La parade nuptiale de l’Éristale

Parade nuptiale de l'Éristale interrompu.

En vol stationnaire. De fleur en fleur ! Quand Messieurs Éristale interrompu poursuivent Madame de leurs assiduités…

Éristale interrompu, femelle.

Yeux disjoints et marques triangulaires jaunes estompées pour la femelle.

Pas toujours facile de distinguer les syrphes entre eux. Notamment l’Éristale des arbustes (Eristalis arbustorum) et l’Éristale interrompu (Eristalis interrupta). L’un et l’autre sont de taille moyenne (environ 1 cm) et leur silhouette peut aisément se confondre.

Éristale interrompu, mâle.

Yeux joints et marques triangulaires jaunes plus présentes pour le mâle.

Thorax doré, ailes hyalines, abdomen noir rayé de blanc avec les fameuses marques triangulaires jaunes, plutôt discrètes chez la femelle, plus présentes chez le mâle. Alors comment les distinguer ?

Le plus sûr moyen est d’être là au bon moment ! Monsieur Éristale interrompu se livre en effet à une parade nuptiale à nulle autre pareille chez les Éristales. Une application originale pour la grande virtuosité des syrphes en matière de vol stationnaire !

Ainsi, lorsqu’un mâle rencontre une éventuelle partenaire, il lui colle aux basques, de fleur en fleur, quelques centimètres au dessus d’elle. Plusieurs mâles peuvent même voler à l’aplomb d’une seule femelle. Deux, trois quatre… Difficile de savoir comment elle fait son choix. Mais, s’ils finissent par se chamailler, elle les plante là, tout penauds, et disparaît comme elle est venue. Relous !

Parade nuptiale de l'Éristale interrompu.

Y-a-t-il une règle du jeu, un ordre de préséance entre les mâles volant au dessus de celle qui continue à butiner comme si de rien n’était ? Ils s’étagent sans difficulté à l’aplomb de celle-ci tant qu’ils restent deux voire trois. Mais, au-delà, vient vite la foire d’empoigne et… la fuite de la belle. Quand c’est trop, c’est trop.

Début août 2022. Parade nuptiale dans une station de menthe sauvage.

Mi juin 2024. Toute à son butinage de la reine des prés, Madame semble indifférente aux assiduités de Monsieur.

Deux proches cousins

Très proche cousin, l’Éristale des arbustes se distingue notamment par le premier article des tarses arrière épais, bien visible ici, plus large que l’apex des tibias. Femelle (yeux disjoints) butinant sur une planche de moutarde blanche.

Eristale horticole, mâle.

Même taille, même silhouette. Un autre proche cousin : l’Éristale horticole, assez facile à distinguer avec ses lignes rousses sur les ailes.

En savoir plus : 

 

Mme Chloromyie agréable

Mme Chloromyie agréable sur inflorescence d'achillée.

Une petite mouche verte et bleue à l’abdomen plat : Mme Chloromyie agréable est familière du jardin. Une aubaine pour le tas de compost.

Mme Chloromyie agréable sur inflorescence d'achillée.Après Monsieur et son abdomen doré il y a quelque temps, voilà Mme Chloromyie agréable (Chloromyia formosa) tout aussi éclatante. Même thorax un peu cabossé, vert métallique jusqu’au scutellumn. Même petite tête noire aux yeux finement velus. Mêmes ailes fumées qui, une fois n’est pas coutume, sont ici bien écartées.

La principale différence avec Monsieur n’en est que plus visible. Pas d’éclats mordorés pour l’abdomen, plat dessous, rebondi dessus, mais un vert-bleu étincelant dont les reflets métalliques deviennent franchement bleutés, voire violacés, en face dorsale.

Malgré sa petite taille (7-9 mm), la Chloromyie agréable se repère donc facilement au jardin. Ici sur une inflorescence d’achillée. Et tant mieux si votre potager en accueille quelques unes ! Friandes de matières organiques, leurs larves se développent ordinairement parmi les débris végétaux des sous-bois. Elles collaborent ainsi à la fabrication de l’humus. Mais, à défaut, elle participeront volontiers à la « digestion » de votre tas de compost.

Sources : 

Mme Chloromyie agréable sur inflorescence d'achillée.

À noter, autre caractéristique de l’espèce, des pattes noirs aux « coudes » jaune orangé.

Monsieur et son abdomen doré en pause au bord d’une haie.

Lucilie soyeuse sur Bident feuillé.

À ne pas confondre avec la Lucilie soyeuse, dont le vert métallique, légèrement bleuté sur l’abdomen, présente des reflets dorés sur le thorax. La silhouette est plus massive et les yeux rouges. Ses larves se développent sur la viande en décomposition.

 

L’Eumène couronné

Eumène couronné sur bractée de rudbeckia.

Petite guêpe solitaire, l’Eumène couronné se partage entre butinage et chasse aux chenilles dont il approvisionne sa progéniture.

Soigneux nettoyage des antennes sur une feuille de marguerite.

Dans la série des guêpes potières du jardin, on a déjà rencontré ici le petit Eumène pomiformis et, plus spectaculaire, l’Eumène unguiculé, aussi impressionnante que tranquille. Voici une cousine, sans doute l’Eumène couronné (Eumenes coronatus), à la toilette sur une bractée de rudbeckia.

De ses pattes jaunes et noires, il se lisse consciencieusement la langue. Après avoir essuyé ses solides antennes. Langue et antennes : deux outils précieux. La première pour puiser le nectar. Les secondes pour localiser ses proies. Des petites chenilles anesthésiées et transportées jusqu’au nid où elles constitueront le garde-manger des futures larves.

Pourquoi couronné ? En référence peut-être à la large tache jaune d’or qui, à l’avant du thorax, semble ceindre sa tête. Ce même jaune qui intervient par petites touches, sur la face, à la naissance des antennes et des ailes, sur les côtés du thorax et plus largement, par taches puis bandeaux successifs, sur les différents segments de l’abdomen. À noter celui qui souligne le second étranglement abdominal. Le dessin n’évoque-t-il pas celui d’un diadème ?

Sources :

Le bandeau marquant le second étranglement abdominal présente une découpe ajourée qui évoque (un peu) celle d’une diadème.

Butinage sur une inflorescence d’achillée pour ce très proche cousin au décor jaune presque semblable…

… et pour cet autre Eumène sp. tout aussi difficile à identifier.

Même allure générale pour ce cousin taille XXL : l’Eumènre unguiculé, reconnaissable notamment aux taches rouges sur les cotés de l’abdomen.