Monsieur Osmie cornue et les muscaris

Monsieur Osmie cornue et les muscaris

Mi-mars. Comme chaque fin d’hiver, ça matche entre Monsieur Osmie cornue et les muscaris. Dès qu’il y a un peu de soleil !

Monsieur Osmie cornue et les muscarisOh bien-sûr, il y a désormais la profusion des prunelliers en fleurs et des capitules de pissenlit. Émergé depuis peu, Monsieur Osmie cornue ne s’en prive pas. Mais il a aussi son péché mignon. Les grappes bleues si généreusement parfumées des muscaris ! Surtout ces jours-ci avec le soleil et la grande douceur revenus.

Des centaines de petites clochettes au col délicatement resserré. Autant de gourmandises à sa mesure ! Alors, faisant inlassablement le tour de son territoire, en quête de l’âme soeur, il s’arrête immanquablement s’y revigorer quelques instants.

Madame Osmie cornue émerge habituellement quelques jours après les mâles. Histoire de bien les faire lanterner ! Monsieur s’en distingue par une silouhette plus menue, l’absence de « cornes » (apanage des femelles) avec, en lieu et place, une houppette blanche à l’avant de la tête. Reste que, comme Madame, il arbore un flamboyant abdomen brique. Impossible de le manquer en cette saison.

Monsieur Osmie cornue et les muscaris

Plus massive, Madame Osmie cornue : les petites « cornes » faciales sont souvent difficiles à distinguer sur une face entièrement noire.

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Les prunelliers en fleurs

Magie printanière : les haies s’illuminent de blanc. Les premiers butineurs sont à la fête avec les prunelliers en fleurs.

Prunelliers en fleurs : Criorhina ranunculi.

Criorhina ranunculi : un gros syrphe « déguisé » en bourdon.

Si l’éclat jaune de la ficaire est réputé annonciateur du printemps, c’est bien l’explosion blanche des prunelliers en fleurs qui en donne le top départ ! Voilà donc, dans les haies, le premier signe d’abondance pour abeilles sauvages, syrphes et papillons.

Avant même l’apparition des feuilles, la ramure se charge de généreux bouquets de boutons blancs dont l’éclosion s’échelonne durant deux à trois semaines. Aussi petites qu’innombrables, les corolles présentent la configuration typique des prunus, avec cinq pétales blancs arrondis qui s’envoleront au vent sitôt la fécondation. 

Au centre, la source verdâtre de nectar se hérissent d’une quinzaine d’étamines porteuses d’un petit « sac » orangé chargé de pollen. Avec le style dressé au milieu bien-sûr. À son sommet, le stigmate jaunâtre est la pierre angulaire du dispositif. Il suffit qu’un insecte y dépose quelques grains de pollen en passant. Et que les pluies incessantes de cette fin d’hiver laissent un peu de répit aux butineurs.

Dans le cortège des prunelliers en fleurs

Osmie cornue, mâle.

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Andrène stylopisé

Andrène stylopisé sur capitule de pissenlit.

Premières abeilles sauvages, premiers parasites… En témoigne cet Andrène stylopisé, hôte involontaire d’un étrange sqatter pique-assiette.

Andrène stylopisé sur capitule de pissenlit.Comme un onglet roussâtre inséré entre deux plaques abdominales. Cette abeille sauvage – sans doute une femelle Andrène limpide (Andrena nitida) – est mal partie ! Tout juste émergée en fin d’hiver et déjà parasitée… Le Stylops qu’elle héberge désormais ne la quittera plus.

À la fois gîte et garde-mangé, la malheureuse n’y pourra mais. Confortablement encapsulé sur le dos de l’andrène, l’intrus lui pompera les fluides internes. Inexorablement.

Un intrus ou plutôt en l’occurrence une intruse… En effet, alors qu’à maturité les Stylops mâles quittent leur hôte et s’envolent, les femelles y restent accrochées en prenant soin, le moment venu, comme ici, de laisser dépasser leur anatomie la plus affriolante, baignée de phéromones. 

Une fois fécondées, elles pondent et meurent, bientôt dévorées par leur progéniture. Des larves microscopiques qui n’auront de cesse de trouver à leur tour une abeille pour s’y encapsuler. En cette saison, le plus simple est encore de s’embusquer sur un capitule de pissenlit.

Andrène stylopisé sur capitule de pissenlit.

Fourrure rousse thoracique devenue hirsute, abdomen noir luisant mais hérissé d’une pilosité blanche éparse… L’apparence de l’Andrène limpide s’est quelque peu modifiée, effet collatéral du parasitisme.

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