Une sauvageonne si raffinée

Bourdon sur fleurs de Morelle douce-amère / Un jardin dans le Marais poitevin.

De longues tiges rameuses, un feuillage joliment trilobé et d’éclatantes petites fleurs étoilées : elle court, elle court, la Morelle douce-amère…

Inflorescence et feuille trilobée de la Morelle douce-amère / Un jardin dans le Marais poitevin.Elle n’a certes pas la hardiesse du houblon dans l’art de l’escalade. Mais elle grimpe comme elle peut. Dans les haies comme au bord du halage. En prenant appui sur une ronce ou une grande ombellifère. En s’enroulant autant d’un tronc. Sinon, la Morelle douce-amère rampe et étale ses tiges rameuses sur la berge.

Les baies de la Morelle douce-amère en hiver / Un jardin dans le Marais poitevin.Ses superbes petites fleurs violettes, auréolées de petites taches vertes et blanches, ont un certain succès auprès des pollinisateurs. D’abord épanouis en fines et élégantes étoiles, les cinq pétales se retournent bientôt vers l’arrière. Comme pour mieux mettre en avant l’essentiel : les sacs de pollen jaune vif, réunis en un manchon saillant d’où émerge un fin style blanc-verdâtre.

La Morelle douce-amère produira ainsi de belles grappes de petites baies vertes puis rouge-orangées qui régaleront des oiseaux l’hiver prochain. Car il faudra attendre leur pleine maturité, mieux encore une bonne gelée, pour qu’elles perdent leur toxicité. Mais attention, si les oiseaux s’en délectent, la morelle est toxique pour l’homme. Pour les confitures, il faudra trouver autre chose. Les baies de l’églantier par exemple.

En savoir plus sur la Douce-amère avec le site snv.jussieu.fr

La Morelle douce-amère fleurit jusqu’au bout de l’automne. Butinée ici par la Rhingie champêtre, fin octobre 2020.

 

Fleurs étoilées de la Morelle douce-amère / Un jardin dans le Marais poitevin.

Ses longues lianes ne manquent pas de supports en bordure de Sèvre niortaise. Familier du Marais poitevin, plus coureur encore que la Morelle, le houblon sauvage envahit aulnes et frênes, passe d’un arbre à l’autre, se laisse parfois aller à courir sur les berges. C’est, avec l’ortie, une des principales plantes hôtes du Paon du jour.

 

Le Lychnis fleur de coucou

Aurore mâle sur Lychnis fleur de coucou / Un jardin dans le Marais poitevin.

Spectaculaire et gracile à la fois : les pollinisateurs tombent sous le charme du Lychnis fleur de coucou dans les prairies humides du marais.

Grand bombyle sur Lychnis fleur de coucou / Un jardin dans le Marais poitevin.C’est un cousin du Silène latifolia, alias le Compagnon blanc des pieds de haie. Le Lychnis fleur de coucou fait allusion à l’oiseau squatter de nid dont les premiers chants saluent la floraison printanière. Avouons que, de ce point de vue, c’est un peu abusivement que la Primevère officinale, plus précoce, lui a chipé le sobriquet. Surtout cette année.

Légère et aérienne, la colonie voisine ici avec l’Orchis incarnat dans l’ancienne prairie humide devenue peupleraie. A deux pas du jardin. Rose vif veiné de pourpre, ses ravissantes corolles se signalent de loin. Même si leurs cinq pétales se réduisent à quelques fines lanières.

Certaines versions horticoles sont disponibles sur le marché. Il est vrai que la rusticité du Lychnis fleur de coucou, sa facilité à se ressemer aussi, plaident pour une contribution aux massifs fleuris d’allure sauvage. Pour peu que le sol y soit suffisamment humide et bien ensoleillé.

En savoir plus sur la « fleur de coucou » avec le site abiris.snv.jussieu.fr

Aurore mâle sur Lychnis fleur de coucou / Un jardin dans le Marais poitevin.

Comme leur petite cousine Aurore, les différentes Piérides ne résistent pas au nectar du Lychnis.

La nuit comme le jour avec la Goutte d’argent, une Noctuelle remarquable par la tache blanche qui orne ses ailes antérieures.

Le petit Bourdon des prés engoufré dans le calice. Ici un mâle déjà émergé en avril !

Les coléoptères aussi ! Ici avec le Cardinal à tête rouge.

Début mai 2022. La petite Rhingie champêtre et son drôle de « nez » ne résiste pas au charme dépenaillé du Lychnis fleur de coucou.

 

Le Géranium découpé

Géranium découpé / Un jardin dans le Marais poitevin.

Plus discret que l’Herbe à Robert, sa voisine des pieds de haies, le Géranium découpé est souvent considéré comme une « mauvaise herbe ». Charmante au demeurant.

Heureusement, il peut prendre appui sur les hautes herbes des prairies et des bords du halage ! Ses tiges rameuses peuvent ainsi hisser tant bien que mal leurs inflorescences presqu’au dessus de la mêlée. Le Géranium découpé est un modeste. Ses petites fleurs s’épanouissent deux à deux et ne durent guère. Mais elles se renouvellent constamment.

Rose vif, tirant parfois sur le mauve, elles présentent cinq pétales légèrement échancrés, discrètement striés de lignes plus foncées. La corolle s’ouvre ainsi sur dix étamines aux petits sacs de pollen bleu-violacé, serrant de près cinq stigmates blancs disposés en étoile.

Avril 2021. Anthophore plumeuse à l’approche et sur une petite fleur rose de Géranium découpé.

Avec une réputation d’adventice, c’est un peu le mal aimé de la famille dans les champs cultivés. Quoiqu’il en soit, vive la liberté et au diable les jardinières. Il y laisse volontiers la place aux pélargoniums horticoles ! Cela dit, comme l’Herbe à Robert, sa compagne des pieds de haies, c’est bien un géranium. Un vrai. Il suffit de froisser et de sentir son feuillage profondément découpé – d’où son nom – pour s’en convaincre.

En savoir plus sur le Géranium découpé avec le site abris.snv.jussieu.fr

Géranium découpé / Un jardin dans le Marais poitevin.

Fin avril 2021. À petite corolle, petits papillons, avec l’Argus brun, alias le Collier de corail.