depuis quelques semaines ! Qu’importe. Foi de syrphe, il y a ici et là assez de pollen pour justifier la sortie. Rien de spectaculaire en vérité mais on peut toujours compter sur la petite Véronique de Perse !

Avec ses compères le Lamier pourpre et la Cardamine hérissée, elle offre un couvert hivernal à une planche qui, dans quelques semaines, recevra ses premières plantations. Comme l’engrais vert ou le paillis de feuilles mortes sur les planches voisines, les sauvageonnes protègent ainsi la terre meuble des intempéries. Il suffira de les arracher le moment venu. 

En attendant, au creux des petites corolles bleutées de la Véronique, deux étamines chargées de poudre revigorante récompensent les premiers butineurs de leur témérité.

La Véronique et le syrphe.

Quand butineurs et pollen sont devenus rarissimes, la Véronique et le syrphe semblent faits l’un pour l’autre !

Et dire que le matin même, le jardin était tout craquant et scintillant de givre !

La nuit ou sous les nuages, la Véronique de Perse referme sa corolle…

… pour s’épanouir surtout l’après-midi, sous le soleil, et offrir ainsi ses anthères violettes chargées de pollen blanc aux butineurs.

Au lendemain du Jour de l’an, déjà, le Syrphe des corolles était en vadrouille. Mais, il est vrai, le thermomètre frisait alors les 20° l’après-midi ! Depuis, les coups de froid se succèdent et pissenlits comme pâquerettes ont préféré battre en retraite. Pas la Véronique fort heureusement !

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