L’Aeschne bleue

Bleue ? Vous êtes sûr ? En fait, la dominante de l’Aeschne bleue est… vert-pomme. En harmonie avec le marron. Et simplement quelques touches de bleu.

L'Aeschne bleue.Une des plus grandes libellules du jardin. L’Aeschne bleue (Aeshna cyanea) frise les huit centimètres, dix pour l’envergure des ailes !  Elle sillonne généralement son terrain de chasse d’un vol rapide et sonore, en prenant rarement le temps du repos.

Surtout Monsieur. Un bref bain de soleil ici au bord d’une haie et la chasse reprend de plus belle. Doublement. Aux petits insectes bien-sûr qu’il capture en vol. Mais aussi aux autres mâles, interdits de séjour sur « son » territoire.  Et si les femelles sont les bienvenues, elles font immédiatement et sans grand ménagement l’objet d’une « prise de tête » ! Avant un long accouplement à l’accroche d’une branche.

Le nom d’Aeschne bleue est un trompeur. C’est en effet le jaune vert-pomme et le brun foncé qui dominent. Surtout sur le thorax et la face. Et le bleu est l’apanage du mâle. Encore y est-il limité à une série de taches latérales puis in fine dorsales sur les segments de son abdomen. Mais il est vrai qu’à bien y regarder, il a quelques reflets bleutés au fond des yeux.

Sources :

  • Dijkstra, Schröter et Lewington, 2007, Guide des libellules de France et d’Europe, Delachaux et Niestlé.
  • Eric Prud’homme, 2009, in Libellules du Poitou-Charentes, Éd. Poitou-Charentes nature, Fontaine-le-Comte, pp 176-177.
  • questestcetanimal.com
  • nature22.com
L'Aeschne bleue au repos.

On devrait plutôt l’appeler l’Aschene vert pomme ! Surtout pour la femelle (il s’agit ici d’un mâle) qui a les yeux bruns et n’est pourvue d’aucune tache bleue.

Accouplement quelque peu acrobatique à l’accroche d’une branche. Par définition, les deux sexes sont ici rassemblés et facilement identifiables : trois couleurs pour la femelle (vert-pomme, marron, noir) et quatre pour le mâle (les mêmes plus le bleu-ciel).

À ne pas confondre avec l’Aeschne affine qui aurait davantage mérité le qualificatif de « bleue » !

 

Quelques syrphes du jardin

Taille, couleurs, silhouette : les Syrphes sont très divers. Parmi les meilleurs auxiliaires du jardin. Et pas seulement pour leur qualité de pollinisateurs.

Le vol stationnaire, une spécialité des syrphes.

Les syrphes se distinguent notamment par leur grande faculté au vol stationnaire. Ici le Syrphe ceinturé.

On les prend parfois pour des guêpes mais ils n’en ont pas la taille. Dans tous les sens du terme. Souvent beaucoup plus petits, sans étranglement marqué entre thorax et abdomen, les syrphes n’ont finalement pas grand chose de commun avec les guêpes. Sinon parfois les rayures. Encore que leurs couleurs et leurs configurations diffèrent fortement d’une espèce l’autre. Et certains se donnent même des allures de bourdons.

Ils appartiennent tous à la grande famille des mouches. Avec deux très courtes antennes et des yeux énormes qui leur « mangent » presque toute la tête.

Butineurs et pollinisateurs très actifs, tous les syrphes sont les bienvenus au jardin. Sans crainte d’être piqué puisqu’ils n’ont pas de dard. Leur progéniture est sans doute plus précieuse encore : des petites larves qui, avec celles des coccinelles, comptent parmi les « syphonneuses » de pucerons les plus efficaces !

Et quelques proches parents

Au-delà des syrphes proprement-dits, quelques proches parents sont également familiers du jardin. Les Éristales et les Hélophiles par exemple. Leurs larves – les fameux « vers à queue de rat » – ne siphonnant pas les pucerons mais se développent dans les eaux stagnantes qu’elles contribuent à épurer.

Une mention spéciale pour la petite Rhingie champêtre, alias le Syrphe à long nez, dont les larves trouvent leur ordinaire dans les bouses de vache. Elle est reconnaissable entre toutes par son rostre qui lui fait comme un nez à la Cyrano !

En savoir plus :

Galerie de portraits

Un syrphe singulier sans nom vernaculaire. Ceriana conopsoides se distingue notamment à ses antennes en forme de Y. Ses larves apprécient les matières organiques accumulées dans les cavités des vieux arbres.

Belle constance pour le petit Meliscaeva auricollis, présent au jardin de février à décembre !

Syrphe des corolles en quête de pucerons sur une jeune pousse de rosier.

Le Syrphe des fourmilières. Un bel auxiliaire au jardin. Ses larves se régalent de pucerons piqueurs-suceurs de racines dont certaines fourmis font un élevage souterrain.

Le Syrphe du groseillier. Ses larves sont comme des petites sangsues avides de pucerons.

Le Syrphe à rayures blanches. Comme son nom l’indique !

On l’entend venir de loin. Comme le Bourdon des champs dont le Syrphe des narcisses imite assez bien la fourrure, rousse et gris fauve.

Un des plus petits syrphes du jardin : le Syrphe porte-plume.

Le dessin du dernier segment abdominal du Syrphe porte-plume évoque une « plume sergent-major ». Tachée de brun rougeâtre comme au sortir d’un encrier.

Autre Syrphe porte-plume en vol stationnaire à l’approche des fleurs de la Vesce commune.

Le Syrphe pyrastre, autrement appelé Syrphe du poirier ou Syrphe à croissants.

Dans la série des syrphes « déguisés » en guêpe, les chrysotoxes sont particulièrement bien réussis.

Une allure de guêpe également pour un autre bel auxiliaire du potager : les larves du Chrysotoxe prudent y font la chasse aux pucerons des racines !

Reflets dorés sur les ailes et les pattes, bronze éclatant au thorax, anneau d’or sur l’abdomen : l’Épistrophe eligans, un petit bijou de mouche !

La confrérie des syrphes réserve quelques étranges surprises : ici la Rhingie champêtre et son drôle de « bec » qui abrite le fourreau de sa longue langue.

Pas de dard, pas de piqure ! Mais un look impressionnant pour la paisible Milésie faux-frelon.

Les cousins éristales

Éristale opiniâtre sur inflorescence de crépis.

Cousins des syrphes, les Éristales sont d’excellents butineurs. Ici l’Éristale opiniâtre

… et son alter égo l’Éristale tenace, en automne sur une inflorescence de lierre.

L’Éristale brouillé, un gros syrphe déguisé en bourdon. Ici une femelle, thorax brun-roux et « cul blanc ».

Un autre proche parent des syrphes, l’Hélophile à bandes grises, inféodé aux zones humides. Ses larves ne chassent pas les pucerons mais contribuent à l’épuration des eaux stagnantes.

Ici sur le mirabellier en fleurs, l’Hélophile suspendu, ainsi qualifié à raison de ses longs vols stationnaires.

Et sa cousine, l’Éristale des fleurs, une belle mouche butineuse noire et jaune d’or.

Deux autres cousines : l’Eristale des arbustes et son « sablier » à l’avant de l’abdomen…

… et l’Héristale horticole, les ailes hyalines marquées d’une ligne sinueuse rousse.

Sans oublier les Éristales interrompus et leur étrange parade nuptiale.

La couleuvre d’Esculape

Couleuvre d'Esculape

Pas de panique ! Voilà sans doute un des reptiles les plus paisibles qui soient. La Couleuvre d’Esculape est une habituée du jardin. Tant mieux.

Couleuvre d'EsculapeUn bon mètre cinquante ! Glissant mollement entre pieds de tomate et de courgette, ventre jaune et dos vert olive, la Couleuvre d’Esculape (Zamenis longissimus) n’est même plus surprise lorsqu’elle croise le jardinier. Habituée aux rencontres, elle n’en préfère pas moins s’esquiver. En prenant son temps. Elle file alors vers la haie la plus proche. Ou vers le tas de bois, un de ses refuges favoris.

Moins fréquente dans le Marais Poitevin que ses cousines à collier ou verte-et-jaune, elle n’y est pas moins discrètement présente, notamment aux abords des villages du niortais dont elle fréquente volontiers les jardins. Elle y est la bienvenue. Car avec une telle visiteuse, les campagnols du potager n’ont qu’à bien se tenir !

Sources : 

Couleuvre d'Esculape

Museau rond, tête dans la continuité du corps sans cou nettement marqué, couleur uniforme brun olivâtre dessus, plus jaune dessous : la Couleuvre d’Esculape passe facilement inaperçue dans l’herbe ou le paillage du jardin.

Outre le couvert des haies, la Couleuvre d’Esculape apprécie la sécurité du tas de bois dans un coin du jardin… En chasse tout l’été, elle ne se contente pas des rongeurs du jardin. Agile arboricole, elle visite aussi, hélas, les nids de merle ou de grive musicienne.