La guêpe des grillons

Sphex gryllivore sur Aster lancéolé.

Une guêpe impressionnante mais inoffensive. Sauf pour les grillons dont, comme son nom l’indique, le Sphex gryllivore nourrit ses larves !

Sphex gryllivore sur Aster lancéolé.Dans l’effervescence de la floraison nouvelle de l’Aster lancéolé, parmi abeilles, syrphes et papillons, voici une grosse guêpe qui n’est pas sans rappeler l’Isodonte mexicaine. À plus d’un titre ! Comme son qualificatif se suggère en effet, le Sphex gryllivore (Sphex funerarius) chasse grillons et sauterelles.

Non pour sa consommation personnelle ! Lui préfère le pollen et le nectar des fleurs. Mais pour ses larves. La femelle creuse un terrier où elle aménage des loges. Puis y traine ses proies anesthésiées avant de pondre un oeuf sur chacune d’elles. 

Cela dit, si le comportement et l’allure générale sont peu ou prou les mêmes, le Sphex gryllivore est nettement plus gros que l’Isodonte mexicaine. Il s’en distingue en outre par un rouge orangé soutenu à l’avant de l’abdomen, des ailes jaunâtres, une forte pilosité blanche sur les côtés du thorax, argentée sur la face. Il s’agit ici d’une femelle, reconnaissable à ses pattes avant et médianes rouges. Celles du mâle sont entièrement noires mais dotées des mêmes solides peignes épineux.

Une précision. Sa taille et son vol bruyant peuvent faire craindre le pire. Mais le Sphex gryllivore est un imperturbable butineur. Inoffensif. À moins d’être un grillon.

Sphex gryllivore sur Aster lancéolé.

Sur l’origan en fleurs mi juillet 2019.

Sur inflorescence de menthe aquatique en septembre 2019.

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Le Criquet égyptien

Criquet égyptien.

Rencontre avec le sudiste et solide Criquet égyptien à l’occasion d’une virée au Pays basque. Solitaire et nullement ravageur.

Criquet égyptien, femelle.Son nom vernaculaire fait immanquablement penser aux nuées ravageuses d’Afrique. Mais rien à voir avec la Huitième plaie d’Égypte ! Le placide Criquet égyptien (Anacridium oegyptium) n’est pas sujet au funeste comportement grégaire de son cousin le Criquet pèlerin par exemple.

Heureusement. Au vu de sa taille respectable (65 mm d’envergure pour la femelle), mieux vaut en effet qu’il reste paisible grignoteur solitaire ! Méditerranéen, il n’est pas (encore) remonté jusque dans le Marais poitevin. Rencontre ici à l’occasion d’une escapade au Pays basque. 

Si la livrée grisâtre est plutôt passe-partout, trois détails retiennent l’attention. D’abord les yeux bien-sûr : les stries verticales brun-rouge leur donnent un étrange regard. Ensuite, trois sillons transversaux marquent profondément le dessus du thorax. Enfin, sur les puissantes pattes postérieures, la face interne des fémurs se pare de rouge orangé. Et le bleu violacé des tibias met d’autant en exergue leurs solides épines blanches pointées de noir.

Du brun rougeâtre au gris en passant par l’ocre : la dominante varie d’un individu l’autre, avec toujours les mêmes rouge orangé et bleu violacé nettement marqués aux pattes arrière.

Criquet égyptien, femelle.

Plus long encore que la Grande sauterelle verte. Mais des antennes relativement courtes et solidement dressées : pas de doute, voilà bien un criquet ! Le plus grand de France métropolitaine.

Les ailes repliées dépassent largement la pointe de l’abdomen.

Criquet égyptien, larve.

En cette fin d’été, les jeunes Criquets égyptiens, déjà de belle taille, présentent leurs yeux striés caractéristiques sur une dominante encore vert clair. Adultes dans quelques semaines, ce sont eux qui passeront l’hiver sous un couvert de feuilles mortes. Quand ils n’entreront pas dans les granges et les maisons !

La Mouche des criquets

Rencontre toujours au Pays basque. La Mouche des criquets (Stomorhina lunata). Face proéminente, yeux rayés, thorax et abdomen marqués d’argent (chez la femelle). Ses larves se développent aux dépends des oeufs de criquets. En Afrique, c’est un des principaux parasites du Criquet pélerin.

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Le Tabac d’Espagne

Tabac d'Espagne, mâle.

Un orange vif et des stries brunes bien marquées aux antérieures pour le mâle.

Jusqu’à 65 mm d’envergure et une lumineuse livrée orangée : le Tabac d’Espagne ne passe pas inaperçu au jardin !

Tabac d'Espagne, revers des ailles.

Une dominante verdâtre assez terne pour le revers des ailes, rehaussée de stries et de marques argentées.

Les entomologistes ont beau être savants, ils n’en sont pas moins humains ! Avec leurs petites faiblesses. En témoigne le Tabac d’Espagne. Son nom scientifique (Argynnis paphia) fait certes doctement référence à la mythologie. À Vénus en particulier. Mais son nom vernaculaire, moins poétique, fait écho à la couleur caractéristique d’un… tabac à priser originaire de Séville, teinté d’ocre local, très en vogue au XVIIIe siècle !

Vif orangé donc. Jusque sur les pattes et les antennes. Même chez la femelle pourtant réputée plus pâle que le mâle. Sur ce fond lumineux, le décor s’organise en lignes successives de marques brunes assez grasses : festons, demi-lunes, pastilles, arabesques… Avec trois fortes stries sombres aux antérieures des seuls mâles.

Les deux sexes présentent des revers semblables. La dominante verdâtre plutôt fade y est rehaussée de larges stries et marques argentées qui rappellent la parenté du Tabac d’Espagne avec les papillons nacrés. Jusqu’à 65 mm d’envergure ! C’est un de nos plus grands papillons de jour, au vol rapide, entrecoupé de spectaculaires vols planés.

Tabac d'Espagne, femelle, sur Menthe aquatique.

Un orange plus terne, sans stries aux antérieures, pour la femelle.

Tabac d'Espagne, femelle, sur feuille de bouton d'or.

Comme souvent chez ses cousins du genre « nacré », les chenilles du Tabac d’Espagne se développent sur différentes espèces de violettes. Cela dit, la femelle ne pond pas directement sur les plantes hôtes. Plus prudemment, elle sélectionne des arbres à proximité immédiate et dépose ses oeufs dans les anfractuosités de l’écorce. Sitôt l’éclosion, en automne, les petites chenilles se tissent un cocon et se mettent en mode hivernage sans même avoir mangé. Elles se réveillent au printemps, affamées, et se mettent en quête de la première violette venue !

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