La généreuse toxique

Abeille sauvage sur Oenanthe de Lachenal.

C’est toujours un mystère de voir une plante toxique comme l’Oenanthe de Lachenal autant visitée par les butineurs…

Ectemnius continuus sur Oenanthe de Lachenal.La floraison du Cerfeuil des bois s’achève au bord du halage. En attendant celle de la Carotte sauvage, de la Berce et de la Reine des prés, place à une modeste ombellifère inféodée aux zones humides. L’Oenanthe de Lachenal (Oenanthe lachenalii) dont les tiges ramifiées, un peu lâches, sont actuellement malmenées par la pluie et le vent.

Cela dit, même rabattues parmi les graminées, les petites ombelles blanches au coeur parfois rosé ne manquent pas de charme. De minuscules corolles. Cinq pétales ronds. Plus longs et échancrés en périphérie. Cinq étamines et deux styles dressés. Et un généreux nectar facilement accessible… Pas étonnant que les butineurs y soient nombreux ! 

Cela dit, comme tous les membres de la famille, l’Oenanthe de Lachenal est à prendre avec des pincettes. Racines charnues, tiges creuses cannelées, feuillage gracile, ombellules florales puis fructifères… Tout chez la belle est toxique. Et pourtant, abeilles, mouches, guêpes, tenthrèdes, même coléoptères et papillons ne s’en soucient guère. Ont-ils trouvé l’antidote ?

Source : 

Phasie crassipenne sur Oenanthe de Lachenal.

Parmi les butineurs assidus de l’Oenante, la Phasie crassipenne, la Mouche des punaises, nullement affectée par la toxicité de l’ombellifère…

Tenthrède rustique sur Oenanthe de Lachenal.

La Tenthrède rustique non plus. Dans la même prairie, elle passe sans difficulté des dernières ombelles de Cerfeuil des bois aux premières fleurs d’Oenanthe.

Charançon du peuplier sur Oenanthe de Lachenal.

Même le Charançon du peuplier (Dorytomus longimanus) a l’air d’y trouver son compte !

Une tige cannelée et le frêle feuillage de l’Oenante de Lachenal.

Après fécondation, chaque ombellule florale évolue en une sphère compacte, toute hérissée des petites « dents » des akènes serrés les uns contre les autres.

 

 

Le Cerfeuil sauvage

Cerfeuil sauvage et Éristale des arbustes.

Les ombelles du Cerfeuil sauvage sont arrivées. Pour quelques semaines. Modestes autant qu’irrésistibles. Surtout auprès des syrphes.

Cerfeuil sauvage et Éristale des fleurs.C’est la pleine saison du Cerfeuil sauvage, alias le Cerfeuil des bois (Anthriscus sylvestris), aux bords des chemins et le long du halage. La première ombellifère du printemps. Il n’a certes pas la prestance de la Grande berce. Ni l’enivrant parfum de la Reine des prés. Mais quel succès auprès des butineurs !

Nectar et pollen sont en effet très faciles d’accès. L’Éristale horticole, ici, comme sa cousine l’Éristale des fleurs, y ont leurs habitudes. Et, à l’occasion, même le grand Machaon ne résiste pas à la tentation. Quand à la Punaise Arlequin, elle est là un peu chez elle. Parfois en importantes colonies, elle est notamment très friande de la sève du cerfeuil. Et plus encore, bientôt, de ses petites graines encore vertes.

Pour l’heure, à défaut d’être très dense, la floraison laiteuse fait ce qu’elle peut pour retenir l’attention. Chaque inflorescence est subdivisée en une quinzaine d’ombellules satellites, chacune portant une dizaine de petites fleurs. Et, pour faire bonne mesure, les pétales périphériques sont deux fois plus grosses !

Sources : 

Cerfeuil sauvage et Machaon.

En cette fin avril, rien de tel que le grand et majestueux Machaon pour mettre en valeur les modestes ombelles du Cerfeuil des bois !

La petite Carte de géographie (première génération) n’est pas en reste !

Une allure de guêpe pour un bel auxiliaire du potager : les larves du Chrysotoxe prudent y font la chasse aux pucerons des racines !

Longue dégustation de nectar pour Monsieur Syrphe porte-plume.

Si la Pompile sp. chasse ordinairement les araignées pour nourrir ses larves, la petite guêpe noire et rouge butine pour son propre compte, notamment sur les ombellifères.

Une autre petite tenthrède amatrice de nectar, la Tenthrède de la ronce.

Parmi les coléoptères familiers du Cerfeuil des bois, le Drap mortuaire, encore en partie pourvu ici de sa toison juvénile.

Cerfeuil sauvage et Punaise arlequin.

Le Graphosome italien, alias la Punaise arlequin ne boude pas nectar et pollen mais, essentiellement piqueuse suceuse, elle restera fidèle au Cerfeuil sauvage quand la floraison sera passée. Elle est effet friande de sève…

… et se délecte le moment venu des graines encore vertes de l’ombellifère.

Pas fou le Xystique crêté (Xysticus cristatus) ! Comme toutes les araignées crabes, il sait choisir ses postes d’affût. Les ombelles du Cerfeuil des bois sont idéales pour capturer une punaise arlequin.

Les jeunes feuilles se forment dès la fin de l’automne et patientent tout l’hiver au pied des haies. Les hautes tiges florales s’élancent en avril-mai.

 

Le Grémil bleu pourpre

Grémil bleu pourpre et Bourdon des champs.

Une belle et graphique sauvageonne : le Grémil bleu pourpre court et dresse ses lumineuses étoiles au pied des haies. Sur les talus ensoleillés.

Grémil bleu pourpre et Aurore.Quel superbe bleu ! Intense, profond. Puis discrètement violacé au centre. Par petites grappes au pied des haies, les coroles étoilées du Grémil bleu pourpre (Buglossoides purpurocaerulea) ont quelque chose de fascinant pour les butineurs. La promesse de nectar semble aussi grande que l’entrée du calice est étroite !

Grémil bleu pourpre et Tircis.La couleur pourpre évoquée par le nom vernaculaire tient aux fleurs encore en bouton mais aussi au long tube nectarifère à l’arrière de la corole. Quant aux fines feuilles lancéolées, d’un joli vert bien franc, elles concourent à la présence très graphique de cette sauvageonne printanière. Elles étaient jadis récoltées et séchées en vue d’une infusion. D’où l’appellation populaire de Thé d’Europe.

En fleurs tout le printemps, le Grémil drageonne de toutes parts et finit par constituer un magnifique (mais envahissant) couvre-sol. Il s’acclimate très bien au jardin où il apprécie les expositions ensoleillées. Actuellement, au bord des chemins, il fait bon ménage avec la Stellaire hollostée, le Gléchome lierre terrestre et la Bugle rampante.

Mi-avril 2019. La visite tout en délicatesse de la petite Piéride de la moutarde.

Grémil bleu pourpre et Anthophore à pattes plumeuses.

La longue langue de l’Anthophore à pattes plumeuses est parfaite pour aller puiser le nectar au creux du tube nectarifère du Grémil bleu pourpre.

Mais gare à la Mélecte commune, abeille-coucou de l’Anthophore à pattes plumeuses, qui, sans surprise, rôle au long du même talus fleuri !

Monsieur Eucère sp. et ses très longues antennes.

En savoir plus :