Les orchidées du jardin

Depuis quelques semaines, les rosettes charnues de l’Orchis bouc pointent le bout de leur nez dans les allées du jardin. Pour les fleurs serpentines, il faudra patienter jusqu’en mai !

Des orchidées sauvages au jardin ? Il suffit de repérer leurs rosettes hivernales et d’en prendre soin jusqu’au printemps.

Rosette de l’Orchis pyramidal.

Début janvier. Qui a dit que le jardin dort en hiver ? Depuis quelques semaines, ici et là, les futures orchidées sauvages commencent à émerger… Oh, pour l’heure, elles ne payent pas de mine ! Des rosettes encore rases, tapies dans les allées, parmi le couvert d’herbes, de mousses et de feuilles mortes.

Rosette de l’Ophrys abeille.

Après une longue somnolence estivale, la douceur humide de décembre a stimulé leur réveil. Mais pas de précipitation ! L’hiver débute à peine. Elles ont encore quatre à cinq mois pour faire le plein d’énergie. Pissenlits, violettes et primevères donneront alors le signal. Elles pourront enfin lâcher la bride à leurs superbes et étonnantes hampes florales.

Au printemps prochain, le jardin accueillera ainsi trois espèces d’orchidées sauvages. Ophrys abeille, Orchis pyramidal et Orchis bouc… En attendant, mieux vaut marquer leur emplacement, avec un simple piquet de bambou planté auprès de chaque rosette. Pour éviter les piétinements et, surtout, le moment venu, les coupes intempestives de la tondeuse !

Petite station d’Ophrys abeille sous haute protection !

Rendez-vous au printemps 

Des petits serpentins par dizaines. D’étonnantes petites fleurs à admirer de près. Leur parfum ? Cette robuste orchidée mérite bien son nom d’Orchis bouc !

Très présent au jardin, l’Orchis pyramidal commence à épanouir ses petites fleurs roses à la base de la pyramide. Ou plutôt du cône ! Avec un long et fin éperon à l’arrière de chaque corolle. Pour mieux tromper les papillons. Ici la petite Carte de géographie.

Aussi délicate que discrète, l’Ophrys abeille peut égrener jusqu’à six ou sept fleurs au long de sa frêle hampe. À défaut de nectar, autant de « sex toys » à l’attention des abeilles sauvages. Particulièrement des Eucères qui y perçoivent les atours et l’odeur d’une femelle !

En savoir plus :

 

La Verveine officinale

Verveine officinale et Cuivré commun.

Jadis sacrée, désormais reléguée au rang de « mauvaise herbe », la Verveine officinale se console en régalant les papillons !

Verveine officinale et Azuré commun.Ni le parfum de la Verveine citronnelle, ni l’éclat aérien de la Verveine de Buenos Aires. Modeste, la Verveine officinale (Verbena officinalis) garde le souvenir de ses ancestrales vertus dans ses multiples noms populaires : Herbe de tous les maux, Guérit-tout, Herbe aux sorcières, Herbe sacrée, Herbe à Vénus… Aujourd’hui reléguée au bords des chemins, elle dresse également ses fines tiges ramifiées dans les parties enherbées du jardin.

Preuve, s’il en était besoin, qu’il n’est pas nécessaire d’être spectaculaire pour séduire les butineurs ! Filiformes, les épis floraux distillent ainsi leurs minuscules coroles au fur et à mesure de leur croissance, du milieu de l’été jusqu’au bout de l’automne. De délicates fleurs tubulées, épanouies en cinq lobes rose violacé, très pâles. Et si le regain du Trèfle blanc accapare les abeilles en ce début d’automne, la Verveine officinale, également stimulée par les pluies de fin d’été, fait le bonheur des papillons. Particulièrement des Azurés et des Cuivrés. Chacun ses goûts.

Verveine officinale et Azuré commun.

L’herbe à tout faire ? Des purifications rituelles aux philtres en passant par les « remèdes » les plus divers. Les feuilles et les sommités florales sous forme de décoctions, d’infusions et même de cataplasmes… On lui en demandait beaucoup jadis, pour soigner cheveux, yeux, foie, migraines, insomnies, troubles urinaires et intestinaux, ulcères de la peau, plaies… Sans oublier l’intercession divine et la conquête des coeurs !

En savoir plus : 

La Chicorée amère

Halicte de la scabieuse sur Chicorée amère.

Une sauvageonne de saison : jadis médicinale et vivrière, la lumineuse Chicorée amère régalent toujours abeilles et syrphes.

Abeille domestique sur Chicorée amère.Reléguée aux bords des chemins, la Chicorée amère (Cichorium intybus) laisse désormais à ses dérivées cultivées le soin d’offrir leurs feuilles en salade ou leurs racines charnues à la torréfaction. Modeste, il lui suffit de fleurir au coeur de l’été. Pourvu qu’il y ait du soleil. Elle est servie ces jours-ci.

Elle piaffait depuis quelques semaines, sous un ciel trop bas, gardant le plus souvent fermés ses lumineux capitules bleus. La voilà enfin libérée. Un feu d’artifice. Aux pointes comme aux aisselles de sa généreuse ramure dégingandée. 

Le matin seulement. Du soleil d’accord mais mieux vaut baisser pavillon l’après-midi sous la canicule ! Rendez-vous demain à la fraîche. Ravis de l’invitation, syrphes et abeilles seront là dès la réouverture. Les stigmates bifides ne tarderont pas alors à se barbouiller de pollen blanc. Une floraison d’autant plus éphémère. Mais de nouveaux boutons fleuris remplacent chaque jour les capitules fanés.

Syrphe porte-plume sur Chicorée amère.

Une quinzaine de fleurons ligulés par capitule et, pour chacun, un faisceau d’étamines accolées, bleu foncé, débordant de pollen; D’où émerge un stigmate bifide. Le but du jeu, c’est que ce dernier reçoive le pollen venu d’une chicorée voisine. Cette fécondation croisée est favorisée par le va et vient incessant des abeilles et des syrphes qui véhiculent le pollen d’un capitule l’autre.

En savoir plus :