Le Lamier pourpre amorce sa floraison

Lamier pourpre.

Une délicate petite fleur sauvage de saison. Le Lamier pourpre se prépare à recevoir abeilles et bourdons.

Mi-février 2023. Parmi les premiers visiteurs, l’Abeille domestique enfourne sa tête sous le « casque » de la corolle et véhicule ainsi le pollen d’une fleur à l’autre.

Avec le Lamier pourpre (Lamium purpureum), dès l’automne, les planches inoccupées du potager ne restent pas nues très longtemps ! Ses tiges traçantes prennent en effet racines de loin en loin et finissent par constituer un dense réseau. Il se mêle alors à la Véronique de perse, à la Cardamine hérissée et au Mouron des oiseaux.

Prenant ses aises tout l’hiver, il amorce actuellement sa délicate floraison rose-violacé. Au creux d’un feuillage denté et gaufré, voilà de fines coupelles veinées et tachées de pourpre. Avec deux lèvres largement ouvertes. 

La première déploie son double lobe, comme un marche-pied, à l’entrée de la corolle. Les futurs butineurs y prendront appui avant de plonger vers le tube nectarifère.

Dominant l’ensemble, la seconde lèvre prend la forme d’un casque pour mieux protéger les étamines. Les anthères y regorgent déjà de grains de pollen rouge-orangé qui s’accrocheront bientôt à la fourrure faciale des bourdons et des abeilles sauvages.

Lamier pourpre.

Les feuilles dentées évoquent celles de l’ortie (d’où le nom d’Ortie rouge donné parfois au Lamier pourpre) mais sans poils urticants. Elles sont comestibles sans risque de piqure à la cueillette. Crues ou poêlées, les têtes florales relèvent salades ou omelettes de leur légère saveur de champignon.

Bientôt, début mars sans doute, la sauvageonne sera très apprécie notamment par la reine du petit Bourdon des prés …

… et par l’Anthophore plumeuse. Ici un mâle dont on remarque les longues soies plumeuses sur les pattes avant.

Sous le « casque » de la corolle, quatre anthères velues chargées de pollen rouge-orangé. Le style au stigmate bifide émerge juste au dessus.

En savoir plus :

 

La Véronique et le Syrphe

La Véronique et le syrphe.

Aussi téméraire l’un que l’autre : la Véronique et le syrphe se jouent discrètement de la rigueur glacée de janvier.

La Véronique et le syrphe.Ce matin encore, les allées du jardin étaient craquantes et scintillantes de gelée blanche ! Il aura suffit de quelques heures de ciel bleu et de soleil, au coeur de l’hiver, pour qu’un timide redoux fasse illusion. Assez du moins pour émoustiller le Syrphe des corolles (Eupeodes corollae). 

Cette virée au jardin est-elle bien raisonnable ? Mêmes les pissenlits et les pâquerettes ont lâché prise depuis quelques semaines ! Qu’importe. Foi de syrphe, il y a ici et là assez de pollen pour justifier la sortie. Rien de spectaculaire en vérité mais on peut toujours compter sur la petite Véronique de Perse !

Avec ses compères le Lamier pourpre et la Cardamine hérissée, elle offre un couvert hivernal à une planche qui, dans quelques semaines, recevra ses premières plantations. Comme l’engrais vert ou le paillis de feuilles mortes sur les planches voisines, les sauvageonnes protègent ainsi la terre meuble des intempéries. Il suffira de les arracher le moment venu. 

En attendant, au creux des petites corolles bleutées de la Véronique, deux étamines chargées de poudre revigorante récompensent les premiers butineurs de leur témérité.

La Véronique et le syrphe.

Quand butineurs et pollen sont devenus rarissimes, la Véronique et le syrphe semblent faits l’un pour l’autre !

Et dire que le matin même, le jardin était tout craquant et scintillant de givre !

La nuit ou sous les nuages, la Véronique de Perse referme sa corolle…

… pour s’épanouir surtout l’après-midi, sous le soleil, et offrir ainsi ses anthères violettes chargées de pollen blanc aux butineurs.

Au lendemain du Jour de l’an, déjà, le Syrphe des corolles était en vadrouille. Mais, il est vrai, le thermomètre frisait alors les 20° l’après-midi ! Depuis, les coups de froid se succèdent et pissenlits comme pâquerettes ont préféré battre en retraite. Pas la Véronique fort heureusement !

En savoir plus :

Piquante cressonnette

Il est des mauvaises herbes qui gagnent à être connues. Goutées en l’occurrence. Car la Cardamine hérissée ne manque pas de peps !

Cardamine hérissée / Un jardin dans le Marais poitevin.Parmi les petites sauvageonnes du jardin, la Cardamine hérissée (Cardamine hirsute) mérite quelques égards. D’abord pour le charme de ses délicates rosettes. Un brin envahissantes, elles apparaissent dès qu’elles ont le champ libre sur les plates-bandes inoccupées.

Certaines pointent déjà leurs minuscules fleurs blanches qu’une hampe centrale portera haut, si tout va bien, au début du printemps.

S’il ne gèle pas trop, leurs fruits parviendront à maturité aux premiers beaux jours. Véritables petites bombes, un peu comme ceux de l’Oxalis corniculé, ils exploseront alors au moindre frôlement. Et leurs minuscules graines s’éparpilleront sur plusieurs dizaines de centimètres à la ronde. Plusieurs générations se succèdent ainsi dans l’année pour assurer, vaille que vaille, la continuité de la discrète au jardin.

Mais la Cardamine hérissée a surtout un bel atout qui lui vaut la bienveillance du jardinier. En témoigne son surnom poitevin, la Cressonnette. La rosette est en effet comestible. Mieux : elle est savoureuse. Poivrée, légèrement piquante, elle donne du tonus aux salades. En mélange avec un peu de mâche en cette saison : quoi de mieux pour accompagner un Chèvre bien fait ?

Cressonnette, Cardamine hérissée, fleurs / Un jardin dans le Marais poitevin.

Les petites fleurs blanches de la Cressonnette aussi vont dans la salade !

L’ébauche des futures siliques se dresse déjà au dessus des petites fleurs blanches. À maturité, elles « exploseront » au moindre frôlement pour réprendre alentour une multitude de fines graines. Et voilà comment la Cressonnette est vite envahissante. Tant mieux, elle offre ainsi un bon couvre sol en fin d’hiver et début de printemps.

En savoir plus :