L’Eucère à longues antennes

Eucère longicorne sur sarriette en fleurs.

Avec pareil emblème, impossible pour Monsieur Eucère à longues antennes de passer inaperçu. On ne voit qu’elles ! Tant elles sont démesurées.

Son nom relève du pléonasme. Car, chez les Eucères, quelle que soit l’espèce, tous les mâles arborent fièrement ces spectaculaires attributs. Plus longues que le corps ! Alors, à défaut de spécificité, avec l’Eucère à longues antennes, alias l’Eucère longicorne (Eucera longicornis), voici l’espèce emblématique du genre.

Son pourpoint roussâtre déborde sur les premiers segments de l’abdomen et sur le dessus de la tête. Un peu hirsutes, les touffes faciales tirent davantage vers le fauve, tant au front qu’aux joues, noyant parfois le clypéus jaune.

Monsieur vient tout juste d’émerger. Alors que, comme l’Osmie cornue ou l’Anthophore plumeuse, certaines abeilles sauvages sont sur le pont depuis la fin de l’hiver, lui attend traditionnellement que le printemps s’installe vraiment. Il devra patienter encore quelques semaines avant l’arrivée de ces Dames. De quoi ronger son frein et céder bientôt à la supercherie de l’Ophrys abeille. La superbe orchidée sauvage s’apprête en effet à jouer les illusionnistes avec ses corolles aguicheuses. Autant de sex-toys à l’attention des Eucères. Pour des pseudo-copulations qui véhiculeront le pollen de fleur en fleur.

Eucère longicorne, mâle, sur fleur de pommier.

Le leurre de l’Ophrys

Chaque année, fin avril, début mai, les leurres de l’Ophrys abeille commencent à se mettre en place au jardin. Les deux pollinies jaunes sont ici bien visibles sous l’étroit casque verdâtre. Elles s’accrocheront aux abeilles sauvages mâles – particulièrement les Eucères sp. – attirés par l’artifice odorant et coloré de la belle orchidée sauvage. Ainsi les pseudo-copulations favoriseront-elles la dissémination du pollen d’une fleur à l’autre.

Ici sur une centaurée, ce mâle trimbale des pollinies jaunes involontairement « récoltées » sur les ophrys abeille alentour. Souvenir de naïves pseudo-coppulations. Comme le sparadrap du capitaine Haddock !

Et voilà Madame !

Madame Eucère longicorne : sans les longues antennes, apanage des mâles. Ici sur la Vesce commune.

Dans le bourdonnant cortège de la phacélie.

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L’Osmie bleuissante

Osmie bleuissante, accouplement.

Reflets bleutés pour l’une, dorés pour l’autre : rien de tel que l’accouplement pour souligner le dimorphisme sexuel de l’Osmie bleuissante !

Osmie bleuissante, accouplement.Voilà une abeille sauvage bien différente de ses deux cousines, l’Osmie rousse et l’Osmie cornue, traditionnellement sur le pont avant même le Mardi gras. L’Osmie bleuissante (Osmie caerulescens) est nettement moins précoce. Elle émerge ainsi aux alentours de Pâques. Quand le printemps est déjà bien sonné.

Pas de cornes. Ni d’éclatante fourrure fauve ou brique. Mais de timides filets de soies grises sur l’abdomen et de petites touffes cendrées sur les côtés du thorax et sur la face. Le tout sur une cuticule noire, luisante, aux reflets bleutés. Du moins pour la femelle.

Car le mâle s’en distingue par une abondante fourrure thoracique et faciale roussâtre. Comme en écho aux reflets bronze cuivré de son abdomen. Il est aussi beaucoup plus petit. Il faut dire que Madame arbore notamment une sacrée grosse tête !

Dans la famille Osmie, la collecte du pollen passe par une brosse ventrale. Ni orangée ni rouge, elle est ici plus discrète, entièrement noire. Et puisque l’accouplement vient d’avoir lieu, la récolte va bientôt commencer. 

Osmie bleuissante, accouplement.

Comme la plupart de ses cousines, sitôt l’accouplement, la femelle se met en quête d’un gîte où établir son nid. Opportuniste, elle adopte un tube de bambou autant qu’une galerie abandonnée, creusée dans un tronc ou une branche par un insecte xylophage. Elle y aménage alors des cellules et clôt le nid à l’aide d’une pâte végétale.

Mâle à l’approche d’une inflorescence de trèfle blanc.

Deux cousines

Une cousine déjà au travail depuis quelques semaines : l’Osmie rousse, avec sa fourrure fauve et sa brosse ventrale orangée.

Une robe très contrastée pour cette autre cousine : l’Osmie cornue, thorax et tête noire, éclatant abdomen brique. On devine ici les deux petites cornes faciales auxquelles l’espèce doit son nom.

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Vivent les reines !

Les jeunes reines des bourdons ne chôment pas en cette mi mars. Avant de bientôt céder le devant de la scène aux premières ouvrières.

Fécondées l’automne dernier, les jeunes reines des bourdons ont passé l’hiver sous une litière de feuilles mortes, dans quelque terrier abandonné par un rongeur, sous un tas de bois ou dans un recoin de la cabane du jardin. Elles viennent d’émerger et, déjà, les voilà au travail !

Pas de temps à perdre en effet. Car chacune est seule et il y a tant à faire. D’abord prendre des forces. Puis prospecter les alentours à la recherche d’un lieu sûr où fonder une colonie. Selon l’espèce, un terrier, un tas de bois mort, un éboulis de pierres voire à même le sol à l’abri d’une grosse touffe d’herbe. 

Premières cellules de cire, premières réserves de pollen, premiers oeufs… Si tout va bien, les premières ouvrières naîtrons dans trois à quatre semaines. À elles désormais d’entretenir et d’alimenter le couvain. Plus besoin de butiner ! Uniquement de pondre encore et toujours. Jusqu’à la fin de l’été. La colonie ne produira dès lors plus d’ouvrières mais, avant de péricliter, des mâles puis des femelles appeler à prendre le relais au printemps suivant.

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