La Mélecte commune

Mélecte commune sur Grémil bleu-pourpre.

Abeille-coucou attitrée de l’Anthophore plumeuse, la noire Mélecte commune rôde au long des talus en fleurs. Dans l’attente de l’instant propice…

Au pied d’une haie où court et s’épanouit le Grémil bleu pourpre. Chaque printemps, en mars-avril, on y rencontre notamment deux abeilles sauvages inséparables. La Mélecte commune (Melecta albifrons) et l’Anthophore plumeuse (Anthophora plumides). Un duo mortifère.

Anthophore plumeuse, cible privilégiée de la Mélecte commune.

Le talus des fossés, au pied des haies, c’est le paradis pour l’Anthophore plumeuse : une terre facile à creuser pour aménager son nid et des fleurs à gogo au printemps ! Nétait la Mélecte commune qui rôde…

Elles ne se ressemblent guère. La première est à dominante noire, le thorax brun grisâtre, les pattes et les flancs animés de petites touffes blanches. La seconde a un côté nounours, la silhouette plus ramassée, avec une fine fourrure gris fauve. C’est surtout une stakhano du butinage. Vive, toujours en mouvement, insaisissable.

La Mélecte aussi butine. Mais tranquille. Avec une seule bouche à nourrir. La sienne ! Alors que l’industrieuse Anthophore, elle, doit garnir le garde-manger de sa progéniture. 

On l’aura compris : la première est une abeille-coucou, la seconde sa cible. Avec une stratégie toute simple : surveiller les allées et venues de l’Anthophore pour profiter de son absence au nid. Le temps d’une nouvelle collecte. Juste assez pour aller pondre : un oeuf par cellule. Sitôt éclose, chaque larve intruse croquera sa concurrente pour mieux s’approprier ses réserves de nectar et de pollen. 

Mélecte commune sur Grémil bleu-pourpre.

Mine de rien, la Mélecte butine et surveille les allées et venues de sa cible…

Et puisque le jardin accueille ordinairement l’Anthophore à pattes plumeuses, la Mélecte commune ne saurait manquer le rendrez-vous ! Ici sur une inflorescence de phacélie.

Mais attention ! L’abeille-coucou doit faire vite. L’anthophore chargée de pollen peut revenir à tout moment. Si elle surprend alors l’intruse, elle aura tôt fait de la chasser manu militari. Non mais !

En savoir plus :

 

La Pyrale des buissons

La Pyrale des boissons.

Toutes les pyrales ne sont pas ravageuses des cultures ! Les chenilles de la Pyrale des buissons préfèrent le plantain des prairies.

Sur une feuille de Plantain lancéolé, une des plantes-hôtes favorites de la Pyrale des buissons.

Revoilà la discrète silhouette triangulaire des pyrales. Mais, pas de panique, les chenilles de celle-ci ne s’attaquent ni au buis, ni aux légumes, ni au maïs, ni à la menthe…Comme son nom ne le suggère pas, la Pyrale des buissons (Pyrausta despicata) préfère confier sa progéniture aux prairies alentours. Avec une préférence pour le plantain, actuellement en fin de floraison.

Au repos, elle garde les ailes antérieures à demi écartées. Elle dévoile ainsi un peu des postérieures, brun foncé, barrées d’une large bande irrégulière et d’une ligne plus fine, toutes deux jaune-beige. Avec un clin d’oeil à l’abdomen, noirâtre, rythmés de fins anneaux blanc-crème.

La dominante des ailes antérieures est très changeante d’un individu l’autre. Sans toutefois égaler l’éclat de la Pyrale pourprée. Ni même de la Pyrale de la menthe. L’impression est le plus souvent assez terne, avec un camaïeu de brun plus ou moins clair, de gris, de beige et de chamois. Voire de roux ici sur le thorax.

La Pyrale des buissons.

Il existe un bon millier d’espèces de pyrales, souvent nocturnes, avec des livrées plus ou moins délavées. La Pyrale des buissons volète plutôt le jour, dans la végétation basse des prairies. Et dans les allées du jardin !

Plongée dans la corolle d’un bouton d’or.

 

En savoir plus :

Lumineuses cousines

Même (petite) taille, même silhouette triangulaire mais une dominante rouge et or beaucoup moins discrète pour la Pyrale de la menthe (P. Aurata)…

… et plus encore pour la Pyrale pourprée (P. Purpuralis) !

La Nomade fardée

La Nomade fardée.

La petite Nomade fardée entre en scène. Avec quelques coquetteries rouge-brique – jusqu’en dans les yeux – sur fond noir et jaune.

La Nomade fardée.Dans la série des « abeilles coucous » déguisée en petites guêpes, les « Nomades » (Nomada sp.) ont toutes un air de famille. Avec une dominante noire tachée de jaune au thorax et rythmée de bandes jaunes à l’abdomen. Une troisième couleur s’y invite le plus souvent : le rouge brique. Ainsi, la Nomade fardée (N. ducata) tient sans doute son nom de ses multiples touches rouges : premier segment de l’abdomen, attaches des ailes, pattes, antennes et yeux.

Le fard est cependant plus discret que celui de la Nomade rousse (N. lathburiana) dont le brun-rouge envahit jusqu’au thorax, au point d’être appelée Poils-de-carotte !

Plus sobre, le thorax ici est bien noir, avec deux petites taches latérales jaunes et une seule plus larges à l’arrière. C’est la seule espèce de la famille à présenter cette tache arrière unique qui fait écho à un fin collier jaune, peu lisible, à l’avant.

Chez les « Nomades », les femelles parasitent les nids d’autres abeilles solitaires. Avec une préférence pour celles du genre Andrène. Chacune sa spécialité ! Pour la Nomade fardée, c’est l’Andrène à pattes jaunes. L’une et l’autre fréquente actuellement les pissenlits. Mais une seule récolte du pollen. Devinez laquelle !

La Nomade fardée.

Pas de brosse de collecte chez les Nomades : pas de larves à nourrir en effet puisqu’elles confient leurs oeufs à des abeilles solitaires plus industrieuses qu’elles !

La cible favorite de la Nomade fardée

Andrène à pattes jaunes.

L’Andrène à pattes jaunes : la récolte ici va bon train pour garnir le garde-manger de ses larves. Ou celles, peut-être, de la Nomade fardée !

En savoir pluS :

Deux cousines

Nomade commune sur Ficaire fausse renoncule.

La Nomade commune (N. goodeniana) parasite de l’Andrène noire-bronze.

La Nomade rousse (N. lathburiana) parasite de l’Andrène cinéraire.