Le Clytre des saules

Clytre des saules en ponte.

Le comble du parasitisme… Le Clytre des saules « maquille » en effet ses oeufs pour les faire transporter jusqu’à la fourmilière par les fourmis elles-mêmes !

Madame Clytre des saules (Clytra laeviuscula) est surprise ici en pleine ponte. Entre ses pattes arrière. Elle retient ainsi ses oeufs car, avant de les disséminer, il lui faut les préparer. Elle va donc minutieusement les enduire de ses excréments puis les lâcher sur le passage d’une colonie de fourmis.

Celles-ci vont alors les estimer bons matériaux de construction et les transporter jusqu’à la fourmilière. Sitôt l’éclosion, les larves parasites s’échapperont des parois où elles avaient été incluses pour commencer leur festin. Non sans s’enduire très vite de terre et de leurs propres excréments pour se constituer une gangue protectrice propre à se garder des mandibules des fourmis !

Un thorax noir et luisant d’où la tête dépasse à peine. Des élytres allongés, rouge orangé, marqués de deux points noirs à l’avant et de deux taches plus larges et plus diffuses à l’arrière. Pour sa part, le Clytre des saules se nourrit du feuillage d’arbres divers, saule, peuplier, chêne, orme, noisetier… Mais aussi de pollen. Notamment de marguerite.

Clytre des saules : le feuillage des arbres mais aussi le pollen des marguerites.

Sur une feuille de la Sauge toute-bonne.

À l’escalade d’une tige de Cardère sauvage.

Un cousin

À ne pas confondre avec le Crytocéphale à deux taches (Chryptocephalus biponctatus) dont les élytres, rouge orangé, sont à la fois striés et ponctués. Les  taches noires diffèrent de celles du Clytre : moins diffuses à l’arrière, simples tirets à l’avant. Les antennes sont plus longues, avant les quatre premiers articles tirant vers la jaune.

En savoir plus :

  • Coléoptères d’Europe, Vincent Albouy et Denis Richard, Delachaux/Niestlé
  • Le Clytre des saules avec le site quelestcetanimal.com

Les bourdons pour cible

Sinus ferrugineux, accouplement

Butinage et interminable gaudriole. On a peine à imaginer la femelle du Sicus ferrugineux en ennemi mortel des bourdons. Une virtuose de la ponte en vol.

Sinus ferrugineux, accouplement.

Les bourdons sont pourvus d’une abondante et dense fourrure. Tant mieux pour la pollinisation. Mais, hélas, cette pilosité peut leur être fatale si la femelle du Sicus ferrugineux (Sicus ferrugineus) passe à proximité. L’étrange mouche est en effet une redoutable spécialiste des attaques aériennes.

Après l’accouplement (ici sur un capitule de scabieuse), elle pond ainsi ses oeufs, un à un, en vol, de telle manière que chacun tombe sur le dos d’un bourdon. Les poils facilitent la réception. Sitôt l’éclosion, la larve perce la peau de son hôte involontaire, s’installe et s’en repaît… à l’intérieur. Elle en ressortira, devenue mouche, au printemps suivant, la pupe ayant passé l’hiver dans le cadavre desséché du bourdon.

Le Sicus ferrugineux se reconnaît un premier coup d’oeil. À sa dominante rouille tout d’abord qui lui vaut son qualificatif. Mais aussi à son abdomen le plus souvent recourbé, en forme de sica, la courte épée antique à la lame coudée. D’où son nom. Enfin à la face jaune de sa volumineuse tête.

Certes, c’est un actif butineur au jardin. Pourtant, on a envie de lui demander de passer son chemin. Pour que vivent paisiblement les bourdons !

Sice ferrugineux (Sicus ferriginosus), face jaune et dominante rouille / Un jardin dans le Marais poitevin.

En savoir plus : 

 

Acanthe et abeille charpentière

Opération brossage des antennes au sortir d’une fleur d’acanthe.

Une fleur et une butineuse à la mesure l’une de l’autre : l’acanthe et l’abeille charpentière. Majestueux duo sous un soleil encore un peu chiche.

Acanthe et abeille charpentièreAprès avoir expérimenté toutes les fleurs du jardin, ou presque, de la Sauge sclarée à la Rose trémière, de la Sauge de Graham au Penstémon, du Lupin arbustif à la Reine des prés, décidément, c’est l’Acanthe qu’elle préfère ! Même les artichauts déjà en fleurs, les lumineuses lavatères ou les éclatants glaïeuls ne soutiennent pas la comparaison…

Il est vrai que les choses sérieuses battent plus que jamais leur plein pour l’Abeille charpentière (Xylocopa violacea). Du moins pour les femelles. Après un début de printemps peu amène, pollen et nectar sont désormais abondamment disponibles. Alors, il n’est plus temps de batifoler : l’acanthe est une valeur sûre pour ravitailler le garde-manger des couvains !

Ayant fait leur office, les mâles s’éteindront peu à peu en début d’été. Plus actives que jamais, les femelles mettent les bouchées doubles et bichonnent leurs nurseries. Elles attendront l’émergence de la nouvelle génération (qui hivernera et s’accouplera au printemps) pour passer le relais en août-septembre. 

Acanthe et abeille charpentière

Les mâles (identifiables aux « anneaux d’or » de leurs antennes) ne participent pas à l’approvisionnement des nids et font actuellement leurs derniers tours de piste.

Acanthe et abeille charpentière

Acanthe et abeille charpentière : il suffit de se glisser entre la bractée pourpre (attention elle pique) et la lèvre trilobée blanche…

Et pourtant, la concurrence est rude ! 

À l’approche de la Sauge argentée.

La Sauge toute-bonne : comme son nom l’indique !

Et quand le tube nectarifère est trop profond, ici avec la Sauge Rio grande, le plus simple est de la perforer au plus près du calice !

Même chose avec la Sauge Hot lips.

Prêt pour un bain de pollen avec la rose trémière !

Monsieur sur les enivrants épis du lupin arbustif.

Les généreux capitules des échinacées font le dos rond pour séduire les butineurs.

Les délicates corolles du Penstémon digitalis lui vont comme un gant !

Quand le butinage tient un peu de la spéléo avec le Penstémon rouge.

En mai-juin, l’enivrant parfum du lupin arbustif pour oublier le printemps pourri !

Quel plaisir de plonger au petit matin dans la vaporeuse floraison de la Reine des prés !

Quitte à tout essayer, voilà les tout premiers fleurons des artichauts…

En savoir plus :