L’Azuré des anthyllides

Argus des anthyllides, mâle, sur salicaire.

Dans la série des « Petits bleus » du jardin, l’Azuré des Anthyllides, alias le Demi-Argus, est un familier des zones humides.

Argus des anthyllides, mâle, sur salicaire.Papillon de taille moyenne (25-30 mm d’envergure), l’Azuré des Anthyllides (Cyaniris semiargus) ne manque pas de sobriquets : Demi-Argus, le Petit bleu indigo, l’Argus violet… Et même parfois Le Mazarin. Non pas en référence au Cardinal mais bien plutôt à la couleur du mâle : loin du rouge cardinalice, un bleu foncé, tirant sur le violet. Bref, le « Mazarine blue » cher à nos amis anglais.

Ce bleu n’est pas uniforme mais fortement veiné, bordé de brun puis, in fine, souligné d’une frange blanche. On retrouve celle-ci chez la femelle dont le dessus des ailes est par ailleurs uniformément brun.

Le revers des ailes est identique pour les deux sexes. Un semi central de taches blanches pointées de noir s’y détache ainsi sur fond beige mâtiné de gris. Avec des suffusions bleutées près de l’abdomen. Mais aucune tache orangée ou noire à la marge. D’où le surnom de Demi-Argus qui souligne cette absence…

Sources : 

Argus des anthyllides, mâle, sur salicaire.

Sur les salicaires en bordure du halage. Pour l’essentiel, les petites taches blanches pointées de noir forment une longue ligne sinueuse d’une aile à l’autre.

Mi septembre 2021. Madame, dessus des ailes uniformément brun, à peine nuancé de quelques suffusions bleues. Ici sur un capitule de Pulicaire dysentérique. En bordure du halage.

Début mai 2021. Sur une petite corolle rose vif du Géranium découpé.

Fin août 2022. En pause sur une feuille de guimauve.

 

L’herbe aux papillons

Vulcain sur Eupatoire chanvre.Familière des zone humides, très prisée par les papillons notamment, l’Eupatoire chanvrine actuellement en pleine floraison au bord des fossés.

Amaryllis sur Eupatoire chanvrine.Rabelais fait allusion à l’Eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum) dans les derniers chapitres de son Tiers-Livre. Sans doute l’a-t-il rencontrée lors de son séjour de jeunesse à Maillezais. Dans ce qui allait devenir le Marais poitevin alors en cours d’aménagement… Il en fait la forme « saulvaginée » d’une « herbe merveilleuse » dont son héros aurait Azuré des nerpruns sur Eupatoire chanvrine.découvert et expérimenté les « admirables vertus ». Le Pantagruelion. Autrement dit le chanvre.

Quoiqu’il en soit, voilà bien une haute et solide plante familière des milieux humides. À deux pas du jardin, elle fait bon ménage avec la Pulicaire sur les rives de la Sèvre. Ses capitules pourpre pâle s’épanouissent en cette fin d’été. Le parfum n’en est pas forcément agréable. Il n’en séduit pas moins les papillons. Du Vulcain à l’Amaryllis en passant par l’Azuré des nerpruns et la Carte de géographie.

Les feuilles de l’Eupatoire chanvrine étaient jadis réputées cicatrisantes et ses racines purgatives. On récoltait celles-ci et les tiges à l’automne. « Quand les cigales commencent à s’enrouer ». Pour reprendre la plaisante expression de Rabelais.

En savoir plus sur l’Eupatoire chanvre avec le site abiris.snv.jussieu.fr (Identification assistée par ordinateur)

Familière des milieux humides, l’Eupatoire chanvrine fait bon ménage avec la Pulicaire, ici sur les berges de la Sèvre niortaise.

Pas seulement les papillons ! Les mouches aussi apprécient les capitules pourpres de l’Eupatoire. À commencer par la plus grosse d’entre elles, l’Échinomye corpulente.

Mais aussi la petite Trichopoda pennipes, la meilleure ennemie de la punaise verte !

 

La Noctuelle sulfurée

Noctuelle sulfurée sur épi floral de guimauve officinale.

Sa famille a une réputation de ravageuse au jardin. La Noctuelle sulfurée fait exception : ses chenilles sont friandes de liseron !

Noctuelle sulfurée sur épi floral de guimauve officinale.Un petit papillon de nuit. Pour autant,  la Noctuelle sulfurée (Acontia trabealis), alias l’Arlequinette jaune, aime se prélasser au soleil du matin. Dans une prairie voisine, elle prend ici position au plus haut d’un bouquet floral de Guimauve médicinale. Le temps d’une courte sieste.

Ailes antérieures repliées en bâtière, recouvrant postérieures grises et abdomen rayé : sa livrée léopardée ne manque pas de charme. Avec de larges bandes sinueuses et des taches noires sur fond légèrement soufré. Voilà une noctuelle que l’on peut admirer à loisir sans crainte aucune pour le potager !

Ses chenilles n’ont rien à voir en effet avec les trop fameux et voraces « vers gris » de sa cousine la Fiancée. Du moins n’apprécient-elles guère les légumes. Bien plus que les salades et autres jeunes plants pris au collet, elles préfèrent le liseron des haies et des prairies. Grand bien leur fasse !

Sources : 

Noctuelle sulfurée sur épi floral de guimauve officinale.

Noctuelle sulfurée sur fleur de bourrache.

Une autre Arlequinette sur une fleur de bourrache. On peut ainsi voir que, si la physionomie générale est la même, le dessin des lignes et des taches noires varient d’un individu à l’autre. De même que la couleur jaune pâle ou blanc crème du fond.