Le Machaon, grand porte-queue

Machaon sur inflorescence de phacélie.

Un superbe décor de marqueterie, d’ébène poudrée et de précieuses incrustations colorées : le Machaon, à la fois sobre et spectaculaire.

Machaon sur inflorescence de phacélie.C’est, avec le Flambé, l’un des papillons les plus majestueux du jardin. Comme lui, le Machaon, alias le Grand porte-queue (Papilio machaon) se repère de loin à ses grands vols colorés. Tout à tour rapides et amples, souvent planés. Mais il sait aussi prendre le temps de la dégustation.

Lorsqu’il fait halte sur un parterre fleuri, ici sur les inflorescences de la phacélie, il ouvre largement sa voilure à dominante jaune et noire. Sur les antérieures, triangulaires, le noir est poudré ou marqueté de jaune clair. Outre leur fine queue soulignée d’un trait noir, les postérieures, du même jaune clair, rehausse l’ensemble avec une large bande sombre ponctuée d’ocelles bleus et rouge-orangé.

La progéniture du Machaon apprécie notamment les carottes sauvages. Sans rechigner sur les carottes cultivées à vrai dire. Ni sur l’aneth, le persil, le fenouil et le panais… Pas de panique pour autant. La ponte est toujours très clairsemée. Et les chenilles jamais grégaires. Très voyantes (noir et orange sur fond vert), il suffit de les ramasser pour les conduire dans une prairie voisine. Ou de laisser faire s‘il s’agit d’un ou deux individus isolés. Le spectacle du Machaon vaut bien un petit grignotage ! 

Machaon sur inflorescence de phacélie.

Fin avril 2021. Sur les modestes mais irrésistibles ombelles du Cerfeuil sauvage. Les premières du printemps au bord du halage.

Début mai 2023. Décidément, la phacélie est un passage obligé quand le Machaon traverse le jardin !

Mi juin 2023. Sur un épi de buddléia.

Mi juillet 2023. Sur une capitule de Cirse commun.

Fin juillet 2003. Sur un inflorescence de verveine de Buenos Aires.

D’autres « porte-queue » du jardin

Tout en majesté : le Flambé.

Azuré porte-queue sur inflorescence de cardère.

Beaucoup plus modeste, par la taille et la palette de couleurs : l’Azuré porte-queue.

 

Azuré de la faucille

L’Azuré de la faucille, alias le Rase-queue : on ne peut pas être plus explicite sur la discrétion de l’attribut de ce « petit bleu ».

Cuivré commun.

Pas vraiment une queue : une discrète excroissance pointue pour le Cuivré commun.

En savoir plus :

La Xanthie paillée

Xantihe paillée sur feuille morte de peuplier.

Inféodée aux zones humides, la Xanthie paillée est assez fréquente dans le Marais poitevin où ses chenilles se développent dans les chatons des peupliers.

Xantihe paillée sur feuille morte de peuplier.Une seule génération par an. Pour quelques semaines seulement. Et en automne !  La Xanthie paillée (Xanthia ocellaris) apparaît fin août, début septembre, mais le gros de la troupe se concentre plutôt en octobre. 

Comme la plupart des membres de la famille Noctuelle, la Xanthie présente une livrée aux couleurs un peu éteintes, hésitant ici entre l’ocre et le roux, avec des nuances vieux-rose. Le dessin est par contre assez sophistiqué, mêlant un double réseaux de lignes droites rayonnantes et de bandes transversales festonnées. On y remarquera notamment deux taches réniformes pointées de blanc.

Pluie, vent, froid, fichue saison pour un papillon… Pas de temps de batifoler. Tout juste celui de s’accoupler et de pondre. Les oeufs passeront l’hiver à l’abri du lichen, de la mousse ou au creux d’une écorce. Au printemps, les petites chenilles se gaveront des chatons des peupliers puis descendront pour parfaire leur maturation dans la végétation basse. Nymphose estivale au sol puis émergence automnale. Et c’est reparti pour un tour.

Source :

Xantihe paillée sur feuille morte de peuplier.

Xanthie paillée sur feuille de ronce.

Les quatre saisons de la Xanthie paillée : les oeufs passent l’hiver à l’abri d’un repli d’écorce ; au printemps, les chenilles dévorent les chatons du peuplier ; les chrysalides patientent tout l’été au sol ; émergence des adultes en automne…

Mousse, lichen, anfractuosités de l’écorce des peupliers : autant d’abris où les oeufs de la Xanthie paillée pourront passer l’hiver… Et un garde-manger pour les oiseaux ! Ici le petit Grimpereau.

 

La Funèbre

Noctuelle en deuil, alias La Funèbre, sur salicaire.

Les couleurs tristounettes de la Noctuelle en deuil, alias La Funèbre, évoquent la pompe des obsèques de jadis. Quoique, sous le soleil d’août…

Noctuelle en deuil, alias La Funèbre, sur salicaire.Le soleil du matin aidant, la livrée de la Noctuelle en deuil (Tyta luctuosa), alias La Funèbre, devient presque ici chatoyante. Du moins son habituelle dominante noirâtre devient-elle davantage mordorée. Jusqu’aux yeux étrangement à l’unisson avec des reflets roux.

Cela dit, le dessin des lignes sinueuses comme des bandeaux plus ou moins foncés ne change pas pour autant. Notamment celui des larges taches blanches dont le contraste renforce une impression générale malgré tout assez tristounette. 

Réputée nocturne, la Funèbre apprécie aussi les lumineuses matinées estivales. Butineuse assidue, la nuit comme le jour, elle ne résiste pas notamment au nectar de la Salicaire. 

La seconde génération vient d’émerger. Elle volètera au jardin et dans les prairies alentour jusqu’en octobre. Ses chenilles passeront l’hiver à l’abri d’un cocon enterré. En attendant, elles se nourrissent principalement de feuilles et de fleurs en bouton. Avec une prédilection pour le Liseron des champs. À ce titre, voilà une noctuelle particulièrement utile ! 

Source : 

Noctuelle en deuil, alias La Funèbre, sur salicaire.

Noctuelle en deuil, alias La Funèbre, sur salicaire.

Une livrée moins uniforme qu’il n’y paraît ! Le soleil fait ici ressortir tout un jeu de lignes, de nuances, de contrastes et de pointillés, difficilement lisibles ordinairement.