Panicaut, piquante séduction

Le Panicaut, alias de Chardon bleu.

On l’appelle parfois le Chardon bleu, le Panicaut n’est pas pas moins un grand séducteur. Qui sait prendre son temps.

Rien à voir avec le chardon. Sinon les épines. Mais il est bien bleu. Du moins le devient-il progressivement. Tiges, feuilles, bractées et capitules naturellement. C’est même là le signal auquel les butineurs ne résistent pas. Pollen et nectar sont à disposition. Qu’on se le dise !

Séduire, d’accord, mais pas tout d’un coup. Il faut savoir faire durer le feux d’artifice sur la grande carcasse rameuse. Tout commence, par vagues ascendantes, au plus près des collerettes de bractées. Et quand les capitules centraux envoient ainsi leurs premières salves, leurs satellites sont encore loin de leur maturité. 

Les fleurons ont une drôle d’allure. Pas de pétales ? Voire. Cinq en vérité. Bleus bien sûr. Mais recourbés vers l’intérieur comme pour mieux protéger les deux stigmates qui émergent au centre. On ne saurait être plus clair : c’est là qu’il faut passer la langue. Ou la trompe ! 

Mine de rien, les étamines ont déjà sorti le grand jeu. Impossible d’éviter leurs anthères bleu foncé chargées de pollen. Abeilles, coléoptères, papillons et même l’Isodonte mexicaine, se chargeront de la diffuser.

Le Panicaut, alias de Chardon bleu.

Le Panicaut et les guêpes

Ses larves mangent des sauterelles mais pour l‘Isodonte mexicaine, c’est pollen et nectar.

Le plein d’énergie pour l’Eumène unguiculé, une guêpe potière XXL, avant de partir en chasse de chenilles, la pitance de ses larves.

La Scolie hirsute, alias la Guêpe du vers blanc, et ses solides antennes en forme de massue.

Le Poliste gaulois en chasse perpétuelle autour et sur les fleurs : des insectes pour lui même et pour les boulettes protéinées de ses larves.

 

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L’Heuchère sanguine

Heuchère sanguine et abeille domestique.

Ne comptez pas sur l’Heuchère sanguine pour en mettre plein la vue ! Quoi que. Il suffit de s’y arrêter un peu. Délicate découverte.

Eucère sanguine et petite ouvrière du Bourdon des champs.Elle souffre un peu de la concurrence de ses opulents voisins. Notamment des Scabieuses, irrésistibles auprès des papillons. Et des Penstemons qui, quelle qu’en soit la couleur, vont tellement comme un gant aux bourdons ! Mais, pour faire moins d’esbrouffe, l’Enchère sanguine (Heuchera sanguinea) ne manque cependant pas de charmes.

Tout ici respire le raffinement. Du coussin de feuillage vert tendre aux fines et dansantes hampes florales. Loin de la cohue alentour, nectar et pollen y semblent autant d’offrandes réservées à quelques butineurs esthètes !

Des centaines de clochettes, cramoisies ici, rouge orangé là, sonnailles précieuses, tout en légèreté. La bordure festonnée des corolles fait ainsi alterner larges lobes rouges et fines oves laiteuses. Pour mieux cibler l’essentiel. Les cinq petites perles jaunes de pollen puis les deux carpelles dressés du pistil. Délicat passage obligé pour atteindre la libation sucrée qui suinte tout au fond.

Heuchère sanguine et Syrphe ceinturé.

Si abeilles et bourdons doivent tirer longuement la langue pour atteindre le nectar, le Syrphe ceinturé se contente de lécher les petits sacs de pollen des étamines en bordure de la corolle.

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Le long éperon de la Capucine

Il n’y a guère que bourdons et papillons pour atteindre le long éperon de la Capucine. Et son précieux nectar. Jusqu’aux premières gelées.

Voilà une fleur magnifique qui ne cache pas son jeu ! Tout conduit en effet vers le long éperon de la Capucine. C’est là que les butineurs trouveront leur récompense. Du nectar à gogo. Du moins ceux qui ont la langue ou la trompe assez longue !

Heureusement, le chemin est bien balisé. Sur fond jaune vif, de petites flèches rouge orangé invitent à s’engouffrer dans la corolle. Là, les cinq larges pétales se partagent les rôles. Les trois du bas tout d’abord. Agrémentées de fanfreluches, leurs longues et étroites griffes forment comme une garde d’honneur aux huit étamines regroupées autour d’un style unique trifide. Un passage obligé. Polliinisation oblige !

Changement de décor juste au-dessus. Les deux pétales supérieurs, à défaut d’étroites griffes et de falbalas, s’amenuisent doucement pour venir se souder aux bractées. Celles-ci fusionnent alors à l’arrière pour constituer le fameux éperon. De longues stries brunes internes accompagnent le mouvement. Jusqu’à l’étroit goulot ! C’est là qu’il faut plus que jamais étirer la langue pour atteindre le nectar qui suinte à l’intérieur… Il n’y guère que bourdons et papillons pour y parvenir. Mais c’est assez pour que la Capucine se ressème à l’envi.

Sources : 

Langue déjà sortie, le Bourdon des jardins va ici droit au but : l’entrée de l’éperon, c’est tout au fond !

Petite séance de lissage de la langue au sortir de la corolle pour le Bourdon des champs.

Dans leurs allées et venues, les bourdons véhiculent le pollen d’un fleur à l’autre. Avec une multitude de petites graines à la clé !

Pour cette mouche éristale, c’est peine perdue ! Elle pourra certes aller jusqu’au fond de la corolle. Mais que là à atteindre le nectar… Elle pourra néanmoins se consoler en léchant les étamines.

Les ailes pour le moins fatiguées, ce Paon du jour est mal en point. Il a bien besoin d’un peu de nectar pour se requinquer !