La Sauge de Jérusalem

Bourdon des champs sur Sauge de Jérusalem.

Rassurez-vous ! Le Bourdon des champs a aperçu l’araignée crabe à l’affût : il fera l’impasse sur la fleur suivante…

Une des sauges les plus précoces. La Sauge de Jérusalem libère ses premières couronnes fleuries entre Pâques et l’Ascension !

Si vous voulez faire plaisir aux bourdons, particulièrement aux Bourdons des champs, offrez-leur une Sauge de Jérusalem (Phlomis russeliana) ! Comme toujours avec les sauges, le nectar y abonde. Mais il se mérite ! Un jeu d’enfant cependant pour les bourdons qui ont tôt fait d’en découvrir le sésame.

Ce n’est pourtant pas si simple en l’occurence. Car, s’épanouissant en couronnes successives, les fleurs reposent sur la « boule » compacte des couronnes suivantes encore en boutons. De sorte que chaque lèvre inférieure, jaune d’or, a une mobilité toute relative. D’ordinaire, en y atterrissant, les butineurs ont déjà à moitié ouvert la porte vers le tube nectarifère. Là, rien ne se passe encore. Il faut alors soulever franchement l’étroit « casque » jaune crème pour accéder au Saint des saints !

Ce faisant, le bourdon fait mécaniquement tomber les quatre étamines et le style unique qui s’y abritent. Balayage obligatoire sur le chemin du nectar ! Ainsi, au fil des passages, la fourrure saupoudrée diffuse le pollen d’une fleur l’autre… En attendant, gare ! Une araignée crabe est postée sur la fleur suivante. Un petit mâle de la Thomise variable. Pour lui aussi la Sauge de Jérusalem est une bénédiction.

Bourdon des champs sur Sauge de Jérusalem.

En soulevant le « casque », le bourdon libère étamines et style qui pendent désormais derrière lui. En ressortant, sa fourrure va frotter les anthères et se poudrer de pollen. À gauche, la petite araignée crabe semble dépitée : sa « proie » a passé son chemin devant la fleur où elle était postée…

L’ouvrière du Bourdon terrestre ne tarde pas non plus à trouver le sésame !

Quant à l’Abeille charpentière, elle contourne la difficulté en passant à l’arrière de chaque fleur, quitte à ouvrir un passage à coups de mandibules.

Balayage obligatoire des étamines et du style sur le chemin du nectar. La fourrure du Bourdon des champs véhicule ainsi le pollen d’une fleur l’autre.

Thomise variable, mâle, sur feuille de Sauge de Jérusalem.

Le petit mâle de la Thomise variable n’a pas réussi son coup. Ce n’est que partie remise. La patience n’est-elle pas la qualité première des araignées crabes ?

Thomises variables, femelle et mâle / Un jardin dans le Marais poitevin.

Oh, bien-sûr, il est riquiqui au regard de Madame ! Mais Monsieur Thomise variable n’a aucun complexe. Ici dans une exploration prénuptiale.

D’autres sauges au jardin

Sauge toute-bonne et abeille charpentière.

Quelques autres sauges du jardin. La Sauge toute-bonne, très appréciée de l’Abeille charpentière

… la Sauge des marais avec la petite Rhingie champêtre parmi ses aficionados…

Azuré porte-queue sur Sauge farineuse.

… et la Sauge farineuse fréquentée ici par le petit Azuré porte-queue.

La petite Osmie rousse sur la Sauge des bois.

Sauge argentée et Abeille charpentière.

Même l’Abeille charpentière vient se régaler sur la Sauge argentée. Et plutôt trois fois qu’une !

 

Les amours de la Charpentière

Abeilles charpentières in copula.

Dans le mirabellier en fleurs, l’heureux élu de l’Abeille charpentière se déclare sans ambages. Quitte à commencer de façon acrobatique…

Abeilles charpentières in copula.L’amour ne tient parfois qu’à un fil… En l’occurence, le long style verdâtre d’une fleur de mirabellier ! Madame Abeille charpentière (Xylocopa violacea) y accroche ses mandibules. Le temps de se décider.

Car ce n’est pas le premier mâle qui tente là sa chance. Vite éconduits. Cette fois, ce pourrait être le bon. Oui mais, comment faire, dans cette improbable position ? Le tandem s’envole bientôt. Toujours accolés, Monsieur et Madame ne vont pas très loin. Le premier bouquet de fleurs venu fait l’affaire. Pourvu qu’il soit possible de s’y agripper confortablement.

Après une étreinte plus expéditive que romantique, le butinage reprend ses droits. C’est que Madame va plus que jamais avoir besoin d’énergie. Creuser un nid dans le bois d’un arbre mort. Y aménager les cellules des futures larves. Les approvisionner en nectar et pollen… Pour un passage de relais prévu en fin d’été. Et la nouvelle génération passera alors l’hiver en dormance. À l’abri de quelque terrier de rongeur abandonné ou d’un tas de bois. Jusqu’en mars-avril.

SOURCES :

  • Bellmann 2019, Abeilles, bourdons, guêpes et fourmis d’Europe, Delachaux & Niestlé.
  • Boyer 2015, Abeilles sauvages, Ulmer.
  • Vereecken 2018, Découvrir et protéger nos abeilles sauvages, Glénat.
  • La Charpentière avec le site aramel.free.fr

Abeilles charpentières in copula.

Entièrement noire, avec des reflets bleu violacé sur les ailes relevées pendant le butinage.

 

Madame Halicte de la Scabieuse

Halicte de la Scabieuse, femelle, début mars 2021.

Début mars ! Aussi précoce l’une que l’autre… Madame Halicte de la Scabieuse sur les premiers capitules de sa fleur emblématique.

Halicte de la Scabieuse, femelle, début mars 2021.Avec son mauve lumineux, la première floraison des touffes de Scabieuse ne pouvait laisser indifférentes les premières butineurs du jardin ! À tout seigneur, tout honneur, évidemment. Le petit Halicte de la Scabieuse (Halictus scabiosae) n’a donc pas manquer ce rendez-vous inaugural. Aussi précoce soit-il.

Halicte de la Scabieuse, femelle, début mars 2021.Auparavant, les capitules de pissenlit l’ont poudré de pollen jaune, entre la visite des pâquerettes et celle de la phacélie. D’un mauve à l’autre.

Il s’agit ici d’une femelle. Fécondée l’été dernier, elle a hiverné et, dans une ambiance encore frisquette, elle refait surface pour butiner dès que le soleil le permet.

Bientôt, avec quelques congénères, elle fondera une petite communauté : un puit commun et des galeries souterraines à partir desquelles chacune aménagera les loges de la génération suivante. En attendant, il faut reprendre des forces.

L’Halicte femelle se reconnait notamment à ses antennes coudées mais, surtout, à ses doubles bandes feutrées abdominales. Jaune plus ou moins vif à l’avant, beige clair à l’arrière. Avec un court sillon longitudinal caractéristique à la pointe de l’abdomen.

SOURCES :

Halicte de la Scabieuse, femelle, début mars 2021.

À la pointe de l’abdomen, le court sillon longitudinal caractéristique de Madame Halicte de la Scabieuse.

Une visite incontournable : la planche de phacélie !

Le généreux pissenlit, toujours prêt pour accueillir les premiers butineurs de la fin d’hiver.

Avec un abdomen plus long et plat, Monsieur Haliecte de la scabieuse se distingue également par de longues antennes à l’extrémité en forme de crochet.  Mais seule les femelles, fécondées l’été dernier, ont passé l’hiver. Il n’y a donc pas de mâles au début du printemps ! Ils émergeront bien plus tard…