Le long éperon de la Capucine

Il n’y a guère que bourdons et papillons pour atteindre le long éperon de la Capucine. Et son précieux nectar. Jusqu’aux premières gelées.

Voilà une fleur magnifique qui ne cache pas son jeu ! Tout conduit en effet vers le long éperon de la Capucine. C’est là que les butineurs trouveront leur récompense. Du nectar à gogo. Du moins ceux qui ont la langue ou la trompe assez longue !

Heureusement, le chemin est bien balisé. Sur fond jaune vif, de petites flèches rouge orangé invitent à s’engouffrer dans la corolle. Là, les cinq larges pétales se partagent les rôles. Les trois du bas tout d’abord. Agrémentées de fanfreluches, leurs longues et étroites griffes forment comme une garde d’honneur aux huit étamines regroupées autour d’un style unique trifide. Un passage obligé. Polliinisation oblige !

Changement de décor juste au-dessus. Les deux pétales supérieurs, à défaut d’étroites griffes et de falbalas, s’amenuisent doucement pour venir se souder aux bractées. Celles-ci fusionnent alors à l’arrière pour constituer le fameux éperon. De longues stries brunes internes accompagnent le mouvement. Jusqu’à l’étroit goulot ! C’est là qu’il faut plus que jamais étirer la langue pour atteindre le nectar qui suinte à l’intérieur… Il n’y guère que bourdons et papillons pour y parvenir. Mais c’est assez pour que la Capucine se ressème à l’envi.

Sources : 

Langue déjà sortie, le Bourdon des jardins va ici droit au but : l’entrée de l’éperon, c’est tout au fond !

Petite séance de lissage de la langue au sortir de la corolle pour le Bourdon des champs.

Dans leurs allées et venues, les bourdons véhiculent le pollen d’un fleur à l’autre. Avec une multitude de petites graines à la clé !

Pour cette mouche éristale, c’est peine perdue ! Elle pourra certes aller jusqu’au fond de la corolle. Mais que là à atteindre le nectar… Elle pourra néanmoins se consoler en léchant les étamines.

Les ailes pour le moins fatiguées, ce Paon du jour est mal en point. Il a bien besoin d’un peu de nectar pour se requinquer !

 

Le relais des rudbeckias

Rudbeckias et Azuré commun.

Belle transition entre l’été et l’automne, la large touffe dorée des rudbeckias régalera abeilles et papillons jusqu’en octobre.

Rudbeckias et Eucère dentée, mâle.

Immanquable avec ses spectaculaires antennes, Monsieur Eucère dentée visite chacun des fleurons jaunes en périphérie du coeur noir.

Le relais est chaque année bien orchestré entre les marguerites blanches et les rudbeckias. Ainsi, après un éclatant début d’été, les premières baissent-elles le nez comme pour tirer leur révérence. Or, depuis quelques temps déjà, la large touffe des seconds est plus fringuante que jamais.

Elle s’apprête à jouer les prolongations pour saluer l’automne de ses mille et un feux dorés. Les butineurs ne perdent pas au change ! Papillons et abeilles sauvages ont tôt fait de repérer et de butiner les petits fleurons jaunes qui perlent en périphérie du coeur noir. Et ce n’est pas un hasard si les agrions du jardin viennent s’y poster à l’affût : les petites mouches en quête de pollen en feront les frais !

Contrairement aux marguerites, les capitules de rudbeckias de baissent pas le nez quand ils arrivent à maturité. Fiers comme Artaban jusque dans le dessèchement. Il est alors temps de les couper, au fur et à mesure, pour stimuler le renouvellement de la floraison. Jusqu’aux premiers frimas. Si tout va bien.

Source :

Le petit Azuré commun : la légère ondulation des ailes pendant le butinage dévoile un peu de l’avers bleu ciel finement bordé d’une frange blanche et d’un liseré noir. Un mâle donc.

Rudbeckias et Mégachile sp.

Petite Mégachile sp. bien placée pour accéder à la fois au nectar, à la base de chaque pétale, et au pollen des petits fleurons jaunes en périphériques du coeur noir.

Rudbeckias et Agrion à larges pattes.

Gare à l’Agrion à larges pattes ! À l’affût, il guette les petits insectes en quête de pollen.

Mouche-scorpion mâle en chasse. On voit bien ici le long rostre armé de mandibules dont il use pour broyer ses proies.

La voilure de cet Amaryllis a perdu de son éclat ! On ne perçoit qu’à peine les deux pupilles blanches de l’ocelle noir. En bout de course, sans doute, le petit papillon a bien besoin de se requinquer !

 

La Tenthrède du rosier

Tenthrède du rosier, femelle, ponte sur jeune pousse de rosier.

Une cicatrice sur une jeune pousse de rosier ? Un travail de pro ! Madame Tenthrède du rosier est passée par là pour l’inciser et y pondre ses oeufs…

Tenthrède du rosier, femelle, ponte sur jeune pousse de rosier.C’est peu dire qu’elle ressemble à sa cousine, la Tenthrède de la ronce. Même silhouette noire-jaune ramassée, même petite tête aux solides antennes le plus souvent relevées, même thorax aux reflets bleutés creusé de sillons épais… Mais les pattes de la Tenthrède du rosier (Arge pagana) sont entièrement noires. Et ses ailes fortement fumées.

La différence vient surtout de l’abdomen, jaune vif plus qu’orangé, y compris le fourreau de l’ovipositeur de la femelle surprise ici en pleine ponte. Elle vient de commencer l’incision d’une jeune pousse de rosier pour y déposer ses oeufs. 

Une heure plus tard, elle semble ne pas avoir bouger. Voire. Car, à bien y regarder, l’incision a progressé de près d’un centimètre. C’est que, chez les Tenthrèdes, on ne pond pas à la va-vite ! D’autant qu’au fur et à mesure, une sécrétion blanchâtre vient colmater l’entaille. Les oeufs seront ainsi à l’abri le temps de l’incubation… Il en naitra les fameuses (et redoutables) pseudo-chenilles qui ne laisseront du feuillage que pétioles et nervures. Si on les laisse faire !

Sources :

Tenthèdre du rosier, femelle en ponte sur jeune pousse de rosier.

Une heure plus tard, l’incision a bien progressé. On voit bien ici la sécrétion blanchâtre qui vient colmater l’entaille au fur et à mesure de la ponte.

En début de soirée, ni vue ni connue ! Ou presque. Seule subsiste une discrète cicatrice dans l’écorce de la jeune pousse…

Une dizaine de jours plus tard. Les lèvres de la cicatrice se sont progressivement écartées, laissant apparaître la « couvée », soigneusement alignée, et, déjà, la première petite pseudo-chenille.

À l’assaut du feuillage tout aussitôt !

Début septembre 2021. Un mois après la ponte, les pseudo-chenilles ont déjà une belle taille, la tête orangée et quelques premières taches noires sur le corps.

Fin septembre 2021. Loin de l’invasion, voilà la seule rescapée parmi la progéniture de la Tenthrède du rosier. Sans doute faut-il remercier les prédateurs et notamment les guêpes, pas si regardantes entre chenilles et pseudo-chenilles pour nourrir leurs larves !

Ne pas confondre avec une proche cousine, la Tenthrède de la ronce dont l’abdomen, jaune orangé, transparait parfaitement à travers des ailes hyalines tachées de noir. À noter également les pattes jaunes.